La contrebande (mercredi, 13 avril 2016)
Ancienne borne frontalière à Monniaz
En patois savoyard, le mot contrebande se dit kõtrebãda.
Voici un récit en patois (phonétique) qui rappelle l'importance de cette activité en Chablais, avant le rattachement de la Savoie à la France en 1860.
Kã õ nètè sorde, le taba pwé süto la so z ètyã ro è shér partye. luz om alovã tó n ã kri sü swis, lè pè Munya. i modovã a tõbo de né, a pi déshó, mã õ n alove prœ ã sé tã, i trakwovã lu bwè, i lyœ falè dawe z œre de tã pèr arvo lé. Õ yozhe a munya, i mzhivã na golo, i se fachã na shérde de so, de mtõ, s ü be de taba plèya dyã dé kornè ã papi rozhe, pwé tlé lu amo to de né, awé lœ toka ; mé adã, i falè brove se vèlyi lu gablu! wè, lu gablu lyœ prènyivã apré, i se pustovã yó pè lu bwè ; pwé kã i povyã luz akroshi, i lyœ prènyivã lœ shérde, dé yozhe ky avè, i chegivã jüsk dyã lé mèzõ.
Tó nütru devãnti sã prœ zü alo dese kri de la marchãdi ã kõtrebãda. kã õ n a zü ito frãsé, ã swosãta, y è myo alo ; le taba, la so, pwé asben le sokre, le kofé z ètyã mwe shér, i ne kutovã mimamã po atã k a l entèryœr, a kóza de la zóna. lu vyo d ora kreyã ben dé yozhe apré lœ ke no l ã duto, la zóna.
Traduction en français :
Quand on était sardes, le tabac et surtout le sel étaient rares et chers par ici. Les hommes allaient tous (n)'en chercher sur Suisse, par Monniaz. Ils partaient à tombée de nuit, à pieds nus, comme on allait assez en ce temps là. Ils traversaient les bois, il leur fallait deux heures de temps pour arriver là-bas. Une fois à Monniaz, ils mangeaient une bouchée, ils se faisaient une charge de sel, de tabac en corde ou bien de tabac plié dans des cornets en papier rouge. Puis les voilà en haut tout de nuit, avec leur sac sur le dos ; mais alors il fallait joliment se veiller les gabelous! Oui, les gabelous leur prenaient après, ils se postaient en haut par les bois ; et quand ils pouvaient les accrocher, ils leur prenaient leur charge. Des fois qu'il y avait, ils suivaient jusque dans les maisons.
Tous nos devanciers sont assez eu allés ainsi chercher de la marchandise en contrebande. Quand on a eu été français, en soixante, c'est mieux allé; le tabac, le sel, et aussi le sucre, le café étaient moins chers ; ils ne coûtaient mêmement pas autant qu'à l'intérieur, à cause de la zone. Les vieux d'à présent crient bien des fois après ceux qui nous l'ont enlevée, la zone.
Dictionnaire Le Patois de Saxel ( Éditions Les Belles-Lettres, 1969)
22:19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |