mercredi, 27 novembre 2013
Gilbert et Bernard Lacroix, deux frères musiciens
Photographie JN Bart
Déjà juillet
Déjà juillet sous ma fenêtre
Pour me narguer compte les jours
Il est grand temps que je regrette
Dieu que ça donne le cœur lourd!
C'est mes cheveux, c'est ma jeunesse
De traîne la vie, de crève l'amour
Qui partent sans laisser d'adresse
Déjà juillet compte mes jours.
La bise est forte, le vent tonne
Déjà on enterre l'été
Le charme porte la couronne
Le chêne roux porte le dais.
Le sentier des folles promesses
Nous le prendrons si tu le veux
Nous écrirons notre jeunesse
Sur l'arbre de nos jours heureux.
Viens, puisque l'été nous rassemble
L'automne bientôt reviendra
Profitons des beaux jours ensemble
Car Dieu sait le temps qu'il fera
Quand le vent poussera ma porte
Nous serons là, tous deux pensant
Aux souvenirs des saisons mortes (ou "amours mortes")*
Où sont donc les neiges d'antan? ( ou "mais où sont les neiges d'antan?")*
Bernard Lacroix.
* Variantes de Gilbert Lacroix (1931-1996)
*
Ce poème écrit par Bernard fut mis en musique, dans les années 50, par son frère Gilbert qui le modifiait selon ses humeurs.
Chanteur, compositeur, guitariste, Gilbert composait aussi ses propres chansons, telle Les Croix qui résonnait comme une prière, dont il ne nous reste, hélas, que très peu d'enregistrements. Ceux qui l'ont connu se souviennent de sa belle voix de ténor...
Á Lyon, où il vécut à partir des années 60, il fut chef de chœur d'une chorale tout en poursuivant une carrière de chanteur et guitariste amateur.
Dans les années 50, les deux frères avaient formé un groupe musical avec Gilbert à la guitare, Bernard au piano et d'autres musiciens selon les occasions.
Ces deux frères musiciens appartiennent à la génération des appelés en Algérie. Le deuxième quatrain de Déjà juillet y fait allusion : une jaunisse, suite au choc provoqué par les horreurs de la guerre dont il avait été témoin en tant que photographe au bureau de renseignement de l'armée française, fit perdre à Bernard tous ses cheveux blonds en l'espace de quelques jours. C'est pourquoi pendant longtemps, lui qui était auparavant frisé comme un mouton astrakan, signa ses peintures Le Chausve.
EBM
00:13 Publié dans Bernard Lacroix, musicien, L'œuvre poétique de Bernard Lacroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
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