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dimanche, 24 décembre 2017

Noël

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Frères Le Nain (XVIIe siècle), Nativité

 

 

 

 

 

 

 

Rappel:

Noël ou le mystère de l'Incarnation dans la poésie de Bernard Lacroix

Minuit à Bethléem

L'Ange de Noël

 

 

Voici venue...

 

 

Voici venue joyeuse veille

De la naissance de Jésus.

Dans les chemins tournant ma vielle,

Je vais vous la chanter dessus :

 

Holà nos gens! Fermiers! Bourgeois!

Ventres garnis! Bonnes figures!

Jetez vos beaux habits de soie

Et filles folles vos parures!

 

Par grande nuit, grande gèlure,

Le bel enfant, le fils du Roi,

N'avait ni drap, ni couverture,

Pour réchauffer ses petits doigts.

 

 

Bernard Lacroix, Au Vent Mûrieux

 

 

 

Joyeux Noël à tous!

samedi, 24 décembre 2016

L'Ange de Noël

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Charles Le Brun, Nativité (XVIIe siècle)

 

 

 

 

 

Rappel:

 

Noël ou le mystère de l'Incarnation dans la poésie de Bernard Lacroix

Minuit à Bethléem

 

 

 

Relevant ses draps de grège

Sur sa tête de hibou :

" Ah comme il fait bon chez nous!"

Disait Jean par grande neige.

 

Soudain, depuis la courette

Une douce voix pleura :

"Permettez que je m'arrête

Pour goûter à ce feu là."

 

"N'aime pas les gueux qui traînent!"

Cria Jean à grosse voix,

"Que les quatre vents t'emmènent,

Et te perdent dans les bois."

 

Pas un berger, pas un pâtre,

À l'ange transi de froid,

Ne laissa un coin de l'âtre

Pour s'y réchauffer les doigts.

 

Au chaud dans leurs draps de toile :

Tous les bergers ce soir là!

Dans les cieux la belle étoile

Ne brilla que pour les chats.

 

Depuis, on dit à la ronde :

"Sans les Jean et autres fous,

Jésus le sauveur du monde

Aurait pu naître chez nous!"

 

 

Bernard Lacroix, Au vent mûrieux

 

 

Joyeux Noël à tous!

 

 

 

 

jeudi, 24 décembre 2015

Minuit à Bethléem

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Frederico Barocci, Nativité (1597)

 

 

 

 

Rappel :

Noël ou le mystère de l'Incarnation dans la poésie de Bernard Lacroix

Noël autrefois, en Chablais

Les yeux des tarines, conte de Noël

Pour Noël, la recette des rissoles chablaisiennes

 

 

*

 

 

Bernard Lacroix aimait Noël comme en témoignent les nombreux textes publiés sur ce blog, où nous retrouvons l'enchantement des Noëls d'autrefois et surtout la signification profonde de cette fête chrétienne. Il a vécu son dernier Noël, en décembre 2014, près de la crèche qu'il avait installée dans sa chambre, à la maison de retraite, que Claude Detraz évoque ici .

Nous sommes loin d'avoir publié tous les poèmes de Bernard sur le thème de Noël, il en reste pour les années à venir! Voici celui de 2015.

 

 

*

 

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on n'avait jamais vu

Une maman si jolie.

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on ne verrait jamais

Si jolie maman pleurer.

 

 

Bernard Lacroix, Au vent mûrieux

 

 

Joyeux Noël à tous!

mardi, 24 décembre 2013

Noël ou le mystère de l'Incarnation dans la poésie de Bernard Lacroix

 

Nouveau-ne_billboard.jpg

Georges de La Tour, Le Nouveau-Né

 

 

 

 

 

Joyeux Noël à tous!

 

***

 

Rappel. Sur l'œuvre poétique de Bernard Lacroix:

 

Armand Robin, Bernard Lacroix, poètes anarchistes de la grâce

Ombre et Lumière

 

Poèmes sur le thème de Noël publiés ici:

 

Noël Savoyard

Noël

Le Noël des animaux

Noël

Bel Enfant

Bel Enfant,2

Noël

Solstice d'hiver

Puer natus est

 

 

*

 

" Les choses sont ainsi faites :

C'est en pleurant

Que l'homme découvre le monde."

 

Bernard Lacroix, Puer natus est.

 

 

Dans sa simplicité, ou plutôt son humilité, profondément ancrée dans une ancienne sagesse populaire, la poésie de Bernard Lacroix  demeure une parole énigmatique qui préserve le secret des mystères chrétiens, et nous fait sentir que toute notre science ne saurait venir à bout de ce que Roberto Calasso nomme "les choses ultimes" de la condition humaine : l'irréversibilité du temps, la faim, la mort, la désidérabilité (1). Concentrée, elliptique, cette poésie revient toujours aux mêmes grands thèmes universels afférents à ces "choses ultimes", les saisons, la nature dans toute sa dimension cosmique, la naissance, la mort, l'abandon, pour ne citer qu'eux. Chez ce poète profondément catholique, Noël occupe une place à part. Á notre connaissance, c'est le seul évènement du cycle liturgique chrétien évoqué dans ses poèmes, comme si le mystère de l'Incarnation constituait pour cet homme du Verbe qui est aussi homme de la matière et de la chair, peintre et sculpteur, le cœur de la Révélation : la Passion et la Résurrection sont déjà là, dans la naissance du Fils de l'Homme.

Puisque Dieu s'est fait homme, que le Verbe s'est fait chair, le poète Lui demande, comme nous l'avons vu, de descendre dans ses propres mots. Dans Noël chablaisien, ce sont ceux de l'enfance, patronymes, sobriquets en patois savoyard, légende racontée par la grand-mère :

"Jésus-Christ est né à Vougnan

dit ma grand-mère

En l'an mille, mille huit cent,

...Avant la guerre."

 Le lecteur trop pressé ou trop cartésien ne verra, dans la litanie des noms et les savoureux anachronismes, qu'un reste de superstition populaire teinté de chauvinisme, alors qu'en jouant sur les sonorités de la langue des humbles le poète dépose son offrande musicale aux pieds du Bel Enfant, actualisant le geste des bergers et des mages. Ce poème témoigne de l'intimité populaire avec le mystère de l'Incarnation telle qu'elle a pu s'exprimer dans la tradition de la Pastorale, toujours vivante en Provence. La naissance de l'Enfant Jésus a eu lieu une seule fois pour l'éternité, elle a donc lieu ici et maintenant, dans ce village, communauté spirituelle hors du temps, où tous viennent Lui rendre hommage, gens du peuple et leurs chers saints savoyards, François de Sales et Guérin. Dans ce contexte, l'auteur rend aussi un hommage plein d'humour et de tendresse à la foi naïve de sa grand-mère. Ce qu'elle a retenu du mystère, c'est que Jésus, s'il s'est fait homme, n'est pas un personnage révolu de l'antiquité, Gaulois, Juif ou Berbère, mais qu' Il s'est fait Savoyard, un homme vivant où qu'il soit dans le monde, fût-ce dans un modeste village du Chablais.

Le Christ, Verbe incarné, prend sur Lui la condition humaine dans sa totalité, Il prend sur Lui "les choses ultimes", sources premières du péché et du malheur, non pour le Salut de l'humanité mais pour le Salut de chaque être humain, chaque être humain étant unique. Si Noël annonce la Résurrection, scandale pour les grecs et folie pour les païens selon l'apôtre Paul, il annonce en même temps la Passion, le sacrifice du Fils pour racheter les hommes, ce qu'ont su représenter, autrement dit incarner, les grands peintres imprégnés de ces mystères. Ainsi Fra Angelico représente l'Enfant nu, couché à même le sol de l'étable, symbole de la condition humaine dans toute sa misère, sa vulnérabilité. Dans Le Nouveau-Né de Georges de La Tour, "la lumière de la chandelle est masquée derrière la main levée. Elle hésite entre bénir ou protéger la flamme et se concentre sur l'énigme d'un minuscule homme ligoté de bandelettes qui sera un jour mort. [...] On ne sait si c'est un enfant ou Jésus. Ou plutôt : tout enfant est Jésus. Toute femme qui se penche sur son enfant nouveau-né est Marie qui veille sur un fils qui va mourir.[...] Le titre ancien était Les Veilleuses ou L'enfant mort. On ne sait si c'est un petit mort ou Dieu. [...] La mère, les yeux baissés, ne regarde pas l'enfant mais contemple quelque chose qui est plus loin que le corps qu'elle tient. Si c'est Marie, elle contemple au loin la Passion" écrit Pascal Quignard.(2) On retrouve une telle vision dans deux poèmes intitulés Bel Enfant et dans Le Noël des animaux de Bernard Lacroix. Á l'horizon de l'étable, se dresse la Croix car malgré la ferveur  des bergers adorant l'Enfant représentés par Georges de La Tour, malgré la ferveur des rois mages suivant l'étoile, il faudra cette Croix pour les sauver du péché originel, du mal, du malheur, de la mort:

Bel enfant, il faut bien que tu saches :

C'est une croix qu'ils cachent,

Une, puis deux, des tas...

Tant que la ronde est ronde

Toutes les croix du monde

Les voilà!

Dans le second Bel Enfant qui tient de la confession, le poète, dont le patronyme, Lacroix, ne saurait mentir, se reconnaît comme pécheur. Si nous actualisons l'adoration des bergers et des mages à chacune de nos prières, nous crucifions le Christ à chacun de nos péchés :

Je te clouerai sur le bois que je te prépare en douce

Jusqu'à ce que le sang jaillisse de tes mains

adorables.

Le Noël des animaux quant à lui, en évoquant le sacrifice et la Passion, rejoint la mystique franciscaine. Comme François d'Assise, Bernard Lacroix considère les animaux comme ses frères,eux aussi créatures de Dieu quoique d'une autre espèce, innocente du péché originel. Des autels antiques aux laboratoires scientifiques actuels, ils ont toujours été sacrifiés, c'est pourquoi:

Jésus, en naissant dans une étable

A voulu d'abord libérer les animaux

De la férocité des hommes

Et des dieux cruels.

D'un Noël à l'autre, le point de vue change. Dans Le Noël des animaux, le poète est le prophète qui entrevoit, à l'horizon de l'étable, le drame de la Croix:

On voit dans le lointain

Devant l'horizon en feu

Une forme prémonitoire

Une arbre mutilé

Qui ressemble à une croix.

Et dans un autre Noël, il s'identifie à ce même horizon, dans une image saisissante:

Je suis

En ce soir malmené de décembre :

L'horizon blessé

Sanglant

Exsangue

Et puis serein.

Horizon, mutilation, blessure, feu, sang : comme toujours, Bernard Lacroix retient les mots et ceux qu'il nous donne, dans leur incommensurable pouvoir d'évocation, préservent le mystère de la Passion lié à celui de l'Incarnation, mystères inépuisables de l'Alliance entre Dieu et les hommes.  L'homme sans Dieu ne viendra jamais à bout des choses ultimes, l'homme sans Dieu est condamné à l'errance dans la désespérance ou pire, selon les mots de Heidegger, à "la détresse de l'absence de détresse", à la fuite dans un perpétuel et vain divertissement, puisque cet homme sans Dieu est impuissant face à l'irréversibilité du temps comme le dit ce Noël :

Le temps qui passe abîme

Fleurs et âmes

Et Dieu sait combien

Le corps aussi.

Je me suis accroché à la vie

Mais la branche perfide a cassé.

 

Et pourtant

Je sais que ma jeunesse est là

Tout près

Mais elle me tourne le dos

Comme les bergers et les mages.

 

Mais les mystères de l'Incarnation et de la Passion contiennent celui de la Résurrection. L'évènement de la naissance est enveloppé par la mort, la nuit des choses ultimes, les ténèbres, ce que nous rappelle le splendide incipit de l'Évangile de Jean : " Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. [...] Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas reçue". La naissance de l'Enfant est incarnation du Verbe au sein des ténèbres, c'est la nuit des choses ultimes qui engendre l'Espérance ce que la poète a saisi dans la fulgurance de ce Noël :

Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit,

Mère abusive de l'ombre,

A enfanté la lumière!

La bonne Nouvelle apportée par l'Enfant appelé à mourir sur la Croix est celle de sa Résurrection, et pour nous, hommes et pécheurs, l'Espérance de la Résurrection, cette indéfectible "petite sœur Espérance", comme l'appelait Charles Péguy, qui précède l'amour. La promesse de l'Enfant, victoire sur les choses ultimes, ouvre un autre horizon derrière l'horizon de la Croix : celui de l'innocence retrouvée.

On ne peut naître mais

On peut mourir

innocent

écrivait Cristina Campo(3). De même, les Noëls de Bernard Lacroix, au delà de la vision du mal et de la mort, déploient des icônes empreintes de sérénité et de joie :

Dans le temps

Suspendu un instant tel un flocon de neige

 

Il y a

Des visages, des sourires, des  mots, des chants...

 

Il y a

Des sommets ourlés d'étoiles

Des chemins bleus

Des maisons en coiffe du dimanche

Des lointains transparents comme des regards tout neufs...

 

Les Noëls de Bernard Lacroix, c'est le Verbe descendu dans ses mots qui lui redonne son regard d'enfant.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

Notes :

(1) Roberto Calasso, La ruine de Kasch, ( Éditions Gallimard, coll. Folio, 2002) p. 218.

(2)Pascal Quignard, Georges de La Tour,  ( Éditions Flohic, 1991) pp. 48 et 52.

(3) Cristina Campo, Missa Romana in Le Tigre Absence ( Éditions Arfuyen, 1996) p. 55.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi, 28 novembre 2013

Le Noël des animaux

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Marc Chagall, Nativité





En ce temps-là

L'enfant Dieu

L'enfant Roi nouveau né

A voulu pour sa gloire :

 

Un âne commun

Peut-être un rat dans un coin

Des agneaux fragiles

Des chèvres primesautières

Des poules affairées...

 

Un instant posés

Reposés

Devant le miracle achevé

 

Depuis le temps

Que leur sang coule

Pour des cultes abominables :

 

Des vaches

Tendant presque tendrement leur cou

A des lames implacables

Des poulets égorgés à coups de dents

Des chiens, des chats, des lapins, des singes...

Torturés, dépecés savamment

Au nom de la science !

 

Jésus, en naissant dans une étable

A voulu d'abord libérer les animaux

De la férocité des hommes

Et des dieux cruels.

 

Et pourtant

Lui-même n'y échappera pas :

On voit dans le lointain

Devant l'horizon en feu

Une forme prémonitoire :

Un arbre mutilé

Qui ressemble à une croix

 

Bernard Lacroix, Redoux

dimanche, 06 janvier 2013

Epiphanie. Puer natus est.

 

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Fra Angelico, L'Adoration des Mages



En ce jour de l'Épiphanie, ce poème de Bernard Lacroix que j'avais omis dans son ensemble de Noëls ( où désormais il a retrouvé place). EBM.


Puer natus est


Dans la paix tiède de l'étable

Bêtes et gens se sont tus.

Le silence écoute le silence.

L'obscurité tend l'oreille à la nuit.


Le temps s'est installé

Bien au chaud

Pour quelques heures sans histoires.

Le sommeil exorcise

L'attente inquiète du jour.


Les pleurs d'un nouveau-né

Viennent

Tout à coup,

Importuner la nocturne routine.

Les choses sont ainsi faites :

C'est en pleurant

Que l'homme découvre le monde.

Le rire viendra plus tard,

Plus tard aussi,

Le regard enfin rassuré et confiant.


On posera l'enfant

Sur un petit tas de paille fraîche

Et le silence

Á ce moment là,

Saura ce qu'il veut dire.


J'ai pleuré ma vie

Moi aussi

En son temps

Et ne suis vraiment né

Que devant le sourire de ma mère!


Bernard Lacroix, Cahiers du musée n°9.



lundi, 24 décembre 2012

Solstice d'hiver

 

solstice d'hiver.jpg




Autrefois, en Savoie, le soir de Noël, on remettait les cloches aux vaches.

Dans des temps pas si anciens que mes Anciens ont eux-mêmes connus, la tradition voulait que la nuit de Noël, on sorte les vaches à minuit, après la messe, pour leur faire boire "l'eau fleurie" au bassin.

Le terme "eau fleurie" témoigne de notre appartenance au monde celtique:

pour avoir moi-même partagé cinq années de ma vie avec nos frères d'Irlande,

je peux attester de l'importance qui a toujours été donnée à l'eau, et reconnaître

dans le terme utilisé, l'ancienne connaissance qui nous unit. Le terme de Puits Sacré ne vous dira peut-être

rien en langue gaelique, mais il suffit, par ce poème, de

garder en mémoire tout ce qui nous lie encore

aux Anciens.


Jean-Michel Lacroix


*

 

Les vaches,

 

Que d'aucuns croient stupides,

Témoignent ce soir-là

Du solstice de toutes les promesses:

 

Elles boivent "l'eau fleurie",

Elles paissent l'herbe de mémoire,

Elles ruminent les pollens engrangés.

 

Là-haut, pour une nuit,

La source n'est plus orpheline,

Les roches appellent les toisons errantes,

La cendre sous le chaudron imagine le feu nouveau.

Dans les sentiers, des bruits familiers s'inventent...

 

Les cloches tintent au plus profond des étables.

 

Dehors,

Il y a désormais une étoile entre Dieu et les hommes:

L'été vient de naître.

 

Bernard Dominique Lacroix



 


jeudi, 20 décembre 2012

Noël

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Photographie Juan Asensio




Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit,

Délaissant pour un instant

La peur et la mort,

La guerre et le crime,

Le vice et la misère...


Une seule fois

Une seule

Dans l'histoire du monde

La nuit,

Mère abusive de l'ombre,

A enfanté de la lumière!


Bernard Lacroix



Poème envoyé par Bernard Lacroix à la famille Mermin lors du décès de Henri Mermin, Noël 1994.

mardi, 18 décembre 2012

Bel enfant, 2

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Fra Angelico, Nativité



Bel enfant,


Je vais te faire une place,

Une toute petite place

Dans l'étable nauséabonde de ma vie.

Un petit coin où je pourrai te cacher

Bien au chaud au creux de mes mensonges?


J'essaierai de t'y garder le plus longtemps possible

Et si, par malheur, tu décidais de t'enfuir,

Je te clouerai sur le bois que je te prépare en douce

Jusqu'à ce que le sang jaillisse de tes mains adorables.

Alors,

Je me ferai un bonheur avec ton souvenir.


Bernard Lacroix, Reflets oubliés




dimanche, 16 décembre 2012

Bel enfant...

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Georges de La Tour, L'adoration des bergers




Bel enfant qui souris dans tes langes

N'écoute pas les anges

Te chanter : " Gloria,

Roi de toute la Terre!"

Roi de toutes les misères

Tu seras!


Bel enfant, Mages et bergers s'assemblent,

Ils vont venir ensemble:

Prends garde! Ces gens là

Qui se disent des frères,

Feront pleurer ta mère,

Tu verras!


Bel enfant, il faut bien que tu saches :

C'est une croix qu'ils cachent,

Une, puis deux, des tas...

Tant que la ronde est ronde

Toutes les croix du monde

Les voilà!


Bernard Lacroix, Petites choses d'hiver