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lundi, 06 octobre 2014

Journée d'études autour de saint Pierre Favre

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Saint Pierre Favre, premier prêtre jésuite

 

 

 

 

 

L'Académie salésienne s'est associée au diocèse d'Annecy et aux Amis du Val de Thônes pour organiser une journée d'études autour de saint Pierre Favre :

 

Samedi 29 novembre 2014, au lycée Saint-Michel à Annecy, de 9h à 18h.

 

Elle s'intitule "Pierre Favre, saint pour l'Europe et pour laHaute-Savoie" et permettra, à travers quelques conférences, d'évoquer l'histoire et la spiritualité de Pierre Favre (1506-1546) ainsi que l'actualité de l'ordre des Jésuites dont il fut le cofondateur.

Vous trouverez tous les détails pratiques ainsi que le programme de cette journée ici.

Venez nombreux! Invitez vos amis!

 

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Saint Pierre Favre, né le 13 avril 1506 au Villaret (Saint-Jean-de-Sixt) dans le duché de Savoie, et décédé le 1er août 1546 à Rome, est un prêtre jésuite savoyard, ami d'Ignace de Loyola et cofondateur de la Compagnie de Jésus dont il fut le tout premier prêtre. Reconnu "Bienheureux", il est béatifié par Pie IX en 1872, puis canonisé par le pape François le 17 décembre 2013.

Liturgiquement, il est commémoré le 1er août, jour anniversaire de sa mort.

 

 

 

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samedi, 26 juillet 2014

Un Savoyard à Vienne

 

eugène de savoie

Portrait du Prince Eugène de Savoie (1663-1736)

 

 

 

 

La maman du petit homme... Cette complainte, la mère d'Eugène de Savoie aurait pu la chanter à son fils, refusé par l'armée française pour cause de sa petite taille.

 

Grave erreur! Embauché par le roi Léopold 1er d'Autriche qui n'avait pas les mêmes exigences, ce stratège génial est devenu, peut-être, le héros le plus populaire de Vienne... et un adversaire acharné de la France. Après avoir combattu glorieusement Louis XIV à Malplaquet ( 1709), il se consacra à la lutte contre les ennemis héréditaires des Viennois, ceux qui hantent les subconscients et font peur aux enfants, les Turcs. Et notre compatriote passe pour les avoir repoussés très loin des frontières (Belgrade), leur avoir enlevé la Hongrie et le goût de revenir.

 

Á Budapest, dans son château avancé sur la colline, l'impératrice Marie-Thérèse lui fit élever une statue posthume. Á cheval, dressé sur ses étriers, il pointe son épée vers l'Orient. Á Vienne, il partage la très célèbre Helden Platz (place des héros) avec un collègue de sang royal.

 

Il reçut le titre de Prince: Prinz Eugen, et des rues, des places, des restaurants... portent son nom.

 

Il devint aussi conseiller éclairé de trois rois successifs. Comme il disposait d'une énorme fortune et qu'il avait très bon goût, il fit construire de magnifiques résidences d'hiver, d'été, en ville, dans les faubourgs, à la campagne... Toutes sont splendides. Mais le Belvédère en particulier ( Vienne, IVe arrondissement) est considéré comme le plus beau palais baroque d'Europe. On dit qu'Eugène de Savoie n'aimait pas les femmes. Il n'avait pas de famille, sauf un neveu mort à Vienne et pour la mort duquel il eut l'idée très savoyarde de fonder un couvent de Visitandines, qui renferme une des plus jolies cours intérieures de la ville : fronton avec fresques et fontaines.

 

On comprend que cet homme soit cher au cœur des Viennois. Sans parler des batailles qu'il a gagnées, de la paix qu'il a ramenée, du prestige international qu'il a donné à l'Autriche ( Vienna Gloriosa), il a investi toute sa fortune sur place et avec talent, dotant la ville de monuments remarquables.

En outre, comme il est mort sans descendance, l'État a retrouvé ses billes sans problème!

 

Ce qu'on se demande, c'est pourquoi, un siècle plus tard, on n'a pas fait les mêmes difficultés pour enrôler dans l'armée française un certain Napoléon Bonaparte qui ne devait pas être beaucoup plus grand. Le premier a été une bénédiction pour l'Autriche, l'autre un fléau. Bizarreries de l'Histoire...

 

 

Marie-Christine Ory-Lacroix, Les cahiers du musée n°8 

 

 

 

 

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Le palais du Belvédère à Vienne

 

jeudi, 15 mai 2014

La civilisation préromaine en Haute-Savoie

 

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Il s'agit de donner un aperçu historique et ethnographique de la Haute-Savoie avant la romanisation, période souvent méconnue et pourtant essentielle à la compréhension de cette région. Notons aussi que l'évolution historique de cette contrée dépend pour beaucoup de sa géographie et de ses caractéristiques topographiques.

Avant les migrations celtes, le sud-est de la Gaule est occupé par une population homogène, les Ligures. D'origine ethnique et linguistique méditerranéenne comme les Ibères dans le Languedoc et en Catalogne et les Italiotes dans la plaine du Pô, les Ligures font partie d'une culture autochtone dérivée de la civilisation agricole et pastorale des temps néolithique, chalcolithique et de l'âge du bronze.

L'arrivée des Celtes, venus de l'est à partir du VIe siècle avant J.-C., ne correspond pas à une rupture brutale mais au contraire à une véritable entente entre ces deux cultures. D'après Strabon, les Celtes et les Ligures partagent le même mode de vie. En l'occurrence, ce sont les Celtes qui vivent comme les Ligures et non l'inverse, preuve de la permanence et de la force des traditions indigènes ( la grande masse de la population étant d'ailleurs constituée de Ligures). Après avoir cohabité, ces deux populations fusionnèrent pour constituer ce qu'il est convenu de nommer, à partir du IVe siècle avant J.-C., la civilisation celtoligure. L'influence des Celtes s'exprime principalement dans l'organisation militaire et le regroupement politique des tribus indigènes.

C'est la tribu celte des Allobroges, nation la plus puissante du sud-est de la Gaule qui s'installa dans l'actuelle Haute-Savoie, une partie de la Savoie et de l'Isère. Vienna est la capitale excentrée de leur territoire, débouché commercial naturel sur l'axe de la vallée du Rhône, mais on compte deux autres villes importantes, aux limites nord (Geneva) et sud (Cularo, Grenoble), correspondant elles aussi à des points de convergence de voies terrestres et fluviales.

 

 

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TERRITOIRE DES ALLOBROGES

Restitution des limites du territoire des Allobroges superposée à la carte des régions naturelles (d'après M.Paillon)

 

Les Allobroges étaient surtout connus pour leurs qualités de guerriers, ils étaient aux yeux des romains un peuple rebelle par excellence. La guerre était pour eux une occupation et un métier traditionnels, à tel point que les autres tribus celtes les recrutaient comme mercenaires(gaesati). Ils firent donc partie de nombreuses expéditions militaires, notamment pour venir en aide à leurs cousins de la plaine du Pô, menaçant Rome à plusieurs reprises. Il est intéressant de noter que de tout temps, les régions montagneuses ( Kabylie, Suisse...) ont produit des mercenaires. La rudesse du pays (climat et relief) conjuguée au manque de terres arables facilite en effet cette forme d'exode et cette particularité était aussi vraie pour les Ligures des montagnes avant la venue des Celtes. En 274 avant J.-C., des mercenaires celtes, engagés par les Grecs, ont même fondé un royaume en Anatolie (Galates).

 

C'est en 154 avant J.-C. que commence l'invasion romaine. Les Massaliotes (Marseille) inquiétés par des tribus celto-ligures (Deciates et Oxubii) demandèrent à Rome de les secourir. Ce fut pour les Romains l'occasion d'étendre leur empire et de régler leurs comptes avec les Celtes qui les avaient si souvent inquiétés. Toutes les nations celtes du sud-est de la Gaule furent soumises une à une. En 121 avant J.-C., les Allobroges, plat de résistance, sont défaits lors de deux grandes batailles et perdent un nombre considérable de guerriers — Tite-Live parle de 120 000 hommes — et même si ce chiffre semble exagéré, il montre la violence des combats et la détermination des indigènes. En 61 avant J.-C., les Allobroges se révoltent une nouvelle fois sous la conduite de Catugnos mais sont de nouveau et définitivement soumis. Les Romains s'attacheront dès lors à transformer les Allobroges de guerriers en agriculteurs. Ils deviennent donc exportateurs de froment, de chanvre, de bois et de vin (vinum frigidum, vin de montagne, et vinum picatum,vin mélangé à de la poix).

La colonisation romaine ne modifiera pas le fond ethnique et culturel de la région d'autant plus que le petit nombre de colons romains qui s'installèrent étaient pour la plupart d'origine Italo-celte et donc cousins des celtoligures.

Il apparaît clairement qu'au-delà des siècles de civilisation romaine, le mode de vie celtoligure va perdurer au Moyen-Âge. Cette continuité est encore plus vive dans les régions de montagne, plus traditionalistes. On retrouve d'ailleurs la force de ce fond culturel commun de l'arc méditerranéen jusque dans les manifestations artistiques du haut Moyen-Âge. Il existe en effet une expression du "premier art roman" commune à la Suisse, la Lombardie, le Piémont, la Ligurie, la Provence, le Languedoc, la Catalogne et que l'on ne retrouve pas ailleurs.

 

François Ory-Lacroix, Les cahiers du musée n°9

 

Note de l'auteur: pour écrire ce texte, je me suis largement inspiré de l'ouvrage de Guy Barruol, Maître de recherche au CNRS, Les peuples préromains du sud-est de la Gaule (Éditions De Boccard).