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mercredi, 24 juin 2015

Et puisqu'il faut...

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Photographie JN Bart

 

 

 

 

 

Et puisqu'il faut bâtir

Bâtissons dans la joie,

Comme ils savaient bâtir

Autrefois.

 

Et puisqu'il faut partir

Partons sur les chemins,

Dieu saura nous conduire

Par la main.

 

Et puisqu'il faut souffrir

Chacun souffre son droit,

Acceptons sans pâlir

Notre croix.

 

Et puisqu'il faut mourir

Mourons remplis d'espoir,

Sur nos lèvres un sourire :

Au revoir!

 

 

Bernard Lacroix, Au vent mûrieux

 

 

 

vendredi, 19 juin 2015

La fenaison

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Le moment des fenaisons venu, pour avoir la possibilité de garder en hiver quelques bêtes de plus, les paysans des hautes vallées partent faire les foins dans des coins impossibles, jusqu'à 1700 mètres d'altitude. Le faucheur est dans l'obligation de travailler en biais et non pas face à la pente parce qu'il partirait en glissade. Une fois sec, le foin est enserré dans des filets pesant environ 80 kg et porté à dos d'homme dans des granges intermédiaires d'attente. On profitera de la neige pour l'acheminer à l'aide de luges vers le village.

Il arrive que la pente soit si forte, le trajet si long, que le paysan doive creuser à la pioche une petite plate-forme pour y déposer sa lourde charge et prendre quelques instants de repos.

Il est évident que l'on abandonne petit à petit ces méthodes de culture héritées d'un autre âge, mais une poignée de montagnards, des irréductibles de l'effort, la pratiquent encore de nos jours. Sous le soleil cruel qui leur rôtit le visage, la poussière qui leur colle au cou et aux reins, des hommes perpétuent les gestes rudes de leurs aïeux, devant des haies de touristes qui n'en croient pas leurs yeux. On n'ose pas sourire, le spectacle est impressionnant. Ce qui, pour moi, est drôle, c'est d'imaginer que certaines des épouses présentes ne puissent pas s'empêcher de faire la comparaison entre des mâles, dont on n'a plus beaucoup d'exemple, et leurs maris dont les attaches pâlichonnes émergent des bermudas et des tee-shirts à fleurs. Nul ne le saura vraiment tant il est vrai que les femmes cachent beaucoup de leurs pensées secrètes, mais tout de même, quelques-unes ne doivent pas manquer de constater qu'il n'y a pas que les traditions qui se perdent.

 

Bernard Lacroix, Mémoire des jours ( Éditions Bias, 1990) p. 34

 

 

 

 

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Photographies de Robert Taurines

 

 

samedi, 13 juin 2015

Mémoire des jours

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Photographie de Robert Taurines

 

 

 

 

Nous publierons au fil des mois qui viennent des extraits d'un bel ouvrage de Bernard Lacroix en collaboration avec le photographe Robert Taurines, publié en 1990, Mémoire des jours, sous-titré Gestes et traditions d'un monde savoyard. Vingt-cinq ans après sa parution, ce livre acquiert une valeur inestimable puisque la culture qu'il évoque, à travers les textes de Bernard et les superbes photographies de Robert Taurines, a définitivement disparu aujourd'hui. Il nous appartient pourtant d'en préserver la mémoire. Qui sait ce que l'avenir réserve aux générations futures, si elles ne devront pas réapprendre certains gestes, certaines pratiques, un certain esprit?

" Ne perdons pas de vue que l'histoire humaine est une lettre cachetée et que le dernier mot n'est jamais dit."

Pierre Legendre, Fantômes de l'État, ( Fayard, 2015)

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

*

 

Voici la présentation de cet ouvrage :

 

Á l'heure où l'homme vit une mutation déchirante, il nous a semblé important de remonter aux sources.

Nous avons voulu, par ce livre, évoquer la culture d'un monde rural qui disparaît.

Ces photographies voudraient être une ode au monde rural. Á la main de l'homme.

Au centre du village, la ligne de vie est là, tracée à grands traits. De l'église au bistrot, du bistrot au cimetière, il y a quelques pas. C'est peut-être cela qui leur donne cette force de vie.

Les gestes d'autrefois sont les racines profondes de la mémoire d'un peuple. Ici, les racines ont poussé dans un sol cahotique et gelé.

 

Bernard Lacroix et Robert Taurines, Mémoire des jours ( Éditions Bias, 1990) 4e de couverture.

mardi, 09 juin 2015

J'aime le vent

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J'aime le vent!

Je lui ouvre mes fenêtres,

Je me tiens éveillé

Pour ne rien perdre du plaisir qu'il me donne

Et de ce qu'il m'apprend.

 

Il y a dans le vent

Toutes les senteurs de la vie,

Toutes les violences et les douleurs aussi.

 

Le vent délivre les songes,

Attise les feux de l'esprit,

Excite les rêves,

Ressuscite les légendes,

Fait claquer les volets de la mémoire assoupie...

 

Un pays sans vent

Est un pays sans histoires.

 

Bernard Lacroix, Reflets oubliés