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jeudi, 24 décembre 2015

Minuit à Bethléem

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Frederico Barocci, Nativité (1597)

 

 

 

 

Rappel :

Noël ou le mystère de l'Incarnation dans la poésie de Bernard Lacroix

Noël autrefois, en Chablais

Les yeux des tarines, conte de Noël

Pour Noël, la recette des rissoles chablaisiennes

 

 

*

 

 

Bernard Lacroix aimait Noël comme en témoignent les nombreux textes publiés sur ce blog, où nous retrouvons l'enchantement des Noëls d'autrefois et surtout la signification profonde de cette fête chrétienne. Il a vécu son dernier Noël, en décembre 2014, près de la crèche qu'il avait installée dans sa chambre, à la maison de retraite, que Claude Detraz évoque ici .

Nous sommes loin d'avoir publié tous les poèmes de Bernard sur le thème de Noël, il en reste pour les années à venir! Voici celui de 2015.

 

 

*

 

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on n'avait jamais vu

Une maman si jolie.

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on ne verrait jamais

Si jolie maman pleurer.

 

 

Bernard Lacroix, Au vent mûrieux

 

 

Joyeux Noël à tous!

vendredi, 18 décembre 2015

Le cochon, 2

 

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 Rappel :

Le cochon

 

 

Dans le cochon, tout est bon! On gardera le nombril pour graisser les scies, les soies se feront pinceaux, la vessie deviendra blague à tabac...

 

 

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Pourtant ma mémoire d'enfance n'arrive pas à oublier les cris épouvantables, le sang giclant par intermittence que des mains de femmes, allez savoir pourquoi, agitaient dans un grand seau.

 

 

Bernard Lacroix, Mémoire des jours, ( Éd. Bias, 1990)

 

 

 

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Photographies de Robert Taurines

 

 

 

 

 

samedi, 12 décembre 2015

Le cochon

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Croquis de Bernard Lacroix, extrait de Croquis minute

 

 

 

 

En Savoie, c'est presque un sacrifice rituel que celui du cochon. La bonne période est de novembre à février, autour des Fêtes. On a retenu pour le grand jour une bête qui pèse entre cent et cent-cinquante kilos et le charcutier, bien sûr, un paysan qui fait ça pour mettre un peu de beurres dans les épinards.

 

La veille, on a acheté les épices et les ingrédients nécessaires à la fabrication de la charcuterie et à la conservation de la viande : poivre en grains, sel, salpêtre, oignons, ail, laurier, thym, cumin, marjolaine, noix muscade, cannelle...

 

De bonne heure, on a mis l'eau à chauffer dans la grande chaudière de fonte. Elle servira à ébouillanter le porc dans le "vassé" pour mieux le raser, pour nettoyer les abats sanguinolents, les boyaux qui serviront à la confection des boudins, des saucisses. Les voisins viendront aider à maîtriser le pauvre animal qui, après avoir été assommé à l'aide d'une hache ou d'un merlin, sera saigné bien vivant, mais sûrement pas sans peine. Le sang est recueilli dans un seau et brassé vigoureusement pour éviter qu'il se coagule. Avec le sang on fera les boudins, préparation délicate, un tant soit peu coûteuse car le boudin savoyard se fait avec du beurre et de la crème.

 

Une fois soigneusement pelé, le cochon est retiré du "vassé" et étendu à plat sur une échelle. On retire les abats, on nettoie proprement l'intérieur de l'animal puis on le laisse tranquillement égoutter, l'échelle redressée cette fois-ci contre le mur de la ferme.

 

Saucisses, boudins, atriaux ( pâtés d'abats) sont assaisonnés au goût du charcutier, ce qui fait dire parfois, quand ils sont trop épicés, que ce dernier a un tant soit peu "caressé la chopine". Á la fin de la journée, il ne sait plus très bien où il en est. J'en ai connus qui étaient saouls avant de commencer leur journée, ce qui donnait lieu à des péripéties qui alimentaient la chronique hivernale : combien de gorets se sont sauvés à moitié saignés, combien d'autres se sont réveillés au contact de l'eau chaude. On disait d'un charcutier peu adroit que son cochon criait encore quand il hachait la viande à saucisse.

 

La coutume était de porter aux voisins et au curé, un petit rôti, quelques boudins et atriaux. Les voisins ne manquaient pas d'en faire autant à leur tour, ce qui fait qu'en hiver, on avait toujours une petite réserve de charcuterie fraîche dans un coin. Le dimanche qui suivait, on invitait les amis et la famille pour un grand banquet : le dîner du cochon. Á vrai dire, après les politesses et le repas de fête, il ne restait plus grand chose de la cochonnaille. Heureux temps où les gens aimaient partager, passer de bons moments ensemble !

 

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°3 

samedi, 05 décembre 2015

L'hiver

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Le givre.

Les choses deviennent enfin ce qu'elles sont. Sur ce subtil camaïeu, l'hiver pose le pur argent de son givre. C'est la touche du maître, le coup de pinceau final qui fait le chef-d'œuvre. L'hiver a du génie, qui l'eût cru?

 

 

La neige vient par petites touches, un peu de blanc par-ci, un peu de blanc par-là. On dirait qu'elle fait des manières : elle part, revient, tournicote... au gré des vents hésitants de novembre. La nature résignée s'abandonne. Il y a encore des feuilles tenaces, des petits cris furtifs ; des bruits intimidés s'éloignent, des ombres complices s'affairent... L'hiver, en vieux célibataire, veut vivre seul. Tout le monde l'a compris.

 

 

Bernard Lacroix, Mémoire des jours ( Éd. Bias, 1990)

 

 

 

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Photographies de Robert Taurines