mardi, 25 novembre 2014
Les colombes en bois, 2
Croquis Les cahiers du musée n°5
La fabrication d' une colombe en bois
Travail de préparation:
L'oiseau se compose de deux blocs de dimensions à peu près identiques, planchettes d'épicéa fin et sec de 15 cm, 2 ou 3 cm d'épaisseur. Le premier bloc servira à façonner dedans la tête, le corps et la queue, le second l'ensemble des ailes (voir les croquis ci-dessus) ; à la partie supérieure du dos, on taille une mortaise de 4 cm de profondeur et de 0,7 cm de largeur sur 2 cm de longueur. Sous le ventre, on pratique avec la lame deux fentes servant à introduire les pattes. L'artisan façonne les futures plumes en entaillant le bloc de bois par deux ou trois encoches verticales qu'il nomme les "crochets", puis il taille en pointe les extrémités du bloc, il ponce les pièces produites et s'apprête au travail le plus délicat.
La taille des plumes et leur mise en place :
Il s'agit de fendre avec précision des lamelles d'un millimètre d'épaisseur sans faire riper la lame extrêmement aiguisée, sinon ce sont les doigts qui s'ornent de belles entailles...
L'homme appuie la pièce de bois contre sa poitrine et entaille le bois, dans le sens du fil, en coupant de l'extérieur vers soi ; lorsque la lamelle est faite, il l'écarte légèrement à l'aide de la lame du couteau et puis la met doucement en place, une fois sur la droite, l'autre sur la gauche de la première fabriquée (voir croquis).
Les plumes se coincent contre la dernière qui a été positionnée et finissent par ressembler à un éventail étalé. Cependant ce travail serait impossible à réaliser si, auparavant, on n'avait mis le bois préparé à bouillir dix minutes dans l'eau.
Les colombes rudimentaires ont des ailes plates et possèdent un nombre restreint de plumes alors que les bons ouvriers parviennent à donner des arrondis à la queue et aux ailes ; ils sortent des oiseaux ayant quarante-deux à quarante-cinq plumes aux ailes.
La finition :
Il ne s'agit plus que de détails aisés à réaliser : la pose des pattes fines comme des allumettes, les pyrogravures des yeux et du bec, une couche de vernis incolore sur le bois pour le protéger.
Propos recueillis auprès de Fernand Marclay, originaire de Vacheresse, Les cahiers du musée n°5
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vendredi, 21 novembre 2014
Les colombes en bois,1
Colombe d'Abondance
Épicéa taillé et sculpté, XXème siècle (Collection Bernard Lacroix)
Ces colombes fabriquées en alpage étaient suspendues au plafond des maisons comme porte-bonheur. Aujourd'hui, leur fabrication et leur diffusion restent très confidentielles.
Ce serait la vue d'un oiseau d'altitude bien connu des chasseurs de chamois, appelé communément le "papillon" des rochers ( tichodrome échelette) qui aurait inspiré la fabrication des oiseaux de bois dans nos vallées. Ses ailes déployées, aux plumes dentelées alternativement rouges et noires, sont en tout semblables à celles reproduites par nos artistes montagnards.
On retrouve des exemples de cet art populaire traditionnel dans plusieurs pays d'Europe : l'Italie, la Pologne, la Russie, la Hongrie... mais aucun de ces petits chefs-d'œuvres n'a l'élégance, la beauté fragile de ceux que l'on faisait dans le Haut-Chablais il y a peu d'années encore.
Autrefois, les bergers en alpage occupaient comme ils pouvaient les interminables heures de gardiennage du bétail et comme ils avaient toujours un couteau en poche et du bois, ils sculptaient toutes sortes de choses: des bâtons, des croix, des sifflets, des manches et puis des oiseaux. En patois on dit que les bergers s'amusaient à "chapoter" du bois.
Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°5
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