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mercredi, 13 mai 2015

Une visite à Fessy

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L'atelier de Bernard Lacroix à Fessy (Haute-Savoie)

Photographie Hubert Le Goff (2014)

 

 

 

D'abord devant la porte de son atelier, en bric à brac, ses récoltes brutes de ferraille, de bouts de machines agricoles, de tracteurs, de faux, qui ensuite deviendront peut-être oiseau, taureau ou scarabée. Les gens de Fessy ont d'ailleurs désormais pris l'habitude d'y déposer leurs vieux morceaux de fer (souvent même de façon anonyme, précise Bernard Lacroix...). N'est-ce-pas déjà là, en plein cœur de la Haute-Savoie, l'indice remarquable d'une sensibilisation réussie à l'art de la récupération et du recyclage! Il reste peu à faire pour découvrir Arman ou César, célèbres accumulateurs et recycleurs! On constate à nouveau que l'œuvre de Lacroix n'est pas si éloignée de certaines préoccupations récurrentes de l'art contemporain des trente dernières années.

 

Il faut ensuite visiter son atelier, parsemé de ses tableaux, de ses animaux de fer mais aussi de sculptures naïves d'art populaire souvent d'inspiration religieuse ou bien encore d'objets ruraux en instance d'être muséographiés. Au beau milieu, le piano à queue du musicien Lacroix...

C'est dans ces quelques mètres carrés que semble s'opérer l'alchimie...

 

Quant à son jardin de sculpture, face au musée, il y règne la délicieuse cohabitation entre son bestiaire de fer, ses sculptures abstraites, mais aussi d'autres sculptures déposées là par des amis. Et, presque recouverts par l'herbe, de nombreux morceaux de fer épars y attendent un nouveau destin.

 

Après être passé par le jardin de sculpture, on peut alors entrer dans la bâtisse du 17e siècle qui abrite la formidable collection ethnographique d'objets et outils savoyards que Bernard Lacroix accumule depuis des dizaines d'années. C'est son musée "d'artiste paysan", et il en faut peu pour penser qu'il s'agit là, en quelque sorte, d'une de ses œuvres majeures de récupération.

C'est en tout cas, en France, l'une des collections les plus importantes consacrées au monde paysan.

 

Lacroix se tient donc à la croisée de plusieurs chemins. Profondément sincère, il démontre qu'un métissage culturel subtil et non didactique s'articule entre art moderne et art populaire. Outre la qualité intrinsèque de chaque œuvre (et il resterait encore beaucoup à dire) ou de chaque expression de l'artiste ( et nous n'avons pas ici  la place de parler de ses écrits poétiques), l'ensemble contribue de manière puissante à nous préserver de plusieurs manichéismes inutiles tels que ceux opposant fréquemment tradition et modernité – art d'émotion et art de réflexion – création locale et création nationale – art populaire et art contemporain.

 

L'œuvre de Bernard Lacroix fait entendre quelque chose de singulier sur notre temps et notre situation artistique actuelle. Fortement ancrée dans son environnement mais tout autant ouverte à la diversité culturelle, elle est un formidable et fécond recyclage d'une partie de l'histoire de l'art de ces cinquante dernières années. En y entremêlant notre simple histoire quotidienne, il nous relie à l'essentiel.

C'est pourquoi Bernard Lacroix est un libre-artiste comme d'autres sont libre-penseur.

 

Alain Livache, Catalogue de l'exposition Bernard Lacroix du Conservatoire d'Art et d'Histoire d'Annecy, (2001) pp.13-14.

 

jeudi, 18 juillet 2013

Exposition des peintures de Bernard Lacroix à Cervens

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Bernard Lacroix, Les pommiers, huile sur carton ( collection particulière)

 

 

 

 

Victime d'un accident cardio-vasculaire en 2010, Bernard Lacroix vit désormais en fauteuil roulant au Verger de Coudry, maison de retraite à Cervens, tout près de Fessy, son village natal qu'il n'avait jamais quitté jusqu'alors. Cette maison a mis à sa disposition un atelier attenant à sa chambre pour qu'il puisse continuer à peindre. Cette même maison a accueilli, au cours du mois de juin dernier, ses trente dernières toiles.Toujours loin du Chablais, je n'ai pu voir cette exposition et ne puis vous en parler, mais il est probable qu'une autre exposition suivra, dans un autre lieu, que je vous annoncerai en temps voulu.


Saluons ces belles initiatives du Verger de Coudry. Merci à son directeur, Jean-Marc Donsimonie, et au personnel, qui ont compris que, pour un artiste, la création est plus vitale que les médicaments.


Élisabeth Bart-Mermin