lundi, 29 février 2016
Le château de Buffavent, 2
Le château de Buffavent à Lully (Haute-Savoie)
Rappel :
Les propriétaires du château de Buffavent
Du XVe au XXe siècle, le château fut la propriété de quatre familles nobles, passant de l'une à l'autre par le jeu des alliances, au fil des successions. Au début du XXe siècle, faute d'héritiers directs, il est vendu une première fois, puis revendu deux fois jusqu'aux propriétaires actuels.
De 1460 à 1531, le château appartient à la famille de Langin.
C'est probablement François de Langin qui fit construire le château de Buffavent. Louis de Langin et son frère François, seigneur de Veigy, font le 13 juin 1460 un pacte de famille et d'affection mutuelle qui les engage, entre autres, à régler l'ordre de leur succession réciproque en cas d'absence de mâles dans l'une ou l'autre branche.
En 1461, Louis de Langin conduit 800 hommes d'armes à Chypre, envoyés par Louis de Savoie à son père, le duc Louis 1er de Savoie, époux d'Anne de Lusignan, fille du roi de Chypre*.
Si l'un des deux fils de Louis, Guigues, semble être le premier des Langin à avoir porté le titre de seigneur de Buffavent, c'est son frère, Philibert, co-seigneur de Buffavent, qui teste en faveur de ses sœurs Jeanne et Antoinette, selon un testament établi à Buffavent. Jeanne épousera Georges d'Antioche, baron d'Yvoire. Antoinette, cohéritière de Jeanne, épousera Aymon de Bellegarde et lui apportera le château de Buffavent.
De 1531 à 1640, le château appartient à la famille de Bellegarde.
Le château et le titre de seigneur de Buffavent appartiennent aux Bellegarde sur trois générations. Antoinette et Aymon de Bellegarde ayant eu deux fils et une fille, leur fils Claude-Urbain hérite de Buffavent. Il épouse Amable de Bellegarde ( sans doute une cousine) et meurt en 1571. Leur fils Pierre-Noël hérite de Buffavent par testament de sa mère en 1601. Marié à Jeanne de Montferrand, il meurt en 1640. Jeanne se remarie avec Scipion de Seyssel. Buffavent passe alors aux Seyssel.
De 1632 à 1760, le château appartient à la famille de Seyssel.
Scipion, seigneur d'Ambilly, co-seigneur de Compoix, se mariera quatre fois.
De sa première femme, de nom inconnu (probablement Béatrice de Blounay), il a une fille qui se mésallie en épousant un sieur de Favrat de Bellevaux, fort riche et considéré. Leur contrat de mariage est signé à Buffavent le 31 janvier 1644.
En deuxième noce, Scipion épouse Jacquemine Jaillet, fille d'une famille de Lucinge en Faucigny, veuve de Nicolas de Lucinge de Châteublanc. De ce second lit, naissent quatre enfants dont Louis de Seyssel qui devient seigneur de Buffavent par testament de Jeanne de Bellegarde, la troisième femme de son père, en mai 1650. Il a un fils et une fille de son second mariage avec Anne-Marie de Varax.
Son fils, Pierre-Louis-Scipion de Seyssel épouse en 1715 Catherine Prospère de Rodrette.
Sa fille, Françoise-Philippe de Seyssel épouse en première noce Balthazar de Genève et en deuxième noce , le 4 novembre 1716, Claude-Charles de Gerbois de Sonnaz. Par un premier testament, le 20 mars 1729, elle s'intitule fille d'Anne de Varax et laisse à son mari Claude-Charles de Gerbois de Sonnaz la seigneurerie d'Habère héritée de sa mère. Après avoir recueilli la succession de son frère Pierre-Louis-Scipion, elle fait un second testament, le 8 mars 1760, par lequel elle laisse à son mari la seigneurerie de Buffavent qui passe ainsi dans la Maison de Gerbois de Sonnaz. Les armes de cette alliance Gerbois-Seyssel se voient encore sur une boîte ancienne conservée au château de Chambéry, chez la comtesse de Sonnaz. Á l'intérieur de cette boîte sont deux cœurs avec cette devise: "Leur union fut éternelle".
De 1760 à 1922, le château appartient à la famille de Gerbois de Sonnaz.
Le fils de Claude-Charles Gerbois de Sonnaz et de Françoise de Seyssel, Janus, né en 1736, épouse en première noce Julie de la Balme de Montchalin, puis en deuxième noce Christine de Maréchal, fille de Jacques de Maréchal, comte de Salmon et d'Anne de Saint-Séverin. De leur union naissent trois enfants, Joseph, Madeleine et Hector.
La fille de Joseph, Joséphine de Gerbois de Sonnaz, épouse le 25 février 1851 le Baron Joseph-Melchior de Livet de Montchaux.
Hector meurt en 1867 et laisse deux fils, Albert et Joseph-Jean, qui rachètent Buffavent à leur tante la baronne de Livet.
Le comte Joseph-Jean de Gerbois de Sonnaz, général de l'armée italienne, sénateur au royaume d'Italie, demeurant à Rome, décédé sans testament le 7 avril 1905, laisse comme unique héritier Charles-Albert, également sénateur du royaume d'Italie et ancien ambassadeur à Rome. Á la mort de celui-ci, en 1922, sa veuve Marie Avogrado décide, en l'absence d'héritiers directs, la vente de Buffavent qui est alors racheté par les Vargnoz, et en 1943, par les Bernard.
Prosper Brébant et sa famille ont habité Buffavent jusque dans les années 80-90 comme fermiers.
Le château a été ensuite racheté par les propriétaires actuels, deux amis venant de Genève.
E. B-M
*Le lien étroit de vassalité (et sans doute d'amitié) entre les Langin, le duc Louis 1er de Savoie et son épouse Anne de Lusignan, explique la présence de la légende de Mélusine (à laquelle était liée la famille de Lusignan) au château de Buffavent. Nous y reviendrons dans une prochaine note.
(Á suivre...)
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lundi, 15 février 2016
Le château de Buffavent, 1
Le château de Buffavent, huile sur toile de Bernard Lacroix.
Photographie de Jean-Michel Lacroix
Le premier tableau que réalisa Bernard Lacroix représente le château de Buffavent, dans les années cinquante, époque où cet imposant édifice était devenu une ferme. Sur ce tableau, seules trois des quatre tours et une petite partie du toit sont visibles, la végétation abondante dissimule en grande partie le bâtiment, d'où une impression de mystère qu'accentuent les couleurs froides dominantes, la touche épaisse, la montagne en arrière-plan. On songe au château de La belle au bois dormant ou à celui du Grand Meaulnes...
L'impression du visiteur aujourd'hui sera bien différente puisque Buffavent, restauré au cours des deux dernières décennies, a retrouvé son allure de "maison forte", demeure seigneuriale mi-habitation, mi -château fort, tel le palais de l'Isle, à Annecy, édifié au XIIe siècle. Situé à Lully, sur la route de Thonon à Annemasse, il a été construit au XVe siècle par François de Langin.
En effet, ce château présente toutes les caractéristiques des "maisons fortes". Son plan est très simple : un quadrilatère flanqué de quatre tours. Á l'origine, il devait être entouré de douves comme en témoigne un ravin, au nord. Les ouvertures sont peu nombreuses, de disposition et de dimensions irrégulières. Certaines ont été visiblement agrandies. Sur la façade est, l'entrée est surmontée des armes de Langin. Sur cette façade, au-dessus de la porte de la cave dont les ferronneries massives ont été forgées à la main, une petite fenêtre à fortes grilles correspond à un siège de guetteur. De même, la façade ouest présente une fenêtre munie de grilles et sur la façade sud, une petite fenêtre jumelée a encore des sièges de guetteur. Les murs sont très épais : 80 centimètres pour le corps du bâtiment et jusqu'à 1m20 pour les tours qui font vingt-huit mètres de hauteur. Les quarante meurtrières sont de deux types : des archères à l'étage inférieur, deux par tour, ainsi que sous trois fenêtres au premier étage, et de nombreuses meurtrières dans les tours et dans les murs, à diverses hauteurs.
La tour sud-ouest, d'un diamètre plus grand que les autres, comporte dans la maçonnerie un canal ayant dû servir de communication entre la plate-forme et la cave.
Sous Claude-Urbain de Bellegarde, le château fut assiégé et bombardé par les Genevois en 1590. Á la Révolution, il fut découronné et subit de nombreux dommages.
E.B-M
(à suivre...)
Le château de Buffavent aujourd'hui. Classé monument historique en 1944.
23:02 Publié dans L'œuvre artistique de Bernard Lacroix, Patrimoine d'ici et d'ailleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : château de buffavent, lully, seigneurs de langin | Imprimer |