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lundi, 11 août 2014

Le moulin des Esserts et le Foron

 

moulin des esserts, foron, baie d'excenevex

Le moulin des Esserts, 2

(Photographie Hubert Le Goff)

 

 

 

 

 

Reste-t-il "des choses blotties dans les recoins du temps, à jamais" ,  comme l'écrit Bernard Lacroix? D'une génération à l'autre, certaines de ces choses semblent irrémédiablement perdues, telle la limpidité du Foron, ruisseau de la forêt de Planbois, qui alimentait le moulin des Esserts.

 

 

 

Lorsque j'étais petit, les gens du coin le nommaient "moulin d'Essert", ce qui m'avait laissé penser que c'était le moulin des cerfs, et j'allais souvent "planquer" pour y surprendre ces grands animaux. Cela m'a valu d'y découvrir des loutres, avec lesquelles j'étais en compétition pour attraper les vaillantes truites farios, nées dans ce torrent. Merveilleux souvenir que ces loutres, non seulement pas effarouchées de ma présence, mais plutôt curieuses, au contraire, jouant volontiers à cache-cache et m'observant de derrière un arbre ou un rocher.

C'est un trésor sans nom, ce que la Nature peut offrir à un enfant.

J'ai vu aussi des biches, ainsi que beaucoup d'autres créatures, dans ce qu'on appelait alors "les bois d'en bas", par opposition aux "bois d'en haut" de la chaîne des Voirons.

 

 

Aujourd'hui...

 

 

Pauvre moulin des Esserts, et surtout, pauvre Foron, dans lequel dix-sept communes ont déchargé leurs immondices pendant des années, sans parler des tonnes de plomb du ball-trap sédentaire situé à une portée de fusil.

Tout ça finit, de nos jours encore, dans la baie d'Excenevex, dont l'eau n'est pas renouvelée par le Rhône, ce qui en fait la seule plage de sable du Léman. De grâce, ne baignez pas vos bambins dans ce bouillon...

 

 

Jean-Michel Lacroix

mercredi, 06 août 2014

A jamais

moulin des esserts

Le moulin des Esserts à Lully

(Photographie Hubert Le Goff)

 

 

 

 

 

J'ai retrouvé le vieux moulin des Esserts

Où nous allions si souvent jouer

Au bord du Foron.

La grosse pierre est toujours là,

Au milieu de la rivière.

Tu t'y asseyais pour rire,

Je riais à mon tour

De ton visage par l'eau déformé.

 

J'ai senti,

Tout à coup,

Quelqu'un qui s'approchait.

J'ai fermé les yeux comme si tu allais

Y mettre tes deux mains et me dire :

– Devine?

 

Il doit rester de la jeunesse

Des choses blotties dans les recoins du temps :

Un bout de robe blanche,

Un ruban défait,

Des miettes de dimanche qui attendent

Que les souvenirs les délivrent soudain

Et qui s'en vont de l'autre côté de la vie,

 

Á jamais!

 

 

Bernard Lacroix, Reflets oubliés