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Rechercher : Noël

Minuit à Bethléem

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Frederico Barocci, Nativité (1597)

 

 

 

 

Rappel :

Noël ou le mystère de l'Incarnation dans la poésie de Bernard Lacroix

Noël autrefois, en Chablais

Les yeux des tarines, conte de Noël

Pour Noël, la recette des rissoles chablaisiennes

 

 

*

 

 

Bernard Lacroix aimait Noël comme en témoignent les nombreux textes publiés sur ce blog, où nous retrouvons l'enchantement des Noëls d'autrefois et surtout la signification profonde de cette fête chrétienne. Il a vécu son dernier Noël, en décembre 2014, près de la crèche qu'il avait installée dans sa chambre, à la maison de retraite, que Claude Detraz évoque ici .

Nous sommes loin d'avoir publié tous les poèmes de Bernard sur le thème de Noël, il en reste pour les années à venir! Voici celui de 2015.

 

 

*

 

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on n'avait jamais vu

Une maman si jolie.

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on ne verrait jamais

Si jolie maman pleurer.

 

 

Bernard Lacroix, Au vent mûrieux

 

 

Joyeux Noël à tous!

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jeudi, 24 décembre 2015 | Lien permanent

Solstice d'hiver

 

solstice d'hiver.jpg




Autrefois, en Savoie, le soir de Noël, on remettait les cloches aux vaches.

Dans des temps pas si anciens que mes Anciens ont eux-mêmes connus, la tradition voulait que la nuit de Noël, on sorte les vaches à minuit, après la messe, pour leur faire boire "l'eau fleurie" au bassin.

Le terme "eau fleurie" témoigne de notre appartenance au monde celtique:

pour avoir moi-même partagé cinq années de ma vie avec nos frères d'Irlande,

je peux attester de l'importance qui a toujours été donnée à l'eau, et reconnaître

dans le terme utilisé, l'ancienne connaissance qui nous unit. Le terme de Puits Sacré ne vous dira peut-être

rien en langue gaelique, mais il suffit, par ce poème, de

garder en mémoire tout ce qui nous lie encore

aux Anciens.


Jean-Michel Lacroix


*

 

Les vaches,

 

Que d'aucuns croient stupides,

Témoignent ce soir-là

Du solstice de toutes les promesses:

 

Elles boivent "l'eau fleurie",

Elles paissent l'herbe de mémoire,

Elles ruminent les pollens engrangés.

 

Là-haut, pour une nuit,

La source n'est plus orpheline,

Les roches appellent les toisons errantes,

La cendre sous le chaudron imagine le feu nouveau.

Dans les sentiers, des bruits familiers s'inventent...

 

Les cloches tintent au plus profond des étables.

 

Dehors,

Il y a désormais une étoile entre Dieu et les hommes:

L'été vient de naître.

 

Bernard Dominique Lacroix



 


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lundi, 24 décembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (2)

Epiphanie. Puer natus est.

 

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Fra Angelico, L'Adoration des Mages



En ce jour de l'Épiphanie, ce poème de Bernard Lacroix que j'avais omis dans son ensemble de Noëls ( où désormais il a retrouvé place). EBM.


Puer natus est


Dans la paix tiède de l'étable

Bêtes et gens se sont tus.

Le silence écoute le silence.

L'obscurité tend l'oreille à la nuit.


Le temps s'est installé

Bien au chaud

Pour quelques heures sans histoires.

Le sommeil exorcise

L'attente inquiète du jour.


Les pleurs d'un nouveau-né

Viennent

Tout à coup,

Importuner la nocturne routine.

Les choses sont ainsi faites :

C'est en pleurant

Que l'homme découvre le monde.

Le rire viendra plus tard,

Plus tard aussi,

Le regard enfin rassuré et confiant.


On posera l'enfant

Sur un petit tas de paille fraîche

Et le silence

Á ce moment là,

Saura ce qu'il veut dire.


J'ai pleuré ma vie

Moi aussi

En son temps

Et ne suis vraiment né

Que devant le sourire de ma mère!


Bernard Lacroix, Cahiers du musée n°9.



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dimanche, 06 janvier 2013 | Lien permanent

Hommage de Claude Detraz à Bernard Lacroix

 

 

 

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La fuite en Égypte, sculpture d' André POIRSON,  ami de Bernard Lacroix

Photographie de Claude Detraz

 

 

 

 

 

Oui, quelqu'un de bien vient de nous quitter, de ces hommes qui, dans la lignée des grands humanistes, ont sans cesse irrigué et éclairé le monde dans lequel nous vivons.

 

J'allais régulièrement le voir depuis qu'il était cantonné à l'étage de l'Orangeraie du Verger de Coudry, à Cervens. Ma dernière visite trop courte du vendredi 6 février 2015 m'avait valu de le tancer pour qu'il se remette à la peinture. Il m'avait répondu de sa douce voix: " avec le printemps, je reprendrai le pinceau". Il ne verra plus le printemps.

 

Je revois par la pensée notre première visite au musée de Fessy avec mes parents, tous deux éberlués qu'un gars puisse avoir récupéré et conservé tant de choses qu'eux-mêmes n'avaient pas daigné garder. Je le revois expliquant de sa voix calme sa collection de tuiles récupérées des toits de l'ancien couvent de la Visitation dont il était l'organiste.

 

Oui, c'était l'âme du Chablais, de nos villages de plaine et de montagnes, dont il connaissait toutes les histoires, tous les secrets.

 

Je repense à mon émerveillement à l'exposition de ses sculptures pleines d'humour, composées d'instruments agricoles récupérés, perpétuant la vie de leurs utilisateurs.

Je le revois expliquant ses peintures illustrant les rives enchanteresses du lac où il rejoignait tout à la fois les grands peintres et les grands poètes.

 

S'il pouvait ne nous donner qu'un seul message, je pense que ce serait celui-là:

"Fleuris où tu es semé" , de saint François de Sales ( son saint préféré), qui résume bien sa vie, ses œuvres et ses volontés.

Le paradis sera bientôt décoré des nouvelles œuvres de Bernard.

 

Claude Detraz

 

 

 

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La dernière crèche de Bernard Lacroix, Noël 2014

Photographie de Claude Detraz

 

 

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"L'enfant Jésus de sa dernière crèche que Bernard avait attaché au berceau de peur qu'on le lui vole, lui qui aurait tant voulu s'envoler de sa chaise roulante!" Claude Detraz

 

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mercredi, 25 mars 2015 | Lien permanent

Armand Robin, Bernard Lacroix, poètes ”anarchistes de la grâce”

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Nativité. Sculpture de Bernard Lacroix. Photographie Galerie Fert.



Je dédie ce texte à la mémoire d'une "femme d'autrefois", Marie Deruaz, ma marraine.



" L'homme, lorsque le songe le prend,

Est grossement modelé d'origine et de fin.

Et de toutes les étoiles rassemblées

Et de toutes les lueurs de lune dispersées.

[...]

Anarchiste de la grâce, il se tend

En jongleur tendant ses mains en fleurs,

En blés, en étés saccagés, en automnes mécontents

Il demande..."

Armand Robin, Possibilité flottante in Le monde d'une voix.


*


Les titres des deux recueils poétiques d'Armand Robin, Ma vie sans moi et Le monde d'une voix (1) annoncent une libération de la fausse parole. Le premier renvoie à une quête de dépersonnalisation et de renoncement à ce qu'on appelle couramment, à tort, la vie: la vie sociale qui fige l'homme dans une image réductrice donc fausse, sans rapport avec l'être profond dont seule la parole poétique peut rendre compte. Aussi le poète cherche-t-il à se dépouiller de son "moi social" pour laisser venir, à même le poème, un autre moi plus moi-même que moi, pour reprendre la formule de Paul Claudel. Armand Robin cherche le poème pareil au "palais d'un langage étincelant de feuilles" qui abrite l'être profond, cet "autre moi":

La fraîcheur d'un silence à franges de ramilles
Le palais d'un langage étincelant de feuilles,
D'églantiers, d'aube en paix, d'herbes, de joies en deuil,
Parlent plus haut que moi que si j'étais en vie" (p.70)

De même, le second titre, Le monde d'une voix évoque un autre monde que le monde social que nous prenons abusivement pour le seul et vrai monde, une autre vie, cette vie intérieure que nombre de nos contemporains ont perdue, vie singulière dont nul totalitarisme ne peut se rendre maître, d'où s'élève la voix du poète.
Dès lors, le terme "anarchiste" prend un tout autre sens que celui des idéologies du même nom et ce, en dépit du fait qu'Armand Robin ait fréquenté les milieux anarchistes de son époque ( dont un certain Georges Brassens) et publié aux Éditions Anarchistes. "L'anarchiste de la grâce" désigne le poète qui "demande", mendiant du Verbe à la fois parole de Dieu et parole innocente, magie blanche de la grâce contre la magie noire de la fausse parole qui fait de nous des obsédés, ces Possédés que Dostoïevski a magnifiquement représentés dans son roman éponyme.
"L'anarchiste de la grâce" est ce réfractaire qui a identifié les puissances dominatrices réelles lesquelles ont changé et changent toujours de forme, au cours de l'Histoire. Dans son poème Le programme au cours des siècles Armand Robin montre qu'on ne peut les identifier qu'en se référant aux transcendantaux qu'il écrit avec des majuscules: la Foi, l'Âme, la Charité, l'Amour, l'Esprit de Vérité... Le programme au cours des siècles des puissances dominatrices est de supprimer ces transcendantaux pour se substituer à eux, dans une fuite en avant mortifère, une course vers l'anéantissement de l'homme, de l'humain dans l'homme. "L'anarchiste de la grâce" n'a donc rien à voir avec ces anarchistes autoproclamés qui nient les transcendantaux, il en est le contraire. Il refuse les puissances dominatrices, leur autorité illégitime, précisément au nom des transcendantaux ;  en termes théologiques chrétiens, il refuse le Prince de ce monde au nom du Verbe. Par là même, au nom du Verbe, au nom de Celui qui délivre de tous les maîtres, il refuse les serviteurs du Prince de ce monde. C'est là, me semble-t-il, le point commun essentiel entre Armand Robin et Bernard Lacroix.

                          

De multiples convergences, des échos, d'un poème à l'autre, relient ces deux poètes, frères des Impardonnables de Cristina Campo, convergences en provenance de la même foi, des mêmes fidélités.
Toute authentique poésie est orphique, c'est-à-dire musicale, depuis que la lyre d'Orphée s'est muée en constellation dans le ciel. Musique destinée, en premier lieu, à ressusciter les voix des morts. Dans la poésie d'Armand Robin comme dans celle de Bernard Lacroix, le poème est toujours un chant, qu'ils prennent des libertés avec les mètres et les rimes ou qu'ils recourent à la splendeur classique de l'alexandrin: chant qui convoque les voix des morts, des aimés disparus, ou rend grâce au monde qui s'en va. Ainsi le poème Femmes d'autrefois de Bernard Lacroix fait écho à Prière (2), un poème où Armand Robin donne la parole à sa mère. Les deux poèmes évoquent avec une infinie tendresse ces femmes aimées, humbles femmes du peuple. Armand Robin, prêtant sa voix à celle de sa mère, invente sa prière tandis que Bernard Lacroix laisse parler le silence de ces femmes d'autrefois, dans une scène d'ombre et de lumière comme on en voit dans les tableaux de Georges de La Tour:

"Une complainte sans âge attisait la braise,
La lampe veillait
Près du tabernacle de vos joies encloses. [...]
Je n'ose deviner vos prières secrètes
Devant le retable flamboyant de l'âtre."

Fidèles à leurs morts, Armand Robin et Bernard Lacroix le sont aussi à leurs racines, leur pays natal, leur langue. "Les anciennes souches, nul n'a pu me les arracher" (p.76) écrit Armand Robin. Tous deux fils d'agriculteur, ils célèbrent l'ancien monde paysan en lui redonnant vie et, suprême hommage, en redonnant vie à sa langue sous la forme d'anciennes chansons populaires. Une telle inspiration se retrouve dans plusieurs poèmes d'Armand Robin, par exemple La fiancée du sabotier qui commence ainsi:

"J'avais choisi pour bien l'aimer
Viens que je t'aime, douce aimée,
Une mignonne, une demoiselle.
J'allais souvent la voir chez elle.
J'ai pour venir te fréquenter
Viens que je t'aime, douce aimée,
Usé trois paires de sabots.
Pour toi je prenais les plus beaux." (p.46)

Et l'on retrouve le rythme des danses paysannes dans cet Air de ronde pour bretons:

"L'été dernier la Catherine
A perdu sa dernière dent.
Tra la la! quelle misère!
Tra la la! Dansons gaiement!" (p.49)
De même, on retrouve le parler populaire chablaisien dans ce Noël savoyard où Bernard Lacroix joue avec les patronymes et sobriquets, et donne la parole à sa grand-mère comme Armand Robin l'avait donnée à sa mère dans Prière.C'est que chacun d'eux ne veut pas écrire pour les privilégiés de la culture qui sont bien souvent les propagateurs de la fausse parole, mais pour le peuple. L'un et l'autre savent que les puissances dominantes n'auront de cesse de tuer la culture populaire pour la remplacer par la culture de masse, cette culture industrielle pourvoyeuse de divertissements abrutissants.

"Je veux un chant
Qui donne les reflets du couchant dans les bras des travailleurs [...]
Un chant, qu'entend le plus pauvre paysan
Et malgré la journée de poussière et de sueur qui l'engorge
Il se détourne du sentier le plus court
Et, se mêlant aux fleurs,
Il erre un instant
Au long des épis montant la garde à sa taille." (p.181) écrit Armand Robin. Nul doute que Bernard Lacroix ait fait le même vœu.
Une même conception de la poésie anime l'œuvre d'Armand Robin et celle de Bernard Lacroix, fondée sur le mystère de l'Incarnation.Dans son entreprise de dépersonnalisation, d'oubli de soi, Armand Robin quête un langage dont on percevrait qu'il est "verbe et non langage", "souffle et non rythme", "esprit et non poème", un langage par qui nous pourrions aborder à "un monde d'avant le monde, un monde encore innocent de mots". Tous deux sont en quête de l'esprit d'enfance, de l'innocence retrouvée. Aussi le thème de Noël est-il récurrent dans la poésie de Bernard Lacroix. L'Enfant Dieu descendu parmi les hommes, le Verbe fait chair offre la promesse de cette innocence comme nous le dit  un magnifique Noël:

" Il y a
Dans le silence retrouvé de mon âme
Le souffle ténu d'un enfant qui s'endort,
Quelque chose de doux et de chaud
Comme une petite main sur mon cœur."

Mendiants du Verbe, les "anarchistes de la grâce" Lui demandent de descendre dans leurs propres mots.

Élisabeth Bart-Mermin

Notes:
(1) Les éditions Gallimard ont rassemblé ces deux recueils dans un seul livre sous le titre Ma vie sans moi  (2004). Toutes les citations renvoient à cette édition. Les citations de Bernard Lacroix renvoient à des poèmes publiés sur ce blog, indiqués en lien.
(2)Prière est un long poème dont je ne peux citer qu'un bref extrait. La mère d'Armand Robin adresse au Christ cette prière pour son fils:
"Jésus toujours si propre et si coquet,
Ma prière d'aujourd'hui n'a pas les doigts lavés,
J'ai dû beaucoup peiner dans l'étable, vous le savez,
Mais j'ai pu cependant changer de tablier
Et j'espère que je mérite d'être exaucée;
Il ne peut pas vous déplaire puisque je l'aime tant;
Vous étendrez sur lui partout votre regard
Qui est clair et vaste comme un village au printemps;
Vous le ferez vivre comme autrefois je le faisais dormir". (p. 35)



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jeudi, 19 juillet 2012 | Lien permanent

L'hiver

bonnefoy sous la neige 13 mars 2013 011.JPG

Photographie JN Bart

 

 

 

 

 

Il va neiger. Tout va disparaître soudain. Il faudra deviner le chemin, deviner les toits, deviner les pâtures où quelques bêtes hirsutes piétinent encore, deviner les bruits assourdis, les gestes défaits, deviner le jour qui vient ou qui s'en va, tendre l'oreille au silence.

Il neige. Je ressemble à l'oiseau qui ne reconnaît plus ses branches et qui cherche un abri pour y blottir son cœur au ralenti. Il me faut des occupations qui ne prennent pas l'esprit, qui ne m'obligent pas à réfléchir.

 

Les gens d'autrefois profitaient de ces moments perdus pour faire un tour de village, payer leurs dettes, s'asseoir un moment autour des poêles brûlants, une tasse de café à la main, deviser de toutes ces petites choses de la vie que les travaux d'été faisaient mettre un peu de côté. On voyait les enfants grandir, les vieux vieillir, les rides s'emparer peu à peu des visages... "Tiens, on est quatre! On ferait bien une petite belotte?" . Le temps s'étirait délicieusement tandis qu'au dehors, les arbres s'agitaient en vain.

Je me souviens que, tout enfant, avec ma cousine Suzanne, il nous arrivait d'accepter, non sans une petite appréhension, l'invitation de Mile à la Bielle qui nous servait dans des tasses douteuses un café non moins douteux. Pour nous étonner, il mettait en route son tourniquet : un vieux mécanisme d'horloge qu'il avait bricolé pour en faire une sorte de petit manège. Il le posait sur une chaise devant sa porte lors du passage de la procession de la Fête-Dieu, exhibant ainsi son seul trésor, sa manière à lui de rendre hommage.

Comment ces pauvres hères se débrouillaient-ils pour survivre? Tant qu'ils avaient les bras solides, on les embauchait pour les travaux des champs, mais plus tard, quand la vieillesse les rendait inutiles, on leur faisait couper du bois, battre la faux, balayer la cour, réparer les paniers... L'hiver, ils allaient d'une ferme à l'autre. Les femmes leur payaient la goutte, les retenaient à dîner par la force des choses, puisqu'ils étaient là, le derrière cloué à la chaise. Pour se "retourner", ils apportaient, en guise de présent, des pommes, des noix sauvées des roues des charrettes, des bouts de fil de fer... "Tiens, je vous ai trouvé une bricole, ça peut toujours servir!". Alors, un vieux malin sortait de sa poche une poignée de clous usagés qu'il avait préalablement soigneusement redressés avec un marteau. 

 

Pendant la période de Noël et du Nouvel An, on faisait une cure de rissoles, de riames (1) ou de mulets (2). Tout ça vous occupait l'estomac pour un bon moment et vous obligeait à boire un peu plus que de coutume. " J'en bet enco yon, pu pas allo à vau! " (3) Le bon prétexte!

La mauvaise saison s'écoulait ainsi doucement, de portes en portes, avec sa provision de gâteries et de nouvelles.

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°4

 

(1) Couronnes des Rois.

(2) Pruneaux et raisins secs enrobés de pâte à pain et ensuite bouillis.

(3) "J'en bois encore un, ça ne peut pas descendre!"

 

 

 

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vendredi, 19 décembre 2014 | Lien permanent

Souvenirs d'enfance

jean-michel lacroix,souvenirs d'enfance

Photographie de JN Bart

 

 

 

 

 

Il y a un demi siècle de ça, Louisa me disait : " Il n'y a rien de plus propre que l'eau!" Elle répondait ainsi à ma question: " Pourquoi tu ne mets pas du savon, pour faire la vaisselle?"

Si Louisa savait combien l'eau propre se raréfie, de nos jours!... Ce qui ne nous empêche pas de l'utiliser en abondance pour "tirer la chasse".

Maintenant, on rit de la cabane au fond du jardin, et aussi de ceux d'entre nous qui réinventent les toilettes sèches.

 

Quand j'étais petit, je passais des heures dans la petite pièce qu'on avait coutume de nommer "le débarras". Là, je pouvais à loisir ouvrir des boîtes à chaussures qui contenaient des trésors. Une boîte remplie de boutons de toutes sortes, une boîte pour les ficelles, une pour les papiers d'emballage de Noël et les papiers de soie. Une étagère pour les journaux qui serviraient à allumer le feu, une pour les vieux habits qui aideraient à en ravauder de plus récents après une après-midi passée à la luge ou aux bois.

 

Chaque jour que Dieu faisait, et selon la saison, des légumes encore tout vivants arrivaient à notre table, transformés en bonne soupe le soir même. On gardait précieusement un rond d'orties pour faire la soupe meilleure.

 

Les poules étaient vénérées tant elles faisaient partie de la famille...Des poubelles? Je n'en ai jamais vu! On avait un compost au fond du jardin qui acceptait tout ce qui n'était pas passé par leur gamelle (les poules), ou celle des chats.

 

On achetait le pain au boulanger qui arrêtait sa 2CV fourgonnette chaque matin devant la maison . Un ou deux moutons, parmi ceux qui tondaient l'herbe au verger, sous les pommiers, poiriers, pruniers, cognassiers, mirabelliers, étaient sacrifiés pour servir notre table ou être échangés pour du bœuf. Le Chablais était, à l'époque, le plus beau pays du cassis et surtout de la framboise, qu'on portait à la pesée pour en tirer quelque revenu. Les pommiers, qui servaient d'ombrage aux vaches, fournissaient le jus de pomme pour les enfants et le cidre pour les hommes. Les pommes et poires "de garde" devenaient les réserves de minéraux, sucres et douceurs une fois transformées en tartes ou rissoles, cuisinées à base de poires Lou ou, à défaut, de poires curé.

   

En ce temps pas si lointain, les cloches sonnaient jour et nuit, accompagnant nos vies et réglant notre quotidien, sans toutefois nous réveiller.

Pour ceux d'entre nous qui n'avaient pas de vaches, la fruitière (fromagerie) du village était tout à la fois un lieu de rendez-vous quotidien ainsi que le lieu où on s'approvisionnait en fromage, lait, beurre. Ce beurre, aussitôt moulé dans la marque à beurre, à la fois pour le décorer et le mesurer à 250 grammes, était mis à refroidir dans la source de la fromagerie.

L'hiver arrivant, l'alambic était prétexte à un rassemblement mâle.

 

Quand j'étais petit, on donnait un foin différent chaque jour à nos vaches, afin d'éviter les carences, et ce qu'on appelait les prins ( en savoisien, petit), c'est-à-dire les graines du foin tombées dans la grange, étaient servis aux bêtes, mélangés à de la betterave râpée et du son, pour les rafraîchir et aider à la digestion ainsi qu'à la production de lait, et avant ça, à la gestation des mères (vaches, bien entendu).

 

Mon Dieu, il y aurait tant à dire!...

Le croirez-vous? Il m'est arrivé tant de fois d'aller prendre à la rivière, alors que j'avais huit-dix ans et plus, des truites farios nées dans ce cours d'eau! Tout ceci à la main, et en total respect de cette population. Ma rivière est maintenant devenue un égout dans lequel je ne voudrais pas plonger les mains de peur d'en tirer un rat...

 

Jean-Michel Lacroix

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lundi, 13 janvier 2014 | Lien permanent

Homélie du Père Vittet aux obsèques de Bernard Lacroix

 

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Vierge à l'enfant de Bernard Lacroix

Têtes de houes soudées (38×18×08)

 

 

 

 

 

Bernard, c'est beaucoup d'émotion pour moi d'être ici pour t'accompagner. Je remercie ta famille qui m'y a convié.

 

Avant de commenter l'Évangile, je voudrais te dire merci pour cette longue amitié que nous avons partagée depuis notre enfance. La guerre et ses conséquences douloureuses avaient rapproché nos familles et tissé des liens entre nous.Ces moments difficiles n'ont-ils pas développé chez toi le rêve, le désir d'évasion, l'envie d'échapper à l'emprise? Ils ont fait de toi l'Artiste. C'était la musique, les instruments, le chant, l'expression de tes sentiments, c'était le poète des "vents murieux", l'humoriste qui savait si bien décrire les personnages de nos villages. Puis le peintre s'est manifesté et je garde précieusement l'une de tes premières œuvres : le château de Buffavent. J'ai eu la chance par la suite d'être associé à tes premiers rêves d'un musée du patrimoine.

La vie et, pourquoi ne pas le dire, une vision différente de l'avenir de notre Église, nous ont séparés. Et puis un jour, la table de chez Dret nous a permis de nous retrouver. Merci à Jean-Claude et à sa famille. Par la suite ce furent les belles rencontres chez Christian et Marie-Christine avec Jean Lacroix et d'autres amis. 

Un jour, la maison de retraite de Cervens est devenue notre lieu d'échanges. Les résidents n'oublieront pas la dernière messe de Noël autour de ta magnifique crèche!

Et puis est venu ce jour récent où j'étais auprès de toi l'ami et aussi le prêtre. J'ai vu avec quelle intensité tu as confié ton avenir au Seigneur. Quelle foi! Quelle sérénité, quelle envie de vivre t'habitait! Merci, Bernard, pour notre rencontre.

 

Venons-en à l'Évangile. (1)

 

Il m'a d'abord posé des questions. Je me trouvais devant un juge souverain. D'un côté les brebis, de l'autre les chèvres, venez à moi, vous les bons, les autres allez au diable. C'est le même Jésus qui nous dit "Je ne suis pas venu pour juger mais pour que vous ayez la vie et que vous l'ayez en abondance".

Je me suis rappelé alors que j'avais fait des études sur le style apocalyptique, sur le langage codé. Il ne s'agit pas de jugement ni de condamnation mais d'un Dieu passionné de l'homme qui invite, stimule : ne vous installez pas, aimez, participez au bonheur de l'homme, de tous les hommes.

Comment pourrait-on imaginer un Dieu juge? Lui, le père de l'enfant prodigue. Celui qui dans Isaïe nous dit "Je vous aime comme un père et une mère". J'en ai vu des mamans à la prison de Bonneville serrant leur fils dans leurs bras, les embrassant, les caressant, les encourageant. Et ce même Dieu ajoute : " même si une mère oubliait son enfant, moi je ne l'oublierai jamais". Dieu ne juge aucun être humain puisque chacun de nous, à commencer par le pire, est son enfant.

Peut-on imaginer Jésus condamnant Marie-Madeleine qui pleure son passé? Jésus s'identifie à l'homme, à chaque homme, à vous, à moi. Pour lui, chaque homme est précieux. "J'ai faim, je suis immigré, je n'ai pas la même religion, la même race: et bien moi, Jésus, je suis chacun de ces hommes. Aimez moi en les aimant".

 

Alors que notre joie soit grande en pensant à l'accueil qui a été fait à Bernard, même si, comme moi, comme vous, il a eu des ratés dans sa vie.

Bernard s'est présenté avec son message d'humanité et de fraternité qu'il a su faire passer à travers ses œuvres, la formation artistique des jeunes, son humour, sa gentillesse, et aussi, j'avais oublié, les bêches, les rablais (2), les sarclorets (3) qu'il savait si bien transformer en personnages de notre temps.

Bernard, je sais que cette Porte que tu as franchie t'a ouvert à l'éblouissement, à l'éclatement de tout l'amour que tu as partagé avec Dieu et avec nous tous.

Continue de développer tes talents pour ceux qui t'entourent et surtout continue de nous accompagner sur le chemin. Merci Bernard.

 

Père Vittet

 

(1) L'Évangile: Matthieu 25, 32-46

(2) rablais ou rablè en patois: sarcloir, ratissoire

(3) sarcloret ou sarklorè en patois: serfouette

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mardi, 31 mars 2015 | Lien permanent

Les cloches de Notre-Dame de Paris

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Inscription sur la cloche Etienne, l'une des huit nouvelles cloches de Notre-Dame de Paris. Photographie JN Bart, fonderie Cornille-Havard, le 13 octobre 2012.


Le 23 mars 2013, les cloches de Notre-Dame de Paris sonneront à toute volée pour la solennité des Rameaux. On entendra pour la première fois un ensemble composé de huit nouvelles cloches pour la tour nord et d'un nouveau bourdon pour la tour sud, ensemble qui aura été présenté au public et béni le samedi 2 février 2013.

Chers lecteurs, vous pouvez écouter la reconstitution de la sonnerie des tours de la cathédrale à la fin du XVIIIe siècle telle qu'elle sera rétablie avec ce nouvel ensemble campanaire, ainsi que découvrir l'historique de la sonnerie de Notre-Dame de Paris et le déroulement de cette magnifique réalisation vouée au jubilé des 850 ans de la plus célèbre des cathédrales françaises, ICI. (1)


Seul le bourdon Marie aura été réalisé par la fonderie hollandaise Royal Eijsbouts, à Asten. Les huit cloches de la tour nord seront l'œuvre de la fonderie Cornille-Havard, à Villedieu-les-Poêles, dans la Manche, discrète petite ville et néanmoins l'un des plus beaux fleurons de l'artisanat français, riche d'une longue histoire.Notre pays  abrite toujours ce merveilleux art campanaire, un art qui a traversé les siècles, grâce à trois fonderies, Cornille-Havard, Paccard en Haute-Savoie et Bollée à Orléans, les seules dans l'Hexagone.Portant au plus haut niveau l'exigence de qualité, riches d'un savoir-faire issu d'une tradition multiséculaire, ces trois entreprises exportent leurs créations dans le monde entier.

Vous pouvez visiter le site de la fonderie Cornille-Havard ici et celui de la fonderie Paccard là.

Fondée en 1715, la fonderie Bollée est la plus ancienne. Sise à l'origine à Annecy-le-Vieux où elle fut fondée en 1796, la fonderie Paccard s'est installée en 1989 dans des bâtiments modernes à Sévrier, au bord du lac d'Annecy. C'est elle qui a fondu La Savoyarde, l'une des cloches de l'église du Sacré Cœur de Paris. La plus récente, la fonderie Cornille-Havard, est née en 1865 mais n'a jamais quitté son atelier d'origine à Villedieu-les-Poêles. Rien n'a changé depuis le XIXe siècle dans cet atelier où le visiteur peut découvrir, en ce moment, les différentes étapes de la fabrication des cloches de Notre-Dame. C'est un travail d'extrême précision afin d'obtenir la sonorité souhaitée. Les décors sont réalisés en relief sur un moule puis le métal en fusion y est introduit, prenant la forme exacte de la cloche. Chaque cloche reçoit un prénom qui rend hommage à de grands saints et à des personnalités ayant marqué la vie du diocèse de Paris et de l'Église.

Les cloches Marcel et Etienne ont été coulées le 3 août, Denis, Maurice et Jean-Marie, le 13 septembre 2012. La coulée demande une grande attention et un immense savoir-faire. Pour celle du 13 septembre, de 8 tonnes 500, il a fallu allumer à 4h15 le four réverbère du XIXe siècle, puis le chauffer pendant huit heures pour la coulée à 12h15.


Un mois plus tard, le 13 octobre, voici ce que j'ai vu à l'atelier :


 

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Moule  dans la fosse, en attente de la coulée.

 

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Denis ( en l'honneur de saint Denis, 1er évêque de Paris vers 250 et patron du diocèse) cloche de Notre-Dame en attente du polissage.

 

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Etienne ( en l'honneur de saint Etienne, 1er martyr mais aussi nom de la basilique érigée à partir de 690 à l'emplacement actuel de la cathédrale), dans la cour de la fonderie, prête à ... s'envoler vers Notre-Dame!

 

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Inscription latine sur Etienne : Via viatores quaerit, La voie appelle les voyageurs.

Photographies JN Bart

 

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La cloche est un instrument de musique ; un ensemble comme celui de Notre-Dame de Paris crée un paysage sonore. Tout l'art campanaire consiste à trouver la note juste, chaque cloche ayant la sienne ; d'ailleurs, dans la cour de la fonderie Cornille-Havard, chacun peut s'exercer sur un carillon mis à la disposition des visiteurs.

Si elle se prête à des usages profanes, la cloche est avant tout un instrument de musique sacrée qui occupe une place irremplaçable dans la liturgie catholique. Elle est, selon le mot de Charles Péguy, "la voix de Dieu". Via viatores quaerit, vox viatores quaerit : elle appelle les voyageurs que nous sommes sur cette terre, au recueillement, à la prière, à l'allégresse des grandes fêtes liturgiques, Noël, Les Rameaux, Pâques, La Pentecôte... Elle se tait pendant la Semaine Sainte puis sonne à toute volée le jour de Pâques : qui n'éprouve alors, qu'il soit croyant, agnostique ou athée, un élan d'espérance? La musique des cloches exprime aussi les émotions et sentiments des évènements familiaux, le mariage, le baptême, le décès, ou des grands évènements collectifs telle la libération de Paris, en 1944.

Dans l'ancien monde rural qui avait un sens du sacré que nous avons perdu, la cloche rythmait les journées des paysans comme le rappelle Bernard Lacroix dans ses Notes sur la vie d'autrefois en Chablais :

" Ponctuée par la sonnerie de l'Angélus, la journée se déroulait selon un rite immuable, je l'appellerais : la liturgie du quotidien.

La foi était intimement mêlée à la vie quotidienne. [...] Aux champs, les hommes se découvraient quand sonnait l'Angélus."

Aujourd'hui, notre vie est rythmée par d'autres sonneries, les bip-bip sans âme produits par la technologie, des bruits exaspérants, des musiques vulgaires envahissantes. Il n'empêche... Une part de l'ancien monde perdure, résiste, une part éternelle. Les nouvelles cloches de Notre-Dame, pour son 850e anniversaire, témoignent que si les civilisations sont mortelles, il reste toujours quelque chose d'elles, un souffle et une flamme qui ne se sont jamais éteints, prémices d'une renaissance. Que serait Notre-Dame sans ses cloches, que serait Paris sans Notre-Dame? Une coquille vide, un squelette.


Élisabeth Bart-Mermin


(1) Merci à Jean-Michel Lacroix, sonneur de cloches pour son petit village de l'Entre-Deux-Mers, qui m'a envoyé ce lien.



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vendredi, 23 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (4)

Le château de Buffavent, 2

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Le château de Buffavent à Lully (Haute-Savoie)

 

 

 

 

 

Rappel :

Le château de Buffavent, 1

 

 

Les propriétaires du château de Buffavent

 

 

Du XVe au XXe siècle, le château fut la propriété de quatre familles nobles, passant de l'une à l'autre par le jeu des alliances, au fil des successions. Au début du XXe siècle, faute d'héritiers directs, il est vendu une première fois, puis revendu deux fois jusqu'aux propriétaires actuels.

 

De 1460 à 1531, le château appartient à la famille de Langin.

C'est probablement François de Langin qui fit construire le château de Buffavent. Louis de Langin et son frère François, seigneur de Veigy, font le 13 juin 1460 un pacte de famille et d'affection mutuelle qui les engage, entre autres, à régler l'ordre de leur succession réciproque en cas d'absence de mâles dans l'une ou l'autre branche.

En 1461, Louis de Langin conduit 800 hommes d'armes à Chypre, envoyés par Louis de Savoie à son père, le duc Louis 1er de Savoie, époux d'Anne de Lusignan, fille du roi de Chypre*.

Si l'un des deux fils de Louis, Guigues, semble être le premier des Langin à avoir porté le titre de seigneur de Buffavent, c'est son frère, Philibert, co-seigneur de Buffavent, qui teste en faveur de ses sœurs Jeanne et Antoinette, selon un testament établi à Buffavent. Jeanne épousera Georges d'Antioche, baron d'Yvoire. Antoinette, cohéritière de Jeanne, épousera Aymon de Bellegarde et lui apportera le château de Buffavent.

 

De 1531 à 1640, le château appartient à la famille de Bellegarde.

Le château et le titre de seigneur de Buffavent appartiennent aux Bellegarde sur trois générations. Antoinette et Aymon de Bellegarde ayant eu deux fils et une fille, leur fils Claude-Urbain hérite de Buffavent. Il épouse Amable de Bellegarde ( sans doute une cousine) et meurt en 1571. Leur fils Pierre-Noël hérite de Buffavent par testament de sa mère en 1601. Marié à Jeanne de Montferrand, il meurt en 1640. Jeanne se remarie avec Scipion de Seyssel. Buffavent passe alors aux Seyssel.

 

De 1632 à 1760, le château appartient à la famille de Seyssel.

Scipion, seigneur d'Ambilly, co-seigneur de Compoix, se mariera quatre fois.

De sa première femme, de nom inconnu (probablement Béatrice de Blounay), il a une fille qui se mésallie en épousant un sieur de Favrat de Bellevaux, fort riche et considéré. Leur contrat de mariage est signé à Buffavent le 31 janvier 1644.

En deuxième noce, Scipion épouse Jacquemine Jaillet, fille d'une famille de Lucinge en Faucigny, veuve de Nicolas de Lucinge de Châteublanc. De ce second lit, naissent quatre enfants dont Louis de Seyssel qui devient seigneur de Buffavent par testament de Jeanne de Bellegarde, la troisième femme de son père, en mai 1650. Il a un fils et une fille de son second mariage avec Anne-Marie de Varax.

Son fils, Pierre-Louis-Scipion de Seyssel épouse en 1715 Catherine Prospère de Rodrette.

Sa fille, Françoise-Philippe de Seyssel épouse en première noce Balthazar de Genève et en deuxième noce , le 4 novembre 1716, Claude-Charles de Gerbois de Sonnaz. Par un premier testament, le 20 mars 1729, elle s'intitule fille d'Anne de Varax et laisse à son mari Claude-Charles de Gerbois de Sonnaz la seigneurerie d'Habère héritée de sa mère. Après avoir recueilli la succession de son frère Pierre-Louis-Scipion, elle fait un second testament, le 8 mars 1760, par lequel elle laisse à son mari la seigneurerie de Buffavent qui passe ainsi dans la Maison de Gerbois de Sonnaz. Les armes de cette alliance Gerbois-Seyssel se voient encore sur une boîte ancienne conservée au château de Chambéry, chez la comtesse de Sonnaz. Á l'intérieur de cette boîte sont deux cœurs avec cette devise: "Leur union fut éternelle".

 

De 1760 à 1922, le château appartient à la famille de Gerbois de Sonnaz.

Le fils de Claude-Charles Gerbois de Sonnaz et de Françoise de Seyssel, Janus, né en 1736, épouse en première noce Julie de la Balme de Montchalin, puis en deuxième noce Christine de Maréchal, fille de Jacques de Maréchal, comte de Salmon et d'Anne de Saint-Séverin. De leur union naissent trois enfants, Joseph, Madeleine et Hector.

La fille de Joseph, Joséphine de Gerbois de Sonnaz, épouse le 25 février 1851 le Baron Joseph-Melchior de Livet de Montchaux.

Hector meurt en 1867 et laisse deux fils, Albert et Joseph-Jean, qui rachètent Buffavent à leur tante la baronne de Livet.

Le comte Joseph-Jean de Gerbois de Sonnaz, général de l'armée italienne, sénateur au royaume d'Italie, demeurant à Rome, décédé sans testament le 7 avril 1905, laisse comme unique héritier Charles-Albert, également sénateur du royaume d'Italie et ancien ambassadeur à Rome. Á la mort de celui-ci, en 1922, sa veuve Marie Avogrado décide, en l'absence d'héritiers directs, la vente de Buffavent qui est alors racheté par les Vargnoz, et en 1943, par les Bernard.

 

Prosper Brébant et sa famille ont habité Buffavent jusque dans les années 80-90 comme fermiers.

Le château a été ensuite racheté par les propriétaires actuels, deux amis venant de Genève.

 

E. B-M

 

*Le lien étroit de vassalité (et sans doute d'amitié) entre les Langin, le duc Louis 1er de Savoie et son épouse Anne de Lusignan, explique la présence de la légende de Mélusine (à laquelle était liée la famille de Lusignan) au château de Buffavent. Nous y reviendrons dans une prochaine note.

 

(Á suivre...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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lundi, 29 février 2016 | Lien permanent

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