mardi, 31 mai 2016
Le ciel des humbles, 1
Photographie de Robert Taurines
La croix du chemin est un autre bachal, une autre source tout aussi fidèle, tout aussi insistante et devenue tout aussi dérisoire. Ici-bas, on ne souffre plus, le paradis est sur terre.
L'homme ne croit plus qu'en lui-même. Dès son premier souffle, il s'engouffre sur le chemin de la mort, oubliant qu'elle est au bout.
Voit-il encore la montagne? Voit-il ces nuages inquiétants?
Il file, alors que rien ne le poursuit ; passe ses joies avec sa voiture ; s'empiffre des poisons qu'il engendre ; laisse derrière lui des traces nauséabondes d'un progrès qui a tout inventé, sauf le bonheur.
Bernard Lacroix, Mémoire des jours, (Bias, 1990)
16:25 Publié dans Méditations, Mémoire de la Savoie | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
mercredi, 18 mai 2016
Le château d'Avully
Le château d'Avully, Brenthonne (Haute-Savoie)
Non loin du château de Buffavent, sur la commune de Lully, se dresse une autre maison-forte, le château d'Avully, situé sur la commune de Brenthonne, construit au XIVe siècle. D'abord propriété de la famille de Boëge, l'édifice passe à la fin du XVe siècle aux mains de la famille de Saint-Michel, genevois convertis au protestantisme. Antoine de Saint-Michel, baron d'Avully, reviendra au catholicisme en 1596 . Il est le premier seigneur chablaisien converti par saint François de Sales lequel résidait alors au château d'Allinges.
C'est la famille de Sales qui rachète le château au milieu du XVIIIe siècle et l'abandonne en 1896. Dans les années 1950, il tombe progressivement en ruines jusqu'à ce que Jean Guyon le rachète et commence à le restaurer en 1971. Il est classé Monument Historique en 1974. Aujourd'hui, Michel et Pierre Guyon poursuivent l'œuvre de leur père.
Désormais magnifiquement restauré, le château est ouvert au public pour des expositions, concerts et manifestations culturelles:
Dimanche 22 mai 1976, à 17h, récital de musiques tzigane et viennoise:
Expositions juillet-août 2016 de 13h à 18h:
Charlemagne d'après le roman féodal de Girart de Vienne
Les Fables de La Fontaine
Sculptures de Greta Zluhan
Renseignements:
Courriels: info@chateau-avully.com
Site: http:// chateau-avully.com
18:24 Publié dans Patrimoine d'ici et d'ailleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : château d'avully, brenthonne, barons de saint-michel d'avully, françois de sales, jean guyon, michel guyon | Imprimer |
mercredi, 11 mai 2016
Du patois au galimatias. (Lettre à madame Vallaud-Belkacem)
Il fut un temps, préhistorique pour les jeunes générations, disons fin XIXe -XXe siècle, où l'École Républicaine avait l'ambition d'apprendre à tous les petits français la langue de leur pays. Le but n'était pas de faire de chaque enfant un futur académicien mais qu'il maîtrise l'orthographe, la grammaire et le vocabulaire de base. Le prix à payer fut relativement lourd pour les enfants du peuple : l'abandon de leur langue natale, régionale, c'est-à-dire leur patois.
En ce temps là, la République n'y allait pas de main morte : s'ils parlaient le patois à l'école, les récalcitrants subissaient des sanctions qu'on jugerait aujourd'hui humiliantes, comme le raconte le Breton Pierre-Jakez Hélias dans Le cheval d'orgueil, récit de son enfance publié en 1975.
Il faut relire aussi cette anecdote pleine d'humour racontée par Bernard Lacroix : les écoliers savoyards avaient du répondant!
Les méthodes coercitives de l'École d'antan furent efficaces. Dans toutes les régions de France on intériorisa l'idée que parler le patois c'était arriéré, demeuré, "plouc". Les patois devinrent, comme le grec et le latin, des "langues mortes".
Toutefois, depuis les années 70, l'émergence de courants régionalistes a favorisé la prise de conscience de la richesse des langues régionales et, dans plusieurs régions de France, celles-ci sont désormais enseignées à l'université en même temps que la mondialisation tend à faire disparaître de nombreuses langues. Vous pouvez constater ici que notre langue, le francoprovençal ou Arpitan, dont nos patois savoyards sont dérivés, est en danger.
Pourtant, on peut penser que l'apprentissage des langues régionales pourrait favoriser l'intérêt, le goût pour les langues. Songeons à l'exemple du grand poète et fabuleux polyglotte Armand Robin qui, pendant les sept premières années de sa vie ne parla que le fissel, un dialecte breton.
Aujourd'hui, l'École de la République prend un chemin inquiétant, voire angoissant, celui du mépris des enfants du peuple qui n'ont pas droit à un enseignement de qualité, à l'éducation par l'effort, à l'accès à des cultures savantes. La réforme des collèges 2016 fait disparaître l'enseignement du grec et du latin, pour ne citer qu'un exemple de son catastrophique programme. Quant à la réforme de l'orthographe... mieux vaut en rire qu'en pleurer, et apprendre à la maison, à nos enfants ou petits-enfants, l'orthographe si complexe de notre belle langue pour leur laisser la chance de pouvoir lire un jour nos poètes, écrivains et penseurs. Du patois que la République a voulu jadis éradiquer, on va tout droit au galimatias pour tous comme le suggère cette lettre hilarante à madame la ministre de l'Éducation Nationale que Jean-Claude Fert m'a envoyée. Un grand merci à lui.
Élisabeth Bart-Mermin
CHAIR MADAME VALLO BELLEQUASSEME
Najat, vous perméter que je vous appel Najat, in? Je suis comptant. Je suis d'accort à sans pour sans avec la raiforme de' lortograf. Enfaim kelk 1 qui nous a comprix. Je nan pouvez plus du prof de fransé qui nous parle toujour de Cornaye, hauteur qui est deja maure. Moi qui n'arrive pas a terminet le dernier Musso! Il paré que vous avez soustenu la téaurie du janre. Cé quoi sa? Abiyer les garsons en fille? Vous dépasser les baurnes. Mais vous avez rézon. Les maux sont trot conpliké. Tous ses axan nainportou, c'été une turi. Depui la maternaile, les dictez son mont cochemarre. Heureuseumand que les naute ont tété suprimais. Avent, javez des bultains grave. Vous avez changer toussa. An plusse, sur Kanal vous aitié vrémant jantyee avaique un barebu. Par pitiez, ne féte pas come votre colaig Kristiann Tobiraz, ne kiter pas le gouvairnemans. J'éme bocou votre sous-rire. Dézormai, il est clair mes journez. J'avous , il y a des foies ou je saiche les colles. Ne le raipété pas a ma maire. Elle manpecheraie de regerdez Ze Voillece. Sept un secré entre nous.
Vous aite la mayeure ministre. Mairsi de nous zanlevez cé trés d'union qui son tinutil.
Jé une favœur a vous deuxmandez. Mintenand, je voudré fer 1 staje dans vos buros rue de Grrrnell. Vous savet, grasse avou, je vé bientaut avoir mon back lé doa dans le né. Cé mairvéyeu. Sa cera un trait bo kado pour mé 23 zan.
Je vous quiffe.
17:50 Publié dans Patois savoyard et sabaudismes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : patois savoyard, réforme de l'orthographe, réforme des collèges 2016, najat vallaud-belkacem | Imprimer |