mardi, 13 février 2018
Conte de fée chablaisien
Sophie Gengembre Anderson ( 1823-1903) Take the fair face of woman
En patois chablaisien, le mot "fée" se dit foye . Voici un conte populaire, en patois transcrit phonétiquement, où l'on retrouve le thème universel de... la curiosité féminine!
Dyã le tã, y avè dé foye ke réstovã dyã lu bwè de la Sola, yowe õ n ã di la rosh a lé foye. Lé zhã lyœ balyivã ko bē, õ yozhe, na fèna de shi léya porta dü lafé dyã õ sèlyo, yina dé foye ã la rmarchã lye dze : tlé, zh é mètü kokrã dyã vütrõ selyo, vo n y égétri po dvã k étre shi vo. Rla fèna s n ala avó, mé i lye fasè tarèla de savè se ke le portove. Sãfoke ly égéta, pwé le ve na grusa punya de folye de shéne. Le se pãsa : le s è mokoye de me, pwé le tra le sle folye. Y ã réstove bē daw ü trè ü kü dü sèlyo:
− Y ã bal tã, letye! ke le dze.
Pwé le felya sõ sheme. Kã le fe shi lyè, savive se ke le trova a la plas de dü tre folye k ètyã résté kulé? dé pis d'ór!
Extrait de Le patois de Saxel de J.Dupraz ( Les Belles-Lettres, 1969)
Dans le temps, il y avait des fées qui restaient dans les bois de la Salle, où on en dit la Roche aux Fées. Les gens leur donnaient encore bien. Une fois, une femme de chez Layat leur porta du lait dans un seillot. Une des fées en la remerciant lui dit : voilà, j'ai mis quelque chose dans votre seillot, mais vous n'y regarderez pas avant d'être chez vous. Cette femme redescendit, mais elle avait grande envie de savoir ce qu'elle portait. Alors elle y regarda et elle vit une grosse poignée de feuilles de chêne. Elle se pensa: la fée s'est moquée de moi, et elle tira loin ces feuilles. Il en restait bien deux ou trois au fond du seillot.
− Elles ont bel temps, celles-là, dit-elle.
Puis elle fila son chemin. Quand elle fut chez elle, savez-vous ce qu'elle trouva à la place des deux trois feuilles qui étaient restées collées? Des pièces d'or!
23:07 Publié dans Patois savoyard et sabaudismes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
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