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mardi, 17 septembre 2013

La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels, 2

 

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Le mancheron de la charrue

 

J'ai eu l'honneur de recevoir au musée un des pères de l'agriculture biologique. Au cours de la visite il me désigne avec surprise un des araires de ma collection: " Vous avez là, me dit-il, une pièce évocatrice et très précieuse: une charrue templière initiatique!". Je n'ai pas eu sur le moment la bonne idée de lui en demander davantage. Mais m'en aurait-il dit davantage...?

 

Plusieurs années plus tard, Madame C., professeur à l'Université de Genève, au cours d'une visite du Musée semble tout à coup pareillement intriguée par le fameux araire. Cette fois-ci, je n'ai pas laissé passer l'occasion d'en savoir un peu plus:

"Le mancheron de l'araire est le même que celui des araires de la Haute Egypte, m'a-t-elle appris, dont on a utilisé la forme, le signe, le sigle dirions-nous aujourd'hui, pour désigner l'amour (AM-R) : deux choses qui se réunissent pour n'en former qu'une seule". N'oublions pas que la charrue est le symbole de la fécondité, voire de la virilité.

 

Une première remarque : le soc est neuf, son bâti, son cep ornés. Le mancheron par contre est usé, poli par l'usage et, de plus, ne semble pas avoir été rapporté.

 

Une deuxième remarque : le fameux mancheron est peu pratique à l'usage. Étriqué, il ramène les bras le long du corps au lieu de les écarter, ce qui a pour effet d'enlever toute force aux bras qui le maintiennent.

-Le Temple disait qu'une seule science pouvait être livrée au peuple dans son entier : l'agriculture, parce qu'elle est une science pacifique.

-Le mancheron était simplement tenu : une prise de courant tellurique, une connexion, une position, une attitude initiatique...?

-Il existe bien des simulateurs de vol, de conduite automobile, pourquoi n'y aurait-il pas des simulateurs de labour?

-Si cela est pensable à défaut d'être vérifiable, cette pratique devait s'adresser à des initiés, réceptifs à l'enseignement, aptes à recevoir la connaissance, bref, en état de grâce.

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8

jeudi, 12 septembre 2013

La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels,1

conférence de bernard lacroix,beauté des formes utiles,symbolisme des objets et outils traditionnels

Brueghel le Jeune, La moisson

 

 

 

 

En décembre 1999, dans le cadre d'un cycle de conférences-débats, au château de Ripaille, sur le thème La beauté des formes utiles, Bernard Lacroix donna une conférence intitulée La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels. Nous en publierons plusieurs extraits dont voici le premier.

EBM

 

*

 

La connaissance

 

Il y a la connaissance objective, la connaissance subjective. Mais il y a une autre connaissance, celle qui résulte de l'initiation. Comment la définir? Comment expliquer l'inexplicable? Comment faire parler le silence? Faute d'une définition officielle, faute de la trouver dans le dictionnaire, je vous soumets la mienne, avec humilité : "Une formidable culture, sans écrits ou presque, sans âge, qui va derrière, devant et au-delà des mots. Il faut, pour l'aborder et puis la recevoir, avoir le don, le talent infus de comprendre l'incompréhensible, de deviner, de ressentir, la secrète nature de la matière, des choses, des hommes et du temps."

 

Il y a bien sûr des degrés dans l'initiation, dans la connaissance : n'oublions pas, par exemple, que le compagnonnage est une confrérie ouvrière. J'y fais souvent référence parce qu'elle cultive, maintient des traditions séculaires, des pratiques souvent mystérieuses et secrètes, mais allant toujours du côté de la réflexion, de la perfection, avec pour finalité la qualité intrinsèque du travail.

 

Pourquoi cette présentation d'outils aratoires me conduit-elle à vous parler d'initiés? Parce que l'agriculture est une science qui se transmet de père en fils, qui fait appel à la tradition, à l'observation, à l'expérience, à la déduction, au silence... sa pratique laisse toute latitude à l'esprit. Les paysans sont des penseurs, des poètes, leurs jugements, leurs avis, souvent emprunts d'humour, sont brefs, nets et définitifs. J'ai beaucoup appris à leur contact.

 

Le paysan n'est pas tributaire de la machine. Elle est là pour l'aider dans son travail, pour multiplier ses bras et c'est tout! A ce propos, il est utile de faire remarquer que l'agriculture est l'une des catégories socio-professionnelles qui ont le mieux assimilé et maîtrisé le progrès.

 

L'industrie est froide, malléable, fragile, soumise aux impératifs de la mode et la mode ne dure que le temps d'un chapeau. Alors, que penser de nos énarques qui veulent à tout prix faire de nos exploitations agricoles des P.M.E ou des P.M.I? On attire les paysans en ville pour en faire des chômeurs au bénéfice des trusts agro-alimentaires, comme aux États-Unis.

 

Le XXe siècle aura été celui du déclin du christianisme et de la ruralité, ce qui n'est pas antinomique.

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8

 

 

 

 

 

 

mardi, 10 septembre 2013

Qui je suis...

 

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Photographie JN Bart






Je suis un montagnard

Qui a le vertige

 

Un marin

Qui a le mal de mer.

 

Je suis un homme du bas

Je suis un homme du port.

 

Je regarde !

 

Mais je n'aime pas les cimetières :

Je ne veux pas savoir où sont mes morts.

Mes héros sont dans l'horizon.

 

Adieu Tabarly !

 

Bernard Lacroix, Redoux