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vendredi, 07 mars 2014

Mise au point

 

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Sculpture de Bernard Lacroix, photographie galerie Fert.

 

 

 

 

 

Suite à l'assemblée constitutive de l'association Muséâm' qui a eu lieu à Fessy le 28 février dernier, à laquelle j'ai assisté, une mise au point s'impose. Je suis venue à cette assemblée parce que le groupe de travail, promoteur de cette association, nous avait laissé croire qu'elle aurait pour objectif le rayonnement de l'œuvre de Bernard Lacroix. Dans les faits, tels qu'ils sont apparus à cette assemblée, nous avons été trompés. Dès lors, en désaccord avec les objectifs de l'association Muséâm' et avec la manière dont s'est déroulée l'assemblée constitutive, la famille et les amis de Bernard Lacroix se sont définitivement désolidarisés de cette association. (1)

 

L'objectif: le rayonnement de l'œuvre de Bernard Lacroix.

 

Cette expression figure dans l'article 3 des statuts de l'association Muséâm' qui semble ignorer le sens du mot "rayonner" : répandre, diffuser comme une clarté. Notre objectif, comme nous l'avons expliqué ici, est de diffuser une œuvre unique en son genre, qui forme un tout. Faut-il redire que la collection ethnographique de Bernard Lacroix est indissociable de son œuvre artistique et littéraire du fait qu'elles puisent aux mêmes sources d'inspiration, l'ancien monde rural et ce qu'il en reste, la beauté de la nature, une vision du monde profondément chrétienne? Faut-il rappeler une fois encore, comme je l'ai fait ici, que Bernard a lui-même déclaré qu'il n'avait œuvré, pour réaliser sa collection ethnographique, "ni en esthète, ni en philanthrope, ni en historien, ni en collectionneur mais en artiste"? Faire rayonner cette œuvre c'est dévoiler ce qu'elle dit et qui n'a pas encore été perçu, y compris ce que dit sa collection ethnographique, c'est mettre en lumière sa cohérence, son harmonie, les liens subtils entre l'ancien monde représenté par la collection du musée et les poèmes, les chroniques, les peintures, les croquis, les sculptures. Dans cette perspective, la gestion du musée est essentielle mais ne doit pas évincer le reste de l'œuvre.

Ce n'est pas du tout la perspective de l'association Muséâm' telle qu'elle nous a été présentée le 28 février.

L'objectif déclaré de cette association est de faire du musée de Fessy un "centre culturel" qui aura pour vocation d'exposer les artistes locaux, de susciter la créativité des habitants de Fessy. La collection ethnographique devient dans le meilleur des cas un support, dans le pire des cas un prétexte à tout autre chose que son propre rayonnement.

De même, le nom de l'association, Muséâm', est révélateur. On nous a expliqué que ce nom, qui sonne comme une marque publicitaire, renvoyait au musée conçu comme "l'âme de Fessy". C'est là une conception étroite, réductrice, qui oublie que la collection, l'une des plus importantes collections ethnographiques de l'arc alpin, rassemble des objets venus de tout le Chablais et même du département. Concevoir le musée comme "l'âme de Fessy" revient à utiliser, détourner l'esprit dans lequel Bernard a œuvré. La collection ethnographique n'appartient pas au village mais au département, il nous paraît illégitime de l'utiliser pour valoriser l'image du village.

Nous avons demandé que le nom de l'association intègre le patronyme de Bernard, en vain. Ce refus est révélateur des visées de l'association Muséâm'. A plus ou moins long terme, l'œuvre, le nom de l'auteur seront oubliés. Certes il s'agit là d'un détail mais qui en dit long. Nous souhaitons que le nom de son fondateur ne soit pas oublié quand le musée sera remis en fonction : Musée paysan Bernard Lacroix, Musée ethnographique Bernard Lacroix ou Musée Bernard Lacroix, les propositions ne manquent pas...

 

Le déroulement de l'assemblée constitutive.

 

Nous contestons vivement la manière dont l'assemblée constitutive a été menée.

Les statuts de l'association élaborés par le groupe de travail ont été lus. Quelques personnes (dont moi-même) ont demandé la modification de l'article 6. Toute discussion, toute négociation ont été refusées sous l'unique prétexte qu' une discussion allait ruiner l' "énorme travail"(!) des bénévoles. On a ensuite distribué des fiches d'inscription à l'association. Il n'y a pas eu de vote de l'assemblée, ni pour l'adoption des statuts ni pour l'élection du Conseil d'Administration collégial. 

L'article que nous souhaitions discuter est le suivant:

Article 6 : Admission et radiation.

" Pour faire partie de l'association, il faut en faire la demande auprès d'un membre du bureau. La qualité de membre se perd par la démission, par le décès ou la non implication dans la réalisation des objectifs de l'association."

Plusieurs personnes ont demandé d'expliciter l'expression "non implication dans la réalisation des objectifs de l'association". La seule réponse que nous avons reçue, c'est que l'association veut un groupe de bénévoles actifs à disposition, donc habitant forcément Fessy. J'ai fait valoir qu'une association comporte toujours plusieurs cercles, un cercle rapproché de bénévoles actifs et un cercle plus large qui peut inclure des personnes éloignées, voire très éloignées de Fessy, lesquelles peuvent relayer les informations, parler autour d'elles du musée, mais aussi de l'œuvre artistique et poétique. Notre blog est lu par des personnes qui ont visité et aimé le musée de Fessy, les œuvres de Bernard exposées à la galerie Fert ou aux Granges de Servette, il est lu aussi par des personnes qui découvrent l'œuvre de Bernard. Tous ces lecteurs auraient pu soutenir l'association. L'adhésion de membres soutiens n'est pas incompatible avec un noyau central de membres actifs. En fait, exclure, d'emblée, des adhérents potentiels ne résidant pas dans le village ou ses environs, va de pair avec les objectifs réels de l'association : le village doit s'approprier le musée, tremplin de son image publicitaire.

 

Notre orientation, notre action.

 

Désormais, la famille et les amis de Bernard Lacroix œuvreront en toute indépendance de l'association Muséâm'.

Conformément au vœu de Bernard Lacroix, nous ferons tout pour que la collection ethnographique, propriété du département de la Haute-Savoie, reste dans son bâtiment d'origine, propriété de la commune de Fessy. Nous souhaitons que ce bâtiment soit rétrocédé au département de sorte que l'ensemble soit géré par le conseil général.

Si l'ancienne association Les Amis du musée de Fessy n'est plus active depuis de nombreuses années, elle n'a jamais été dissoute. Nous envisageons de la réactiver, selon les procédures légales. Rappelons qu'en 2011-2012, Jean-Michel Lacroix, neveu et filleul de Bernard, a demandé plusieurs fois à Mr Patrick Bellamy, maire de Fessy, de convoquer une assemblée pour réactiver cette association et que celui-ci ne lui a jamais répondu.

Enfin, nous continuerons de publier sur ce blog, fidèles à notre ligne éditoriale. Il reste beaucoup à faire pour que l'œuvre de Bernard rencontre son public au delà des frontières locales et régionales,afin qu'elle soit reconnue à sa juste valeur.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

(1) Précisons que les trois amis de Bernard Lacroix qui avaient participé à l'élaboration des statuts avec le groupe de travail ont démissionné.

 

 

samedi, 25 mai 2013

La chèvre

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Sculpture de Bernard Lacroix, photographie galerie Fert.





On disait autrefois qu'une chèvre, à elle toute seule, faisait vivre une petite famille. Elle donnait son lait deux fois par jour et deux ou trois cabris par année. Rustique, toujours en bonne santé, peu exigeante, on la trouvait surtout chez les pauvres et les personnes âgées.

Quand ma grand-mère Jeanne, le moment venu, menait sa chèvre motte* au bouc de son voisin Dian Quauqui, il fallait traverser la cuisine pour aller à l'étable et, comme l'étable était "borgne", c'est-à-dire sans ouvertures sur l'extérieur, le plus pratique était de sortir le fumier par la fenêtre de ladite cuisine. Personne ne s'en plaignait, ni ma grand-mère, ni la chèvre et encore moins le bouc.

Le père Gallet était l'heureux propriétaire d'un énorme "Botiou". Il faisait du "service à domicile" en trimballant le bel étalon dans une remorque derrière sa bicyclette.


Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8


* chèvre motte: chèvre sans cornes.




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Croquis de Bernard Lacroix, extrait du recueil Croquis minute


samedi, 11 mai 2013

Comptines chablaisiennes

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Sculpture de Bernard Lacroix. Photographie galerie Fert.

 

 

 

 

Corbé, corbasse,

Ton pore est coué,

Ta more est couasse,

Corbé, corbé!

 

*

 

Piu, piu,

S'te peque mon nâ,

Z'tefô on coup d'estropie!

 

*

 

C'est l'Prince de Carignan

Qui s'en va t'à la guerre,

La guerre de Marignan,

Le Prince de Carignan.

 

Il avait un cheval

qu'avait la tête derrière

Et la queue par devant

Le Prince de Carignan.

 

*

 

Dodo pounette

Catherinette,

Endormez-moi cet enfant

Jusqu'à l'âge de quinze ans

Quand quinze ans seront passés

Il faudra la marier :

Dans une chambre

Pleine d'amandes

Un marteau pour les casser

De bonnes dents pour les manger!

 

*

 

Rondin, picotin,

La Marie a fait son pain

Pas plus gros que son levain,

Son levain était moisi

Son pain n'a pas réussi: tant pîs!

 

*

 

O Dian

Vin sé

Vin lé

Vin io

Vin bas

Y'a des bougnettes

Avoué du lâ.

 

*

 

Bin, bô,

La cloche du Lyaud

Qu'a zin d'batau

qu'un clu d'sevau,

Quoui y'est qu'la metto?

Y est l'fou du Lyaud!

 

*

 

Derrière chez ma tante

Y'a des pommes à vendre

Des rouges et des blanches

Quatre quatre pour un sou

Mademoiselle tournez-vous!

 

Les cahiers du musée n°6

 

 

 

 

lundi, 30 juillet 2012

Portraits en pied, sculptures dérobées chez Bernard Lacroix, de Jean-Claude Fert

Comme nombre de chablaisiens exilés, je n'ai pas pu voir la dernière exposition des sculptures de Bernard Lacroix à la galerie Fert. Je me suis consolée en revenant à un ouvrage publié dans les années 90, Portraits en pied¹, un recueil de photographies des sculptures de Bernard commentées par Jean-Claude Fert, patron de la susdite galerie. Croyez moi, il y a là largement de quoi se consoler! Bernard Lacroix et Jean-Claude Fert, quel tandem! Á eux deux, ils feraient pouffer de rire une impératrice d'Autriche baladant son spleen sur les bords du Léman...

Voyez plutôt. Ceci, par exemple:

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SÉRIE: Le mal de vivre.

Adolescente neurasthénique

Ou cela:

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SÉRIE: La libération des mœurs est-elle irréversible?

Couple adepte du piercing.

Et aussi:

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SÉRIE: Les progrès de la médecine

Famille de chouettes dans l'attente d'un donneur.

 

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SÉRIE: Les joies de la famille.

Fille unique.

 

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SÉRIE: Le vie intime des échassiers.

Jeune grue clitoridienne.

 

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SÉRIE: Apprenons à vivre ensemble.

La gamine des voisins.

 

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SÉRIE: Apprenons à repérer les déviants.

Le délinquant sexuel.

 

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SÉRIE: Léman sans frontière.

Mouette stagiaire à la brigade du lac de Clarens (Canton de Vaud)

 

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SÉRIE: Luttons ensemble contre la précarité.

Perroquet employé à mi-temps aux renseignements généraux.

 

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SÉRIE: Les enjeux du sport.

Petit groupe de resquilleurs.

 

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SÉRIE: Le panel des radios libres.

Une auditrice de Radio-Thollon.

 

Vous n'avez là, chers lecteurs, qu'un aperçu d'un ouvrage qui comporte soixante-quatorze photographies commentées où se croisent deux regards aussi malicieux l'un que l'autre: celui de Jean-Claude sur les sculptures de Bernard et celui de Bernard sur ces objets abandonnés auxquels il redonne vie, dans la lignée du Récup'Art d'Ambroise Monod ( le fils du grand naturaliste Théodore Monod, soit dit en passant). Á vrai dire, je me demande si Bernard Lacroix n'a pas inventé le Récup'Art avant Monod dont le manifeste date de 1969, lui qui a commencé de collectionner dès les années 50 les anciens outils agricoles et pièces détachées de toutes sortes. Peut-être même qu'enfant, il s'amusait déjà à façonner de telles créatures cocasses avec ce qui lui tombait sous la main.

On retrouve dans Portraits en pied la même complicité entre l'artiste et son interprète que dans le recueil Croquis Minute . L'un et l'autre posent le même regard moqueur sur les travers de notre société. Bernard Lacroix détourne les objets dont il connaît parfaitement l'identité et l'usage ( fer à cheval, étrier, poignée en fer forgé, soc de charrue...) , les assemble pour forger ces étonnantes créatures, caricatures parfois pleines de grâce. Ces animaux évoquent les hommes et comme dans les fables de La Fontaine on ne sait pas très bien si l'animal est le masque de l'homme ou le contraire. Á son tour, Jean-Claude Fert détourne les mots ( de préférence les grands mots des langues de bois) de sorte que la charmante niaiserie de ces créatures qui nous ressemblent se révèle d'un comique irrésistible. Vous avez une adolescente neurasthénique, la gamine des voisins vous agace, autour de vous on resquille, on dévie, on ne sait où donner de la tête avec le "Progrès"? Et alors? Riez de vous voir si drôles en ce miroir!

 

Ensuite, frères humains, regardez ailleurs. L'ouvrage se termine par quatre œuvres religieuses: deux Vierge à l'Enfant, une Nativité, une Pietà. C'est à partir d'elles, de ce point de vue là, qu'il faut vous mirer dans le fantasque bestiaire de Bernard Lacroix. Ce chablaisien serait-il anarchiste? Quel culot! Déguiser le sacré en bouts de ferraille!

 Et bien, non! Comme nous l'a enseigné saint François d'Assise, le Poverello, le Christ, Dieu fait homme, est descendu très bas, au plus bas de la condition humaine, pourquoi ne descendrait-Il pas dans ces humbles objets rescapés de l'ancien monde? N'était-Il pas présent dans le dur labeur des paysans qui utilisaient ces outils? Hommage à la mémoire de nos ancêtres, représentation émouvante du mystère de l'Incarnation, ces quatre œuvres ont leur place dans l'art sacré d'aujourd'hui.

Si elle se rattache au Récup'Art, l'œuvre sculptée de Bernard Lacroix s'en distingue par son style et son inspiration. Il ne récupère pas n'importe quel déchet mais des objets en fer forgé, annoblis par l'usage qu'on en faisait. De sa collection prestigieuse rassemblée au musée Arts et traditions de Fessy à ses sculptures d'une esthétique très contemporaine, la boucle est bouclée. Il s'adresse à nous avec les moyens d'expression de notre époque mais puise son inspiration dans sa foi chrétienne et ses racines: de là lui vient ce regard distancié, ironique et finalement très joyeux, sur le monde qui s'en va et sur celui qui vient.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

 

 

¹  Jean-Claude Fert, Portraits en pied,Sculptures dérobées chez Bernard Lacroix ( Éditions du rempart, non datée). Cet ouvrage est toujours en vente à la galerie Fert ( 10€) que je remercie de m'avoir transmis ces images.

 

 

 

 

 

 

mercredi, 04 juillet 2012

A nos lecteurs

 

 

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Sculpture de Bernard Lacroix. Photographie Galerie Fert.

 

 

Ce blog a six mois, c'est un débutant, voire un débutant balbutiant. Il a été créé sous la responsabilité de trois administrateurs, Jean-Michel Lacroix, Marie-Paule Dimet-Mermin, Élisabeth Bart-Mermin, dans le but de diffuser l'œuvre de Bernard Lacroix, artiste peintre, sculpteur, poète, musicien, fondateur du musée Arts et Traditions de Fessy et du musée galerie de Nernier.

Comme chacun sait, une fois livrée au public, une œuvre n'appartient plus à son auteur mais à ceux qui la rencontrent: il leur revient de l'interpréter et de contribuer, ainsi, à son rayonnement.

Nous vivons une époque surmédiatisée où la promotion commerciale de n'importe quel produit de divertissement usurpe, en grande partie, la place des véritables œuvres artistiques ou littéraires lesquelles, par ailleurs, sont parfois récupérées dans un objectif qui ne correspond pas à leur vocation réelle. Que l'œuvre de Bernard Lacroix rencontre son public, ce qui n'a rien à voir avec une dérisoire célébrité médiatique, tel est notre souhait.

 

Interpréter une œuvre artistique ou littéraire, c'est la mettre en perspective avec d'autres œuvres de son époque et du passé, c'est pourquoi nous ne nous limiterons pas aux œuvres de Bernard Lacroix, mais nous évoquerons aussi dans nos articles d'autres artistes, poètes, et des sujets peu ou prou en rapport avec son œuvre et sa personnalité ( arts populaires, traditions, musique, souvenirs d'autrefois...)

 

Chers lecteurs, certains d'entre vous pourraient participer à cette modeste aventure. Vous pouvez envoyer à l'une ou l'autre des deux adresses figurant dans Contacts ( colonne de gauche), des textes, documents, photographies... Nous nous ferons un plaisir de les publier.

 

Bel été à tous, en Haute-Savoie ou ailleurs.