mercredi, 29 octobre 2014
Automne
Bernard Lacroix, Automne
En octobre, à la sortie de l'école, je prenais le chemin de la Tuilière, je regardais l'automne, mon automne. Rien n'a beaucoup changé.
La silhouette acérée des peupliers, les couleurs acides des pommiers sauvages, les labours impatients, en mal de semailles, les haies frémissantes de vie et de couleurs.
Bernard Lacroix, Des paysages, des saisons, des jours, des heures... (2014)
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samedi, 25 octobre 2014
Les moutons
Gouache de Bernard Lacroix
Sur les monts impassibles
Le troupeau,
Nuage vivant de la terre,
Promène le flux et le reflux
De son errante fringale.
Bientôt
Il ne restera de leur passage
Que quelques fleurs basses.
On ne voit que des toisons :
Les moutons
Ont brouté leurs pattes!
Bernard Lacroix, Ciels, arbres et labours
lundi, 20 octobre 2014
A propos de l'art populaire
Chauffeuse. Collection Bernard Lacroix.
Bois gravé et assemblé, XXème siècle (1)
Rappel :
Rencontre avec deux collectionneurs, Bernard Lacroix et Jean-Marc Jacquier
Le projet européen Traditions actuelles
Jean-Marc Jacquier et les "musiques vertes"
Nous publions ici l'avant-propos de Jean Guibal au catalogue de l'exposition La fabrique du quotidien, art populaire alpin qui s'est tenue en 2011 à la Châtaignière-Rovorée, près d'Yvoire. Ce texte invite à une réflexion sur les cultures traditionnelles et sur la notion d'art populaire. L'association Les amis de Bernard Lacroix entend bien mener cette réflexion. Au fil des mois à venir, nous publierons d'autres articles sur ces questions.
*
En notre siècle de "patrimonialisation", rien n'est plus nécessaire que la lucidité et le recul pour conduire des collectes, constituer des collections publiques, traduire en direction des publics les interrogations que soulève cette attention ( que l'on dit excessive) que nous portons au passé. Il ne s'agit pas en effet de rassembler des objets fétiches, ni d'idéaliser les périodes qui nous ont précédés : peu d'entre elles seraient enviables pour le commun de nos contemporains. Il ne s'agit pas non plus de valoriser des cultures par rapport à d'autres, a fortiori de les comparer ou de les opposer (le risque n'est jamais loin de réveiller les identités locales quelque peu... agressives).
Il faut plutôt considérer, très modestement, que le patrimoine se définit d'abord par le regard que l'on porte sur ces témoignages qui demeurent des périodes passées – témoignages qui nous sont parvenus au prix d'une sélection "naturelle" pour le moins aléatoire. La question se pose pour tous les patrimoines ; mais de façon plus sensible encore pour le patrimoine dit "populaire". Celui-ci, pour trouver sa juste place dans les politiques culturelles doit constamment revendiquer sa légitimité ( ce pourquoi il a tant besoin d'une référence à l'art!) , quand les patrimoines artistique, monumental ou archéologique sont par définition légitimes. La disparition du Musée national des Arts et Traditions Populaires, le transfert des collections du Musée de l'Homme vers un musée d'art (du Quai Branly), la fermeture du Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie, sont autant d'exemples pour confirmer cette discrimination, toute française.
Fort heureusement, des collectivités territoriales ont construit ou acquis de longue date des collections ethnographiques et conduisent des politiques de valorisation actives : les musées en région constituent un réseau d'une rare efficacité pour rendre compte de la diversité culturelle dont est constituée la nation française.
En Haute-Savoie, les collections Lacroix et Jacquier – tous les amateurs attendent de cette dernière sa section la plus rare, consacrée à l'ethnomusicologie, en cours d'inventaire – forment une part importante du legs que les sociétés alpines nous ont transmis ; Grenoble avec Müller, Genève avec Amoudruz, Aoste avec Cerise et Brocherel, etc. ont à gérer semblable héritage.
Dès lors, les interrogations que proposent les concepteurs de l'exposition que prolonge le présent ouvrage viennent parfaire ce regard porté sur les cultures traditionnelles alpines. Nul objet, si significatif ou symbolique soit-il, ne peut prétendre rendre compte d'un fait social ; du moins peut-on l'interroger, ou s'interroger sur ses fonctions, ses usages, ses significations, et ainsi approcher les savoir-faire, les goûts, les intérêts et quelquefois jusqu'aux valeurs profondes des hommes et des femmes qui les ont créés et utilisés. Cette exposition s'y emploie, sous un regard tout à la fois novateur et sensible, éclairant cet "ordinaire hors du commun" qui constitue, à travers les Alpes, notre patrimoine collectif.
Jean Guibal
Conservateur en chef du patrimoine.
Musée dauphinois, Grenoble
Catalogue de l'exposition La fabrique du quotidien, art populaire alpin (2011) p.2
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(1) Chauffeuse figurant dans l'exposition La fabrique du quotidien. Ce siège bas, destiné au travaux des femmes près du foyer, se rapporte au type de "chaise-selle" spécifique au Chablais. Elle est décorée d'une demi-rouelle et d'une demi-rosace, ainsi que de dents de loup.
Quelques autres objets de la collection Bernard Lacroix figurant dans l'exposition :
Canne de berger. Bois sculpté, gravé et doré, XXème siècle.
Ornée des 14 stations du chemin de croix, cette canne aurait été sculptée dans la région de Morzine. Initiée par un berger et continuée par ses descendants, elle a finalement été confiée à Bernard Lacroix.
Joug de procession. Bois sculpté polychrome. XXème siècle?
Le joug double était utilisé pour atteler des bœufs. En Savoie, le joug des cornes (placé sur la nuque, derrière les cornes) était souvent couplé avec un joug de garrot. Celui-ci devait être porté par les plus belles bêtes les jours de fête et de procession.
Égouttoir à vaisselle et cuillères. Bois assemblé et sculpté. XIXème siècle?
Les cuillères en bois sont les ustensiles les plus modestes.Les Baujous (habitants des Bauges) avaient acquis une certaine réputation dans la fabrication de vaisselles et couverts en bois, donnant ainsi naissance à l'expression "l'argenterie des Bauges".
vendredi, 17 octobre 2014
Les noix
Pendant les longues veillées de novembre et décembre, on cassait les noix avant de les porter au moulin pour en faire de l'huile. De couleur brunâtre, l'huile de noix était utilisée pour la salade. On la mélangeait avec l'huile de colza pour en atténuer le goût très fort, jamais pour la friture puisqu'elle ne supportait pas la cuisson.
Le cassage de noix : l'aucale, était prétexte à de joyeuses soirées, émaillées de rires et de chansons. Chacun apportait son marteau et une pierre plate pour ne pas endommager le bois de la table. Les femmes pouvaient emporter les brisures dans leur tablier pour couvrir le feu en rentrant à la maison. C'était une tolérance, comme pour remercier celle qui était venue, ce qui montre à quel point le moindre combustible était précieux.
J'ai connu deux huiliers : Manillier à Perrignier et Chevallet à Langin-Bons. Leur matériel a été miraculeusement conservé. L'huilerie de Langin est en état de parfait fonctionnement et vaut la visite : un ensemble impressionnant de poulies, de rouages, de meules, supportés par d'énormes poutres de châtaignier.
Les noix débarrassées de leur coquille étaient écrasées finement dans la conche par une grosse meule de pierre, puis chauffées et pressées une ou deux fois de suite.
Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°5
08:00 Publié dans Mémoire du Chablais, Traditions du Chablais | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
dimanche, 12 octobre 2014
Beauce
Vincent Van Gogh, Champ de blés aux corbeaux
Dans le jour incertain
Planent des relents de bois mort.
Des vols indifférents alourdissent le ciel.
Sans arbres, l'oiseau est orphelin?
Sans ombres, le soleil est inutile?
La plaine est un cimetière immense
Où rien ne dépasse.
Par dessus :
Le vent violon cherche son âme.
Bernard Lacroix, Reflets oubliés
08:00 Publié dans L'œuvre poétique de Bernard Lacroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
mercredi, 08 octobre 2014
Association "Les amis de Bernard Lacroix"
Bernard Lacroix dans les années 60
(Archives de la famille Lacroix)
Au cours d'une assemblée constitutive qui a eu lieu à Bons-en-Chablais (Haute-Savoie), le 20 juin 2014, la famille et les amis de Bernard Lacroix ont modifié les statuts de l'association Les amis du Musée de Fessy et l'ont renommée Les amis de Bernard Lacroix.
Cette modification a été enregistrée par la préfecture d'Annecy en juillet 2014. L'assemblée constitutive a élu un conseil d'administration lequel a élu le bureau composé comme suit:
Président d'honneur: Bernard Lacroix
Président: Jean-Michel Lacroix
Vice-présidente: Geneviève Mermin Martinez
Trésorier: Hubert Le Goff
Secrétaire: Élisabeth Bart-Mermin
Notre association a pour objet la transmission, la mise en valeur, le rayonnement de l'œuvre artistique, littéraire et muséale de Bernard Lacroix. Sa vocation est de veiller au devenir de cette œuvre.
Vous pouvez lire ici, ici et là les statuts de l'association.
Chers lecteurs, venez nous rejoindre en adhérant à l'association pour la modique somme de 5 €. Vous trouverez tous les détails pratiques ainsi qu'un bulletin d'adhésion à imprimer ici.
lesamisdebernardlacroix@laposte.net
11:29 Publié dans Association "Les amis de Bernard Lacroix" | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
lundi, 06 octobre 2014
Journée d'études autour de saint Pierre Favre
Saint Pierre Favre, premier prêtre jésuite
L'Académie salésienne s'est associée au diocèse d'Annecy et aux Amis du Val de Thônes pour organiser une journée d'études autour de saint Pierre Favre :
Samedi 29 novembre 2014, au lycée Saint-Michel à Annecy, de 9h à 18h.
Elle s'intitule "Pierre Favre, saint pour l'Europe et pour laHaute-Savoie" et permettra, à travers quelques conférences, d'évoquer l'histoire et la spiritualité de Pierre Favre (1506-1546) ainsi que l'actualité de l'ordre des Jésuites dont il fut le cofondateur.
Vous trouverez tous les détails pratiques ainsi que le programme de cette journée ici.
Venez nombreux! Invitez vos amis!
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Saint Pierre Favre, né le 13 avril 1506 au Villaret (Saint-Jean-de-Sixt) dans le duché de Savoie, et décédé le 1er août 1546 à Rome, est un prêtre jésuite savoyard, ami d'Ignace de Loyola et cofondateur de la Compagnie de Jésus dont il fut le tout premier prêtre. Reconnu "Bienheureux", il est béatifié par Pie IX en 1872, puis canonisé par le pape François le 17 décembre 2013.
Liturgiquement, il est commémoré le 1er août, jour anniversaire de sa mort.
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samedi, 04 octobre 2014
La musique
Autrefois, la musique tenait une grande place dans la vie villageoise.
Hommes, femmes, enfants, tout le monde chantait à la moindre occasion. Les chorales paroissiales, les fanfares, les cliques, étaient florissantes. Ainsi, la chorale de Cervens, dirigée de main de maître par le curé Vuarnet, également fin lettré et gastronome, était renommée dans tout le Chablais et au-delà.
"De la musique avant toute chose !", "La musique adoucit les moeurs"....
A ces adages fort connus, on me permettra d'en ajouter quelques autres tout aussi évocateurs.
La musique ravive la mémoire : quand la radio ou la télévision puisent dans l'ancien répertoire, cela nous rappelle des évènements du passé, heureux ou nostalgiques. Chaque époque de la vie a ses refrains : la naissance, le baptême, le service militaire, le mariage...Dans nos campagnes, le souvenir des disparus est souvent lié à des rengaines qu'ils avaient l'habitude d'interpréter à l'occasion des veillées villageoises ou des tournées de caves.
La musique engendre la fidélité : j'ai toujours eu beaucoup d'admiration et de respect pour les vieux chantres, les vieux musiciens des Fanfares ou des Harmonies, les vieilles casquettes comme on les appelle, qui, pendant leur existence ont consacré beaucoup de temps pris sur leur travail ou sur leurs loisirs, en ville comme à la campagne, aux répétitions et bien sûr aux prestations. Beaucoup également pour leurs animateurs la plupart du temps bénévoles.
La musique est oeuvre de paix : elle rassemble fraternellement, hors de toutes contingences idéologiques ou politiques.
La musique est sujet de culture : elle s'apprend, elle enrichit l'esprit et les connaissances, elle favorise les rencontres.
Dans ma modeste vie, surtout pendant ma jeunesse, aujourd'hui encore à l'occasion, la musique tient une place primordiale. "Compagnon Passant de la Musique", je me suis efforcé de laisser derrière moi une sorte de parcours de la beauté, faisant ainsi le bien à ma manière. Je souhaite que se perpétue cette conception du talent artistique qui veut qu'il soit restitué, dispensé.
"J'aurais voulu être un artiste !", c'est le titre d'une chanson à succès de ces dernières années. En effet, certains hommes sur le retour ressentent au profond d'eux-mêmes cette espèce de regret. N'est pas artiste qui veut, le don pour les Arts est discriminatoire. Un poète a dit qu'il était le label de Dieu. En cette fin de siècle pour le moins morose, il nous faut plus que jamais des artistes, ils sont les artisans du bonheur.
Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°5
17:11 Publié dans Bernard Lacroix, musicien, Mémoire du Chablais, Patrimoine d'ici et d'ailleurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |