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jeudi, 04 septembre 2014

Rencontre avec deux collectionneurs, Bernard Lacroix et Jean-Marc Jacquier


Vidéo du Conseil Général de la Haute-Savoie (Culture cg74)

 

 

 

Bernard Lacroix et Jean-Marc Jacquier évoquent ici les origines des collections qu'ils ont constituées et certaines caractéristiques de la vie quotidienne des habitants des Alpes. Je reviendrai ultérieurement sur ces deux remarquables collections ethnographiques qui ont fait l'objet d'une superbe exposition réalisée par le Conseil Général de la Haute-Savoie et  intitulée La fabrique du quotidien, au domaine de Rovorée La Châtaignière, en 2011.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

 

 

 

 

vendredi, 07 mars 2014

Mise au point

 

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Sculpture de Bernard Lacroix, photographie galerie Fert.

 

 

 

 

 

Suite à l'assemblée constitutive de l'association Muséâm' qui a eu lieu à Fessy le 28 février dernier, à laquelle j'ai assisté, une mise au point s'impose. Je suis venue à cette assemblée parce que le groupe de travail, promoteur de cette association, nous avait laissé croire qu'elle aurait pour objectif le rayonnement de l'œuvre de Bernard Lacroix. Dans les faits, tels qu'ils sont apparus à cette assemblée, nous avons été trompés. Dès lors, en désaccord avec les objectifs de l'association Muséâm' et avec la manière dont s'est déroulée l'assemblée constitutive, la famille et les amis de Bernard Lacroix se sont définitivement désolidarisés de cette association. (1)

 

L'objectif: le rayonnement de l'œuvre de Bernard Lacroix.

 

Cette expression figure dans l'article 3 des statuts de l'association Muséâm' qui semble ignorer le sens du mot "rayonner" : répandre, diffuser comme une clarté. Notre objectif, comme nous l'avons expliqué ici, est de diffuser une œuvre unique en son genre, qui forme un tout. Faut-il redire que la collection ethnographique de Bernard Lacroix est indissociable de son œuvre artistique et littéraire du fait qu'elles puisent aux mêmes sources d'inspiration, l'ancien monde rural et ce qu'il en reste, la beauté de la nature, une vision du monde profondément chrétienne? Faut-il rappeler une fois encore, comme je l'ai fait ici, que Bernard a lui-même déclaré qu'il n'avait œuvré, pour réaliser sa collection ethnographique, "ni en esthète, ni en philanthrope, ni en historien, ni en collectionneur mais en artiste"? Faire rayonner cette œuvre c'est dévoiler ce qu'elle dit et qui n'a pas encore été perçu, y compris ce que dit sa collection ethnographique, c'est mettre en lumière sa cohérence, son harmonie, les liens subtils entre l'ancien monde représenté par la collection du musée et les poèmes, les chroniques, les peintures, les croquis, les sculptures. Dans cette perspective, la gestion du musée est essentielle mais ne doit pas évincer le reste de l'œuvre.

Ce n'est pas du tout la perspective de l'association Muséâm' telle qu'elle nous a été présentée le 28 février.

L'objectif déclaré de cette association est de faire du musée de Fessy un "centre culturel" qui aura pour vocation d'exposer les artistes locaux, de susciter la créativité des habitants de Fessy. La collection ethnographique devient dans le meilleur des cas un support, dans le pire des cas un prétexte à tout autre chose que son propre rayonnement.

De même, le nom de l'association, Muséâm', est révélateur. On nous a expliqué que ce nom, qui sonne comme une marque publicitaire, renvoyait au musée conçu comme "l'âme de Fessy". C'est là une conception étroite, réductrice, qui oublie que la collection, l'une des plus importantes collections ethnographiques de l'arc alpin, rassemble des objets venus de tout le Chablais et même du département. Concevoir le musée comme "l'âme de Fessy" revient à utiliser, détourner l'esprit dans lequel Bernard a œuvré. La collection ethnographique n'appartient pas au village mais au département, il nous paraît illégitime de l'utiliser pour valoriser l'image du village.

Nous avons demandé que le nom de l'association intègre le patronyme de Bernard, en vain. Ce refus est révélateur des visées de l'association Muséâm'. A plus ou moins long terme, l'œuvre, le nom de l'auteur seront oubliés. Certes il s'agit là d'un détail mais qui en dit long. Nous souhaitons que le nom de son fondateur ne soit pas oublié quand le musée sera remis en fonction : Musée paysan Bernard Lacroix, Musée ethnographique Bernard Lacroix ou Musée Bernard Lacroix, les propositions ne manquent pas...

 

Le déroulement de l'assemblée constitutive.

 

Nous contestons vivement la manière dont l'assemblée constitutive a été menée.

Les statuts de l'association élaborés par le groupe de travail ont été lus. Quelques personnes (dont moi-même) ont demandé la modification de l'article 6. Toute discussion, toute négociation ont été refusées sous l'unique prétexte qu' une discussion allait ruiner l' "énorme travail"(!) des bénévoles. On a ensuite distribué des fiches d'inscription à l'association. Il n'y a pas eu de vote de l'assemblée, ni pour l'adoption des statuts ni pour l'élection du Conseil d'Administration collégial. 

L'article que nous souhaitions discuter est le suivant:

Article 6 : Admission et radiation.

" Pour faire partie de l'association, il faut en faire la demande auprès d'un membre du bureau. La qualité de membre se perd par la démission, par le décès ou la non implication dans la réalisation des objectifs de l'association."

Plusieurs personnes ont demandé d'expliciter l'expression "non implication dans la réalisation des objectifs de l'association". La seule réponse que nous avons reçue, c'est que l'association veut un groupe de bénévoles actifs à disposition, donc habitant forcément Fessy. J'ai fait valoir qu'une association comporte toujours plusieurs cercles, un cercle rapproché de bénévoles actifs et un cercle plus large qui peut inclure des personnes éloignées, voire très éloignées de Fessy, lesquelles peuvent relayer les informations, parler autour d'elles du musée, mais aussi de l'œuvre artistique et poétique. Notre blog est lu par des personnes qui ont visité et aimé le musée de Fessy, les œuvres de Bernard exposées à la galerie Fert ou aux Granges de Servette, il est lu aussi par des personnes qui découvrent l'œuvre de Bernard. Tous ces lecteurs auraient pu soutenir l'association. L'adhésion de membres soutiens n'est pas incompatible avec un noyau central de membres actifs. En fait, exclure, d'emblée, des adhérents potentiels ne résidant pas dans le village ou ses environs, va de pair avec les objectifs réels de l'association : le village doit s'approprier le musée, tremplin de son image publicitaire.

 

Notre orientation, notre action.

 

Désormais, la famille et les amis de Bernard Lacroix œuvreront en toute indépendance de l'association Muséâm'.

Conformément au vœu de Bernard Lacroix, nous ferons tout pour que la collection ethnographique, propriété du département de la Haute-Savoie, reste dans son bâtiment d'origine, propriété de la commune de Fessy. Nous souhaitons que ce bâtiment soit rétrocédé au département de sorte que l'ensemble soit géré par le conseil général.

Si l'ancienne association Les Amis du musée de Fessy n'est plus active depuis de nombreuses années, elle n'a jamais été dissoute. Nous envisageons de la réactiver, selon les procédures légales. Rappelons qu'en 2011-2012, Jean-Michel Lacroix, neveu et filleul de Bernard, a demandé plusieurs fois à Mr Patrick Bellamy, maire de Fessy, de convoquer une assemblée pour réactiver cette association et que celui-ci ne lui a jamais répondu.

Enfin, nous continuerons de publier sur ce blog, fidèles à notre ligne éditoriale. Il reste beaucoup à faire pour que l'œuvre de Bernard rencontre son public au delà des frontières locales et régionales,afin qu'elle soit reconnue à sa juste valeur.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

(1) Précisons que les trois amis de Bernard Lacroix qui avaient participé à l'élaboration des statuts avec le groupe de travail ont démissionné.

 

 

vendredi, 18 octobre 2013

La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels, 5

 

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La marque à beurre dont Bernard Lacroix analyse le décor dans le texte ci-dessous, dernier extrait de sa conférence

 

 

 

 

La marque à beurre

 

 

Á l'occasion d'un congrès des groupes folkloriques français tenu à Thonon, il y a quelques années, on m'avait demandé de décrire un objet caractéristique de ma collection. J'avais choisi sans hésiter une marque à beurre ou tape à beurre provenant d'Essert-Romand, dont je vais essayer de décrypter les signes qui constituent son surprenant décor :

 

De bas en haut, pêle-mêle :

La croix de Saint-André : signe d'une obédience compagnonnique. Un triangle surmonté d'une croix : marque des Compagnons constructeurs des clochers. Deux rouelles, motif décoratif fréquent sur les objets ou meubles savoyards : vieille représentation du soleil. Un oiseau merveilleusement stylisé. Au-dessus, le rectangle barré en son milieu : signe ésotérique. De nouveau, sur la droite de l'objet : la marque des Compagnons constructeurs des clochers. La lettre M dans une clôture semi-circulaire : la mort conjurée. Deux demi-cercles enserrant chacun une croix : peut-être la "demi-science"  ( le quart de science, la demi-science, la science complète, c'est-à-dire le cercle refermé, sont l'image des étapes obligées de l'apprentissage du Compagnon, concrétisé par l'anneau qu'il portera à l'oreille : le joint).

 

On se rend compte, après cette brève analyse, qu'un bien modeste outil domestique destiné à façonner et à décorer le beurre, s'il ne représente pas une grande valeur marchande, puisque de nos jours il faut toujours parler d'argent, est d'une richesse documentaire inestimable. Probablement le travail d'un Compagnon Charpentier au gré d'un chantier à Essert-Romand ou ses environs, destiné peut-être à remercier son logeur ou pour faire honneur à une jeune fille, pourquoi pas, le récit imagé d'une aventure, d'un parcours, d'un passage, d'un savoir, d'un souvenir... que l'on découvre avec émotion et surprise. Miraculeusement intact, sauvé de l'indifférence et du mercantilisme, il réussit, à l'aube du troisième millénaire, à retenir notre regard, à aiguiser notre curiosité et notre réflexion.

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8

vendredi, 11 octobre 2013

La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels,4

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La mémoire

 

 

 

On a du mal à admettre que les choses puissent avoir de la mémoire! Le foin emmagasine les senteurs de l'été, les restitue dans le lait, dans le fromage : le fromage d'Abondance est la mémoire de l'alpage.

1000 ans après sa coupe, le bois "travaille" encore comme on dit, il craque, se fend, se délite... Il se souvient de sa sève. C'est pour cette raison, qu'en charpente, il faut toujours remettre le bois dans le bon sens, "en Orient", dans le sens de la sève montante.

Les pierres ont de la mémoire : on dit que les cathédrales sont des carrières reconstituées. Le tailleur de pierre, le carrier gravaient sur les pierres des signes de connivence qui permettaient aux maçons, à des lieues de là, de les remettre dans le bon sens, c'est-à-dire dans l'ordre de leur extraction de la carrière.

Les potiers chinois n'utilisaient que de la terre qui avait au moins 150 ans de repos, pour, disaient-ils, lui faire perdre la mémoire.

L'outil est la mémoire du geste puisque façonné par lui, la mémoire de celui qui s'en est servi, de celui qui l'a conçu, imaginé. L'outil est le témoin de son temps : certains d'entre eux sont datés, marqués, signés...L'outil témoigne de son histoire, de l'histoire tout court.

L'outil est beau : de cette beauté épurée, dictée par le geste, par son usage, qui lui donne cette forme achevée, accomplie qui lui fait passer le temps. Cette forme n'a pas beaucoup changé, elle semble intemporelle, immuable, elle semble avoir été décidée une fois pour toutes.

Le travail de la terre est un combat, non pas contre les hommes, bien sûr, mais une lutte contre la nature souvent ingrate, méchante, cruelle, sournoise, imprévisible, vengeresse...

J'ai choisi, pour illustrer mes propos, de montrer des outils aratoires remarquables par leur analogie avec des armes dites "blanches". On les imagine plus volontiers entre les mains de paysans.

Des outils qui transpercent, déchirent, fendent, arrachent, coupent, défoncent, cassent, brisent... la terre est dure, rebelle...il faut la violenter, la vaincre, la dompter, l'assagir, l'asservir, et ce n'est pas sans risques!

N'empêche qu'on leur trouvera, tout en réprimant un petit frisson, vu leur étrange filiation, une inquiétante mais néanmoins authentique beauté.

En vérité, de cette guerre sans cesse recommencée au gré des saisons, il n'y aura ni vainqueur, ni vaincu, mais une commune victoire : la récolte à venir!

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8

vendredi, 04 octobre 2013

La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels, 3

 

 

 

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L'outil

 

 

"L'homme devint intelligent le jour où, ayant envie de fabriquer quelque chose, il inventa pour ce faire le premier outil, sous le regard attendri et émerveillé de Dieu" a dit le poète.

 

L'outil est le prolongement de l'esprit, la mise en pratique d'une réflexion, d'une découverte, d'un besoin, d'une invention...

 

Le premier outil était-il une arme? La première arme, un outil? L'homme des cavernes qui fabriquait des pointes de flèches, des récipients, des ustensiles rudimentaires avec sa hache de pierre, devait s'en servir également pour se défendre, pour chasser, c'est l'évidence même. Pendant des siècles l'outil remplit les deux fonctions et sa forme s'est perpétuée jusqu'à nos jours. La différence est essentiellement dans la qualité des matériaux pour sa fabrication. Autrefois, on fabriquait solide.

 

Les outils devaient durer toute une vie, une ou plusieurs générations. On les transmettait précieusement à ses héritiers quand ils en valaient encore la peine. On en a retrouvé la trace dans les vieux actes notariés, dans les inventaires des pauvres, biens légués en héritage par les laboureurs et soigneusement consignés et décrits par le notaire ou son clerc, ce qui leur posait quelquefois problème quant à leur définition.

 

  Quand un outil était vraiment usé, on en bricolait un autre avec ce qu'il pouvait en rester d'utilisable.

 

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8

mardi, 17 septembre 2013

La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels, 2

 

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Le mancheron de la charrue

 

J'ai eu l'honneur de recevoir au musée un des pères de l'agriculture biologique. Au cours de la visite il me désigne avec surprise un des araires de ma collection: " Vous avez là, me dit-il, une pièce évocatrice et très précieuse: une charrue templière initiatique!". Je n'ai pas eu sur le moment la bonne idée de lui en demander davantage. Mais m'en aurait-il dit davantage...?

 

Plusieurs années plus tard, Madame C., professeur à l'Université de Genève, au cours d'une visite du Musée semble tout à coup pareillement intriguée par le fameux araire. Cette fois-ci, je n'ai pas laissé passer l'occasion d'en savoir un peu plus:

"Le mancheron de l'araire est le même que celui des araires de la Haute Egypte, m'a-t-elle appris, dont on a utilisé la forme, le signe, le sigle dirions-nous aujourd'hui, pour désigner l'amour (AM-R) : deux choses qui se réunissent pour n'en former qu'une seule". N'oublions pas que la charrue est le symbole de la fécondité, voire de la virilité.

 

Une première remarque : le soc est neuf, son bâti, son cep ornés. Le mancheron par contre est usé, poli par l'usage et, de plus, ne semble pas avoir été rapporté.

 

Une deuxième remarque : le fameux mancheron est peu pratique à l'usage. Étriqué, il ramène les bras le long du corps au lieu de les écarter, ce qui a pour effet d'enlever toute force aux bras qui le maintiennent.

-Le Temple disait qu'une seule science pouvait être livrée au peuple dans son entier : l'agriculture, parce qu'elle est une science pacifique.

-Le mancheron était simplement tenu : une prise de courant tellurique, une connexion, une position, une attitude initiatique...?

-Il existe bien des simulateurs de vol, de conduite automobile, pourquoi n'y aurait-il pas des simulateurs de labour?

-Si cela est pensable à défaut d'être vérifiable, cette pratique devait s'adresser à des initiés, réceptifs à l'enseignement, aptes à recevoir la connaissance, bref, en état de grâce.

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8

jeudi, 12 septembre 2013

La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels,1

conférence de bernard lacroix,beauté des formes utiles,symbolisme des objets et outils traditionnels

Brueghel le Jeune, La moisson

 

 

 

 

En décembre 1999, dans le cadre d'un cycle de conférences-débats, au château de Ripaille, sur le thème La beauté des formes utiles, Bernard Lacroix donna une conférence intitulée La continuité des formes et leur symbolisme dans les objets et outils traditionnels. Nous en publierons plusieurs extraits dont voici le premier.

EBM

 

*

 

La connaissance

 

Il y a la connaissance objective, la connaissance subjective. Mais il y a une autre connaissance, celle qui résulte de l'initiation. Comment la définir? Comment expliquer l'inexplicable? Comment faire parler le silence? Faute d'une définition officielle, faute de la trouver dans le dictionnaire, je vous soumets la mienne, avec humilité : "Une formidable culture, sans écrits ou presque, sans âge, qui va derrière, devant et au-delà des mots. Il faut, pour l'aborder et puis la recevoir, avoir le don, le talent infus de comprendre l'incompréhensible, de deviner, de ressentir, la secrète nature de la matière, des choses, des hommes et du temps."

 

Il y a bien sûr des degrés dans l'initiation, dans la connaissance : n'oublions pas, par exemple, que le compagnonnage est une confrérie ouvrière. J'y fais souvent référence parce qu'elle cultive, maintient des traditions séculaires, des pratiques souvent mystérieuses et secrètes, mais allant toujours du côté de la réflexion, de la perfection, avec pour finalité la qualité intrinsèque du travail.

 

Pourquoi cette présentation d'outils aratoires me conduit-elle à vous parler d'initiés? Parce que l'agriculture est une science qui se transmet de père en fils, qui fait appel à la tradition, à l'observation, à l'expérience, à la déduction, au silence... sa pratique laisse toute latitude à l'esprit. Les paysans sont des penseurs, des poètes, leurs jugements, leurs avis, souvent emprunts d'humour, sont brefs, nets et définitifs. J'ai beaucoup appris à leur contact.

 

Le paysan n'est pas tributaire de la machine. Elle est là pour l'aider dans son travail, pour multiplier ses bras et c'est tout! A ce propos, il est utile de faire remarquer que l'agriculture est l'une des catégories socio-professionnelles qui ont le mieux assimilé et maîtrisé le progrès.

 

L'industrie est froide, malléable, fragile, soumise aux impératifs de la mode et la mode ne dure que le temps d'un chapeau. Alors, que penser de nos énarques qui veulent à tout prix faire de nos exploitations agricoles des P.M.E ou des P.M.I? On attire les paysans en ville pour en faire des chômeurs au bénéfice des trusts agro-alimentaires, comme aux États-Unis.

 

Le XXe siècle aura été celui du déclin du christianisme et de la ruralité, ce qui n'est pas antinomique.

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°8

 

 

 

 

 

 

dimanche, 19 août 2012

Le site de l'association des Amis du Musée de Fessy

Chers lecteurs, je viens seulement de découvrir le site de l'Association des Amis du musée de Fessy que j'ai mis en lien dans "sites amis". Certains d'entre vous le connaissent déjà, probablement. Un bonheur de lecture!

 

Vous y trouverez un très beau texte de Bernard Lacroix sur la vie des paysans chablaisiens d'autrefois et des extraits des Cahiers du Musée (édités par l'Association des Amis du musée) sur lesquels je reviendrai dans une prochaine note. Bonne lecture!

EBM