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samedi, 09 janvier 2016

Hommage de Graziella Parenti à Bernard Lacroix

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Bernard Lacroix au piano, son frère Gilbert à la guitare, au Casino d'Évian. Archives de la famille Lacroix.

Année 1952 ou 53, époque où Graziella Parenti fait la connaissance de Bernard Lacroix.

 

 

 

 

 

Lorsque j'ai connu Bernard, nous avions 18 ans tous les deux. J'avais été subjuguée par sa chevelure blonde et bouclée et son sourire malicieux. Il m'avait invitée chez lui et s'était mis à jouer de la scie musicale : quelle merveille pour moi qui connaissais plutôt la musique orientale!

Sa sœur Marie-Christine m'a parlé de lui enfant : alors que ses pieds touchaient à peine les pédales de l'harmonium de son grand-oncle, déjà ses doigts voltigeaient sur les touches avec habileté. Il avait le don de la musique, qui ne l'a jamais quitté.

 

Á la mort de ma mère, sa famille et lui m'ont gentiment proposé de faire partie de l'Association du Musée Paysan de Fessy, et là j'ai découvert encore d'autres dons de Bernard : il a créé ce musée dans la maison de sa grand-mère, infatigable collectionneur, il y a réuni un nombre impressionnant de vieux objets qu'il avait répartis dans différentes pièces, recréant ainsi épicerie, atelier du sabotier, du tisserand, chambre à coucher, cuisine etc... Il a également présenté d'autres objets par thèmes : objets de toilette, outils du boucher, outils agricoles, ustensiles divers tels que plaques à beurre décorées, faisselles, tamis, moulins à café, fers à repasser... Il y avait là des choses extraordinaires : le botacul du fermier pour équiper son derrière de façon pratique sinon élégante afin de traire ses vaches, le virolet pour caser le bébé et libérer sa maman, le merlin qui assurait une mort rapide et sans bavure aux porcs, l'immense baquet où conserver la viande au sel, et dans un coin, bien mise en évidence, une belle balle de colporteur (sorte de petite armoire en bois).

J'imagine la joie des personnes voyant arriver le colporteur avec sa balle sur le dos, pleine de trésors : dentelles, boutons, rubans, laine, fil, aiguilles, bijoux en or, en argent, montres, couteaux etc...etc.

Au musée, chaque visiteur pouvait trouver son content dans ce "capharnaüm" bien organisé, si propre à susciter curiosité, surprise et émotions.

 

Je me souviens des fêtes que nous faisions chaque été où Bernard réunissait tous les gens du village et des alentours. Il faisait revivre les métiers d'autrefois : la fileuse à son rouet, la tisserande ( sa maman qui tissait sur le vieux métier), le forgeron, le joueur de piano mécanique nous régalant des airs d'antan, le sabotier et tant d'autres. Le cor des Alpes nous charmait de ses sonorités émouvantes tandis que nous partagions bugnes, beignets, soupe arabe et buvions cidre, rosé et gnôle du coin! Que de bons souvenirs!

 

Non seulement Bernard a fait œuvre de collectionneur, il a fait également œuvre de créateur à partir de vieux objets au rebut. Avec l'aide de Roger Chatelain, son ami bricoleur avisé, il les a assemblés avec art, leur redonnant ainsi une âme : un fer à cheval et voilà un chat avec une poignée de vieille marmite en guise de queue : quelle grâce! Une bêche, un anneau, et miracle, voilà une Vierge Marie!

Outre le fer à souder, Bernard a manié les pinceaux pour réaliser des tableaux tantôt figuratifs, tantôt abstraits, aux couleurs chaudes et lumineuses.

Ses peintures de paysages m'ont toujours fait rêver.

Dans ses tableaux, nous pouvons souvent voir des pommiers − sa sœur m'a confié un jour que ces arbres étaient chers à leur père, Bernard le faisait revivre ainsi.

Chaque année Bernard éditait un Cahier du musée, où il rédigeait avec talent et humour des Notes et anecdotes sur la vie quotidienne dans le Chablais d'autrefois, agrémentées de dessins très enlevés, il avait l'art de croquer à la plume. Il croquait tout aussi bien à coups de mots : avec des mots de tous les jours choisis avec sensibilité, il créait des poèmes-tableaux tout en délicatesse et en justesse, expression de son moi profond.

 

Bernard, ami musicien, plasticien, poète, chroniqueur, artiste à mille facettes et beau sourire, transmetteur de savoirs, tu nous as enchantés et tu nous enchanteras toujours.

 

Graziella Parenti*

 

 

* Allocution prononcée au cours de l'assemblée générale de l'association "Art et connaissance", le 14 décembre 2015, au château de Ripaille à Thonon-les-Bains. Membre de cette association créée par le poète, sculpteur et peintre Bernard Christin, Bernard Lacroix avait donné une conférence au château de Ripaille dont nous avons publié plusieurs extraits. (Voir ici)

 

 

 

 

 

jeudi, 24 décembre 2015

Minuit à Bethléem

Barocci, nativité,1597.jpg

Frederico Barocci, Nativité (1597)

 

 

 

 

Rappel :

Noël ou le mystère de l'Incarnation dans la poésie de Bernard Lacroix

Noël autrefois, en Chablais

Les yeux des tarines, conte de Noël

Pour Noël, la recette des rissoles chablaisiennes

 

 

*

 

 

Bernard Lacroix aimait Noël comme en témoignent les nombreux textes publiés sur ce blog, où nous retrouvons l'enchantement des Noëls d'autrefois et surtout la signification profonde de cette fête chrétienne. Il a vécu son dernier Noël, en décembre 2014, près de la crèche qu'il avait installée dans sa chambre, à la maison de retraite, que Claude Detraz évoque ici .

Nous sommes loin d'avoir publié tous les poèmes de Bernard sur le thème de Noël, il en reste pour les années à venir! Voici celui de 2015.

 

 

*

 

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on n'avait jamais vu

Une maman si jolie.

 

Minuit à Bethléem,

Personne n'y pensait

Au Vendredi, au calvaire,

Tout le monde disait

Qu'on ne verrait jamais

Si jolie maman pleurer.

 

 

Bernard Lacroix, Au vent mûrieux

 

 

Joyeux Noël à tous!

samedi, 05 décembre 2015

L'hiver

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Le givre.

Les choses deviennent enfin ce qu'elles sont. Sur ce subtil camaïeu, l'hiver pose le pur argent de son givre. C'est la touche du maître, le coup de pinceau final qui fait le chef-d'œuvre. L'hiver a du génie, qui l'eût cru?

 

 

La neige vient par petites touches, un peu de blanc par-ci, un peu de blanc par-là. On dirait qu'elle fait des manières : elle part, revient, tournicote... au gré des vents hésitants de novembre. La nature résignée s'abandonne. Il y a encore des feuilles tenaces, des petits cris furtifs ; des bruits intimidés s'éloignent, des ombres complices s'affairent... L'hiver, en vieux célibataire, veut vivre seul. Tout le monde l'a compris.

 

 

Bernard Lacroix, Mémoire des jours ( Éd. Bias, 1990)

 

 

 

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Photographies de Robert Taurines

lundi, 26 octobre 2015

Octobre,2

montagne automne,1.jpg

 

 

 

 

La montagne n'est plus ce qu'elle était.

Les feuilles sont en train de "tourner"

Disait ma grand-mère!

 

On devine déjà dans les taillis,

Ça et là,

Les métastases de l'Automne.

 

 

Bernard lacroix, L'herbier du temps

samedi, 24 octobre 2015

Octobre,1

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Bernard Lacroix, Automne en Chablais

Huile sur toile (46x54)

 

 

 

 

Revoilà ces heures indécises

Où il faut lire les choses au travers du temps.

Il faut laisser le jour à d'autres.

Ce n'est pas la nuit qui tombe

C'est la lumière qui s'en va!

 

 

Bernard Lacroix, Reflets oubliés

samedi, 17 octobre 2015

Automne

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 Automne, gouache de Bernard Lacroix

 

 

 

 

L'automne est venu.

Sous un ciel chaotique, le grand bateau blanc assure avec panache une des dernières croisières de la saison.

Le lac, indifférent, distille des reflets incohérents :

ainsi va la vie, les beaux jours ne laissent pas de traces, ou si peu.

 

Bernard Lacroix, Des paysages, des saisons, des jours, des heures... (2014)

jeudi, 10 septembre 2015

Corzent

Corzent plage du Léman

Anthy-sur-Léman, août 2015

(Photographie JN Bart)

 

 

 

 

Septembre est venu bien à son heure.

 

La plage abasourdie compte ses papiers gras.

 

Le lac sourit bêtement

Au cul pointu d'un cygne

Qui cherche sa tête dans les algues basses.

 

 

Bernard Lacroix, Redoux ( Éditions Le Carré, 1998)

vendredi, 28 août 2015

Altitude

 

imgLaVerte.JPG

L'Aiguille Verte

Photographie guides-ice-fall.blogspot.com

 

 

 

 

Á X..., mort en montagne

 

 

Je suis monté

Là où il n'y a plus de sentiers,

Là où les sapins sont bleus,

Plus haut!

Plus haut encore!

Á plus de quatre mille mètres.

Et là,

Je me suis senti si près de vous,

Mon Dieu,

Que j'en suis mort.

 

 

Bernard Lacroix, Au vent mûrieux

samedi, 15 août 2015

La poésie comme prière: sur un poème de Bernard Lacroix, par Emmanuel Fournigault

La poésie comme prière, emmanuel fournigault

Filippo Brunelleschi, Vierge à l'enfant dite Vierge de Fiesole, XVe siècle.

 

 

 

 

 

Pour la fête de l'Assomption, célébrée aujourd'hui par les chrétiens de France en union avec les chrétiens d'Orient persécutés, voici une très belle note d'un de nos fidèles lecteurs, Emmanuel Fournigault*, sur un poème de Bernard Lacroix, Prière pour un jour de fête des mèresà lire ici.

Merci à lui.

 

* Auteur du site Après l'histoire, dans nos sites amis.

jeudi, 06 août 2015

Caprice (1)

 

Enfant Jésus, sculpture souabe.jpg

Enfant Jésus, sculpture souabe, XVe siècle

 

 

 

 

Cette note a été annoncée dans :

Un carnet de Bernard Lacroix

 

 

Le petit Jésus ne veut pas manger sa soupe.

Sa maman lui dit :

"Si tu ne la manges pas,

Ton papa te donnera une gifle!"

 

"Lequel,

Demande le petit Jésus,

Celui d'en-haut ou celui d'en-bas?"

 

"Celui d'en-bas,

Répond la Sainte Mère,

Un bon qu'on tient vaut mieux que deux

Tu l'auras!"

 

Bernard Lacroix, Petites choses d'hiver

 

 

(1) Note de l'auteur : J'ai trouvé cette chose bizarre dans un de mes cahiers d'écolier...