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lundi, 12 novembre 2012

Impromptu

 

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Passant, ne t'attarde pas aux feux du soir,

Va ton chemin.

Les feux du soir brûlent les souvenirs.


Bernard Lacroix, le 11-11-2012, dit à Jean-Michel, au téléphone...

samedi, 03 novembre 2012

Eclair


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William Turner, Orage de neige



L'Éclair n'atteint que celui qui se tient debout.


Jean-Michel Lacroix.

jeudi, 25 octobre 2012

Automne

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Photographie  de Jean-Michel Lacroix

 

 

 

 

 

La brume se repaît des labours neufs.

 

     On ne sait plus rien ni du ciel, ni du lac.

     Un vol d'oiseaux attise les fumées basses:

     Leur instinct secret les attire d'un été à l'autre.

 

     Moi je reste

     Dans un monde de volets clos,

     De courants d'air

     Et d'arbres figés comme des tombes.

 

     Compagnons passants de la belle saison

     Je ne vous oublie pas.

     Vos profils

     Illuminent la majuscule de mes stances hivernales.

     Les feuilles tombent,

     Mais l'arbre de ma mémoire est en fleurs.

 

 

Bernard Lacroix, Reflets oubliés

dimanche, 21 octobre 2012

Pas d'Adieu

 

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G.D.Friedrich, Femme au soleil levant



For last year's words belong to last year's language

and next year's words await another voice.


On replie les blanches robes d'été,

et toi, tu descends sur le méridien,

doux Octobre, et sur les nids.


Le dernier chant tremble sur les terrasses

où l'ombre était soleil et ombre le soleil,

parmi les angoisses apaisées.


Tandis que tiède s'attarde la rose

déjà l'amère baie distille la saveur

des souriants adieux.


Cristina Campo, Le Tigre Absence, (Éditions Arfuyen, 1996) p. 5

mardi, 16 octobre 2012

Octobre à Nernier


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Ne me cherche pas sur le rivage

               Passé l'été, les galets n'ont plus rien à dire.


Je suis là,

Derrière le rideau cuivré de la brume,

Là où s'attardent les reflets oubliés,

Là où les cygnes,

Brebis du lac,

Paissent le regain bleu des risées.


Je suis ce souffle

Qui vient mourir sur ta bouche,

Je suis ce cri

Que les mouettes balancent

Á la barbe du ciel!


Bernard Lacroix, Reflets oubliés.

jeudi, 11 octobre 2012

Eté Indien

Dérive émotionnelle ?

Crise identitaire ?

 

L'hiver a envie d'exister

Mais son "moi intérieur" se rebelle.

 

Autrement dit:

Il a un passage à vide !

 

L'automne en profite !

 

Bernard Lacroix

mercredi, 10 octobre 2012

Redoux

D'ou vient ce chaud soleil

Ce vent à tournebouler les abeilles ?

 

Sur le chemin de l'hiver

Novembre s'offre des douceurs.

 

L'été est comme la vieille Marie:

Il a encore toute sa tête

 

Mais les jambes ne suivent pas !

 

Bernard Lacroix

samedi, 29 septembre 2012

Ombre et Lumière

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Photographie de Juan Asensio

 

 

"Les travailleurs ont besoin de poésie plus que de pain. Besoin que leur vie soit une poésie. Besoin d'une lumière d'éternité.

Seule la religion peut être la source de cette poésie.

Ce n'est pas la religion, c'est la révolution qui est l'opium du peuple.

La privation de cette poésie explique toutes les formes de démoralisation.

L'esclavage, c'est le travail sans lumière d'éternité, sans poésie, sans religion.

Que la lumière éternelle donne, non pas une raison de vivre et de travailler, mais une plénitude qui dispense de chercher cette raison.

Á défaut de cela, les seuls stimulants sont la contrainte et le gain. La contrainte, ce qui implique l'oppression du peuple. Le gain, ce qui implique la corruption du peuple."

 

 

Simone Weil, Mystique du travail in La pesanteur et la grâce, ( Éditions Plon, coll. Agora, 2007),pp. 274-275.

 

*

 

Á l'heure où les propagandes de tous bords tentent de nous obséder avec La Crise ( j'adore quand les medias nous expliquent que nous, français, sommes "démoralisés" par La Crise, cette grosse sorcière très laide encapuchonnée de sombres calculs, censée transformer en cauchemars les rêves de tout bon citoyen), propagandes complaisamment relayées, sur Internet, par une multitude d'individus plus ou moins connus qui dissertent à n'en plus finir sur des opinions faussement divergentes, il reste peut-être quelques Impardonnables, quelques insulaires de l'esprit, lisant, imperturbables, dans une rame de métro, les toilettes de leur entreprise, un couloir de leur lycée, un recoin de leur université, Job, Jérémie, Baudelaire ou quelque poète aussi discret que Bernard Lacroix. Ces poètes et leurs lecteurs témoignent de la "lumière d'éternité" dont parle Simone Weil, sans laquelle quiconque, le milliardaire ou le clochard, le cadre ou l'ouvrier, le campagnard ou le banlieusard, reste un esclave. Quelle sueur a dû ruisseler sur le front ridé de Bernard Arnault pour qu'il amasse un tel néant, puisque personne n'est capable d'évaluer réellement sa fortune! " Le maître est esclave de l'esclave en ce sens que l'esclave fabrique le maître" (1)

Je crains que ce pauvre Bernard Arnault, paraît-il esthète et grand collectionneur, n'ait jamais lu une seule de ces lignes fulgurantes qui lui révèleraient son néant en échange de cette plénitude dont le peuple de France est, lui aussi, privé. Il pourrait lire la poésie de Bernard Lacroix, par exemple, souvent aphoristique, qui retient les mots de sorte qu'ils ouvrent cet espace où l'on peut respirer comme au sommet de nos montagnes, espace de silence où les roseaux que nous sommes plient, attentifs, à l'écoute. Certains de ses poèmes se rapprochent de ceux de René Char, lui aussi enraciné dans son pays natal, à propos desquels Jean Beaufret a pu écrire: 

" L'aphorisme se retient de trop parler et, sans philosopher, donne d'autant plus à penser. Il délimite d'un trait l'espace respirable. Il est une reprise de souffle. Qui n'a pas le souffle coupé ne peut rien en apprendre" (2).

Penser sans philosopher, c'est écouter la parole, laisser le langage vibrer en soi, c'est résonner au lieu de raisonner. Le poème bref, aphoristique, coupe le souffle ; comme la flèche de l'archer, il vibre, pourvu que soit tendue la corde du cœur. Alors, on reprend souffle dans un autre espace, libre.

Discrets, secrets, retenant les mots, les poèmes de Bernard Lacroix paraîtront anodins à tout esprit qui ne sait pas faire silence, se dépouiller de sa science. Poésie matinale du paysan qui se lève à l'aurore et contemple le lever du jour derrière la crête des montagnes ou se recueille, au crépuscule. Poésie de l'étonnement premier, de l'émerveillement devant les choses. Poésie qu'on pénètre autrement que par la raison, dont chacun peut ressentir la justesse même s'il n'en comprend pas le sens. Poésie de l'humilité. Le poème requiert seulement la disponibilité du lecteur, une disponibilité identique à celle du poète. Dans une telle disponibilité, se manifeste l'envers des apparences et, de là, la possibilité d'un discours symbolique.

Ainsi, le poème L' Ombre renouvelle le symbolisme de la dualité ombre et lumière. L'une n'est pas sans l'autre, ici-bas. Il y a quelque chose de la mystique weilienne dans cette vision des contraires : le poème n'oppose pas l'ombre à la lumière mais les unit comme les deux versants d'une apparence.La dualité ne symbolise pas la vie et la mort car l'ombre n'existe que dans la plénitude terrestre. L'ombre n'est pas identifiée à la ténèbre, au chaos, à l'absence de sens, c'est une apparence que le poète célèbre parce qu'elle participe à la beauté, à l'unité du monde. La mort n'est ni le royaume de l'ombre ni celui de la lumière, mais le passage de l'une à la plénitude de l'autre, lumière d'éternité, puisque "Morts, nous devenons lumière dans la lumière".

Cette lumière d'éternité brille de toute son intensité dans cet autre poème, fulgurant. Laissons les mots de Bernard Lacroix vibrer en nous, âmes errantes pareilles aux papillons de nuit, écoutons sa prière, familère et peut-être malicieuse: " Seigneur, ne me brûle pas!".

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

Notes:

(1): Simone Weil, Mystique du travail, op. cit., p.272.

(2): Jean Beaufret, L'entretien sous le marronnier in Œuvres complètes de René Char ( Éditions Gallimard, coll. La Pléiade, 1988) p. 1141, méditation sur la rencontre entre René Char et le philosophe Martin Heidegger, en 1955.

 

 

dimanche, 16 septembre 2012

La Lumière

bernard lacroix, poésie, georges de la tour

Georges de La Tour, Madeleine à la veilleuse (détail)

 

 

Je voudrais mourir d'éblouissement

 

Comme ces papillons

Collés à la fenêtre au petit matin,

Tués par cette autre vie qu'ils ont tant cherchée.

 

Si tu me trouvais un beau jour

Foudroyé par ta lumière,

Seigneur,

Ne me brûle pas!

 

Bernard Lacroix, Reflets oubliés.

 

 

jeudi, 06 septembre 2012

L'Ombre

bernard lacroix, poésie, ombre et lumière, mort

Photographie JN Bart

 

Il n'y a pas d'ombre sans lumière,

 

Il n'y a pas de lumière sans ombre.

Celle de l'arbre disparaît avec lui.

Alors qui peut prétendre que la mort est son royaume?

 

Morts, nous devenons lumière dans la lumière

Et la lumière, elle, n'en a pas.

 

Bernard Lacroix, Reflets oubliés.