mardi, 01 juillet 2014
Les savoyards
Croquis de Bernard Lacroix
Travailleurs
Courageux
Forts
Endurants
Robustes
Sages
Pacifiques
Les savoyards ont en somme
Toutes les qualités des ânes...
...Sauf UNE :
La sobriété.
Bernard Lacroix, Poèmes et chansons
Post Scriptum de J.M.Lacroix :
Ceci peut également se concevoir au sens figuré,
le chablaisien (nord de la Hte-Savoie), étant
volontiers hâbleur.
18:13 Publié dans Les Impromptus de Bernard Lacroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
dimanche, 29 juin 2014
Fin de jour d'été
Soir d'été, Reyvroz, Juin 2014
(Photographie JN Bart)
Sur le couchant
Des feuillages immobiles
Imaginent le soir
Les bruits se lassent.
Le gravier crisse
Sous des pas incohérents :
Quelqu'un vient
Et s'en va à la fois...
Je n'attends personne.
Dans la maison
Il y aurait des choses à faire?
Le matin peut attendre.
La nuit qui vient
Mettra de l'ordre dans tout ça.
Je me sens bien assis.
Il faudrait que le piano joue seul
Mais avec mes doigts
Histoire de voir ce que ça donne :
Bach peut-être?
Mais à ce moment du jour
Plus sûrement Debussy.
Pendant ce temps
La porte indécise
Zappe le soleil.
Bernard Lacroix, Redoux ( Le Carré, 1998)
22:51 Publié dans Bernard Lacroix, musicien, L'œuvre poétique de Bernard Lacroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
jeudi, 15 mai 2014
La civilisation préromaine en Haute-Savoie
Il s'agit de donner un aperçu historique et ethnographique de la Haute-Savoie avant la romanisation, période souvent méconnue et pourtant essentielle à la compréhension de cette région. Notons aussi que l'évolution historique de cette contrée dépend pour beaucoup de sa géographie et de ses caractéristiques topographiques.
Avant les migrations celtes, le sud-est de la Gaule est occupé par une population homogène, les Ligures. D'origine ethnique et linguistique méditerranéenne comme les Ibères dans le Languedoc et en Catalogne et les Italiotes dans la plaine du Pô, les Ligures font partie d'une culture autochtone dérivée de la civilisation agricole et pastorale des temps néolithique, chalcolithique et de l'âge du bronze.
L'arrivée des Celtes, venus de l'est à partir du VIe siècle avant J.-C., ne correspond pas à une rupture brutale mais au contraire à une véritable entente entre ces deux cultures. D'après Strabon, les Celtes et les Ligures partagent le même mode de vie. En l'occurrence, ce sont les Celtes qui vivent comme les Ligures et non l'inverse, preuve de la permanence et de la force des traditions indigènes ( la grande masse de la population étant d'ailleurs constituée de Ligures). Après avoir cohabité, ces deux populations fusionnèrent pour constituer ce qu'il est convenu de nommer, à partir du IVe siècle avant J.-C., la civilisation celtoligure. L'influence des Celtes s'exprime principalement dans l'organisation militaire et le regroupement politique des tribus indigènes.
C'est la tribu celte des Allobroges, nation la plus puissante du sud-est de la Gaule qui s'installa dans l'actuelle Haute-Savoie, une partie de la Savoie et de l'Isère. Vienna est la capitale excentrée de leur territoire, débouché commercial naturel sur l'axe de la vallée du Rhône, mais on compte deux autres villes importantes, aux limites nord (Geneva) et sud (Cularo, Grenoble), correspondant elles aussi à des points de convergence de voies terrestres et fluviales.
TERRITOIRE DES ALLOBROGES
Restitution des limites du territoire des Allobroges superposée à la carte des régions naturelles (d'après M.Paillon)
Les Allobroges étaient surtout connus pour leurs qualités de guerriers, ils étaient aux yeux des romains un peuple rebelle par excellence. La guerre était pour eux une occupation et un métier traditionnels, à tel point que les autres tribus celtes les recrutaient comme mercenaires(gaesati). Ils firent donc partie de nombreuses expéditions militaires, notamment pour venir en aide à leurs cousins de la plaine du Pô, menaçant Rome à plusieurs reprises. Il est intéressant de noter que de tout temps, les régions montagneuses ( Kabylie, Suisse...) ont produit des mercenaires. La rudesse du pays (climat et relief) conjuguée au manque de terres arables facilite en effet cette forme d'exode et cette particularité était aussi vraie pour les Ligures des montagnes avant la venue des Celtes. En 274 avant J.-C., des mercenaires celtes, engagés par les Grecs, ont même fondé un royaume en Anatolie (Galates).
C'est en 154 avant J.-C. que commence l'invasion romaine. Les Massaliotes (Marseille) inquiétés par des tribus celto-ligures (Deciates et Oxubii) demandèrent à Rome de les secourir. Ce fut pour les Romains l'occasion d'étendre leur empire et de régler leurs comptes avec les Celtes qui les avaient si souvent inquiétés. Toutes les nations celtes du sud-est de la Gaule furent soumises une à une. En 121 avant J.-C., les Allobroges, plat de résistance, sont défaits lors de deux grandes batailles et perdent un nombre considérable de guerriers — Tite-Live parle de 120 000 hommes — et même si ce chiffre semble exagéré, il montre la violence des combats et la détermination des indigènes. En 61 avant J.-C., les Allobroges se révoltent une nouvelle fois sous la conduite de Catugnos mais sont de nouveau et définitivement soumis. Les Romains s'attacheront dès lors à transformer les Allobroges de guerriers en agriculteurs. Ils deviennent donc exportateurs de froment, de chanvre, de bois et de vin (vinum frigidum, vin de montagne, et vinum picatum,vin mélangé à de la poix).
La colonisation romaine ne modifiera pas le fond ethnique et culturel de la région d'autant plus que le petit nombre de colons romains qui s'installèrent étaient pour la plupart d'origine Italo-celte et donc cousins des celtoligures.
Il apparaît clairement qu'au-delà des siècles de civilisation romaine, le mode de vie celtoligure va perdurer au Moyen-Âge. Cette continuité est encore plus vive dans les régions de montagne, plus traditionalistes. On retrouve d'ailleurs la force de ce fond culturel commun de l'arc méditerranéen jusque dans les manifestations artistiques du haut Moyen-Âge. Il existe en effet une expression du "premier art roman" commune à la Suisse, la Lombardie, le Piémont, la Ligurie, la Provence, le Languedoc, la Catalogne et que l'on ne retrouve pas ailleurs.
François Ory-Lacroix, Les cahiers du musée n°9
Note de l'auteur: pour écrire ce texte, je me suis largement inspiré de l'ouvrage de Guy Barruol, Maître de recherche au CNRS, Les peuples préromains du sud-est de la Gaule (Éditions De Boccard).
23:14 Publié dans Histoire de la Savoie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : civilisation préromaine, allobroges, françois ory, guy barruol | Imprimer |
jeudi, 01 mai 2014
In memoriam. Jean Lacroix
Lundi dernier, 28 avril, les cloches de Fessy ont tiré la définie* pour notre ami Jean Lacroix. Il nous a quittés discrètement, réglant tous les détails de son départ avec l'élégance du voyageur qui rassure ses proches et son entourage avant de s'embarquer dans une longue aventure.
C'était un grand, un brillant esprit. Agrégé de mathématiques à 23 ans, il a été professeur aux États-Unis puis à l'université Paris VI de Jussieu où il enseignait en master 1 et 2. A la retraite, il était revenu vivre à Fessy, au pays natal. Il avait soixante-dix ans.
Á partir de 2010, quand Bernard est entré en maison de retraite, c'est son cousin Jean qui a gardé ses clés, lui apportait son courrier, s'occupait de ses papiers, l'emmenait régulièrement en promenade. Il avait le souci du rayonnement de l'œuvre de Bernard et participait à notre projet d'association. Nous devions nous retrouver à la fin du mois de juin prochain, à Fessy, pour trier et classer les inédits de Bernard en vue d'une publication de l'ensemble de son œuvre poétique.
Comme tous les grands esprits, Jean Lacroix était humble. Désormais, il est entré dans l'amour silencieux que chante Mozart dans son Requiem.
Élisabeth Bart-Mermin
* "Sonner le glas" se dit chez nous "tirer la définie" ( tira la definia en patois savoyard).
20:17 Publié dans In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean lacroix mathématicien, requiem de mozart | Imprimer |
lundi, 21 avril 2014
Les plantes communes à nos talus, champs et jardins
Photographie de J-N Bart
Cet inventaire odorant et savoureux mêle des termes de notre patois savoyard (qui appartient au francoprovençal ou arpitan) à des sabaudismes, mots ou tournures fréquemment employés par les savoyards encore aujourd'hui. Bernard Lacroix qui a réalisé plusieurs collectes linguistiques de ce type, ne parle pas lui-même le patois lequel a commencé de disparaître à la fin du XIXe siècle. Nous reviendrons dans d'autres articles sur notre langue régionale que Marc Bron, président des enseignants de savoyard ou Joël Baud-Grasset, conseiller général de la Haute-Savoie, défendent avec passion.
EBM
*
Marcoret : mercuriale
Riolle : liseron
Cinquième ( cinq lobes à la feuille) : potentille
Sagne-nô (agit sur le sang) : achillée mille feuilles
Chapelet ( qui a des bulbilles sur les racines) : chiendent
Grammont : grand chiendent
Frénale ( aux racines entrelacées) : podagraire
Ouigne-pé (qui tire les cheveux): bardane
Sévenot : ravenelle ou moutarde
Pia-peu : renoncule pied-de-poule
Peuble (épinard sauvage): chenopode ou anserine
Lapai : rumex
Quawe de rnô : amaranthe queue de renard
La quawe : prêle
Taconnet *: tussilage
Ràna-bu (ses épines découragent le bœuf qui voudrait la manger) : bugrane
Carquevalle ( elle fait un bruit de grelot quand on la fauche) : rinante-onomatopée
Patte d'ours : berce
Pelagra : sainfoin
Minette : luzerne lupuline
Triolet: trèfle
Le triolta : touffe de trèfle blanc
Fenasse : haute graminée
Bâche ou lichen (pour empailler les chaises) : carex
R'baye me vi (qui résiste à la faux) : finette
dans le grand herbier du temps!
Bernard Lacroix, Les cahiers du musée nº6
*
* Dans le patois de Saxel, le taconnet ( tussilage en français) se dit takunè.
Proverbe :
Sé k a de la tèra a takunè
an a tozhœ trè ;
sé k a de la tèra a pyapœ
n an jamé prœ
Celui qui a de la terre à tussilage
en a toujours trop ;
celui qui a de la terre à pied de poule
n'en a jamais assez.
Le patois de Saxel,J.Dupraz ( Éditions Les Belles-Lettres, 1969)
23:16 Publié dans Mémoire du Chablais, Patois savoyard et sabaudismes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : patois savoyard, plantes communes, marc bron, joël baud-grasset | Imprimer |
vendredi, 18 avril 2014
La cave
Tonneau à "chèvre". Photographie concise.free.fr
Dans la cave, on trouvait des fûts de toutes sortes et de toutes contenances, séparés de l'humidité du sol par des madriers de châtaigniers, bien alignés, les plus petits sur les plus grands : les bosses (de 600 à 3500 l et plus), les bossatons (de moindre contenance), les muids (1200 l environ), les demi-muids ( 600 l environ), les maconnaises (220 l).
Bichonné, dans un coin à part, trônait le tonneau à "chèvre" ou de "forcé", aux douves épaisses et aux cercles renforcés, puisqu'il était destiné à contenir un cidre maintenu en constante fermentation. Un peu plus loin les bonbonnes de goutte soigneusement empaillées.
Dans les caves chablaisiennes, à demi-enterrées et au sol de terre battue, il régnait en permanence une température de 7 à 9 º, ce qui en faisait le lieu idéal pour la conservation des légumes d'hiver, des conserves de toutes espèces, mais surtout des betteraves qu'on empilait avec soin le long des murs.
Bernard Lacroix, Les cahiers du musée nº6
17:09 Publié dans Mémoire du Chablais | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
mardi, 15 avril 2014
Brumes
Ne cherchez pas à savoir ce qu'il y a là derrière :
Peut-être des maisons blotties
Autour d'un clocher qui tressaille...
A coup sûr une montagne
Qui ne voit plus rien de la plaine et des hommes.
C'est à chacun son tour d'avoir peur!
Bernard Lacroix, L'herbier du temps
15:22 Publié dans L'œuvre poétique de Bernard Lacroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
samedi, 05 avril 2014
La partition préférée de Bernard Lacroix
Une interprétation au clavecin d'une partition que Bernard jouait au piano.
Depuis 2010, les mains de Bernard Lacroix n'ont plus touché un clavier. Récemment, il a dû vendre son piano.
Je crois pouvoir dire sans me tromper ni tromper mon oncle, que le Menuet 114 en Sol Majeur de Jean-Sébastien Bach était sa partition préférée. Je l'ai surpris si souvent en train de le jouer au piano, qu'il soit joyeux ou qu'il ait le blues, qu'il veuille décompresser ou exprimer la Paix!...
Jean-Michel Lacroix.
23:07 Publié dans Bernard Lacroix, musicien | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bernard lacroix pianiste, menuet en sol majeur de jean-sébastien bach | Imprimer |
jeudi, 03 avril 2014
Papillon de nuit
Papillon de nuit
Je cherche désespérément la lumière
Et puis, quand elle est là,
Trop fatigué pour la prendre,
Je m'endors.
Bernard Lacroix, L'herbier du temps
07:30 Publié dans L'œuvre poétique de Bernard Lacroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |
mardi, 01 avril 2014
Le papillon
Partagé entre le jour et la nuit,
Indécis, inconstant, instable...
Le papillon butine sa propre substance.
Hésitant sans cesse contre la mort et la vie :
Ainsi va de fleurs en fleurs
L'âme factice du papillon.
Bernard Lacroix, L'herbier du temps
13:13 Publié dans L'œuvre poétique de Bernard Lacroix | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer |