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mercredi, 26 mars 2014

Les sobriquets

 

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La ouêpa (guêpe) ou ... femme dangereuse!

 

 

 

 

Notre patois, lorsqu'il s'agit de désigner des personnes méchantes ou aux mœurs douteuses, leur donne le plus souvent des noms d'animaux domestiques, oiseaux, insectes... Les femmes sont les plus "gâtées", naturellement.

 

Poura vashe (pauvre vache) : femme de mauvaise vie.

Tievra (chèvre) : femme légère.

Tievra motte (chèvre sans cornes) : femme naïve.

Bérou (bélier) : homme naïf.

Botiou (bouc) : homme qui a la tête dure, simplet.

Belta (belette) : femme intrigante.

Sarpin (serpent) : femme qui a mauvaise langue.

Lmase (limace) : femme qui néglige son ménage.

Aragne (araignée) : femme négligée dans sa personne.

Pouet (cochon) : homme vulgaire dans son langage.

Fremi rushe (fourmi rouge): femme méchante.

Cocu (coucou) : sans commentaire.

Ouêpa (guêpe) : femme dangereuse.

Eterle ( chèvre qui ne prend pas le bouc) : femme stérile.

Mule : la même chose.

Seume (intraduisible) : femme qui a tous les défauts sus-mentionnés, tous les autres et pire que ça.

 

Bernard Lacroix, Les cahiers du musée n°4

 

vendredi, 21 mars 2014

Le Baroque Savoyard,4

Les-Contamines-Monjoie_-_église_de_la_Sainte-Trinité.jpg

Église de La Sainte Trinité, Les-Contamines-Montjoie (Haute-Savoie)

 

 

Le Baroque rural

 

 

Avec cette 4e note s'achève notre série consacrée au Baroque Savoyard.

Rappel:

Le Baroque Savoyard, poème de Bernard Lacroix.

Le Baroque Savoyard,2.

Le Baroque Savoyard,3. L'église des jésuites de Chambéry.

 

*

 

Le baroque savoyard rural ( églises, chapelles, oratoires) se trouve essentiellement en Savoie et dans les vallées du Mont-Blanc au sud-est de la Haute-Savoie. Pourquoi la vague baroque qui parcourt les villages de montagne aux XVIIe et XVIIIe siècles a-t-elle épargné l'Avant-Pays savoyard et les massifs préalpins, dont le Chablais? Bruno Berthier, historien du droit et des institutions, répond à cette question dans deux chapitres érudits et passionnants de Savoie Baroque (1).

L'exceptionnelle efflorescence du baroque dans les hautes vallées savoyardes résulte de multiples facteurs que l'historien rassemble sous deux axes. D'une part, l'axe géopolitique : le duché de Savoie a soutenu la Réforme catholique du concile de Trente pour affermir sa puissance et pour ce faire, il a favorisé l'expansion de l'art baroque, médiateur de la spiritualité tridentine. D'autre part, l'axe local : le système agro-pastoral prospère propre à ces hautes vallées avait instauré depuis le XIIe siècle une forme d'institutions communales en mesure de financer et de participer à la construction des édifices baroques.

Les États de Savoie ont failli disparaître à la Renaissance, au cours des guerres d'Italie. En 1538, François 1er annexe le duché de Savoie par le traité d'Aigues-Mortes. Le duc Emmanuel-Philibert, dit Tête de fer, le récupèrera en 1559, par le traité de Cateau-Cambrésis. Dès lors, il se tourne vers l'Italie pour asseoir ses possessions : Turin devient la capitale du duché au détriment de Chambéry. Il modernise la fiscalité, établit un État centralisateur fondé sur une monarchie de droit divin. Dans cette perspective, il combat la doctrine protestante, Genève la calviniste alliée aux Républiques helvétiques luthériennes de Berne et Fribourg, en rébellion contre la maison de Savoie. L'art baroque est donc encouragé, à la fois instrument et signe d'un catholicisme victorieux, support de la monarchie.

Toutefois, cette stratégie de la maison de Savoie ne suffit pas à expliquer pourquoi l'art baroque ne s'est épanoui que dans les hautes vallées. Celles-ci devaient leur prospérité à leurs institutions communales. Le patrimoine foncier appartenait à la communauté des villageois, les "communiers", qui ont su le faire fructifier grâce à un système agro-pastoral parfaitement adapté à la région et à son climat. Durant les longs hivers, beaucoup d'entre eux émigraient et devenus colporteurs, ramoneurs, cochers, rapportaient ensuite leurs gains à la communauté. Ainsi, souligne Bruno Berthier, l'épanouissement de l'art baroque est lié à cet "âge d'or" (XVIIe-XVIIIe) des communautés villageoises, mais il doit beaucoup aussi à leur foi : " La décoration des églises, financée, sans souci immédiat de contrepartie, à l'aide des mêmes revenus du système agro-pastoral alpin que ceux affectés aux institutions communautaires et par conséquent intéressées, [...] plaide clairement en faveur d'un geste gratuit de louange du principe divin que la vitalité communale traduit par le jaillissement des réalisations baroques." (2)

 

*

 

L'essor de l'art baroque en Savoie et Haute-Savoie commence dans la seconde moitié du XVIIe siècle, plusieurs décennies après le concile de Trente. A la demande des évêques, les églises rurales doivent se conformer aux directives tridentines. Souvent situées à l'écart, sur les hauteurs pour être vues de loin, simples dans leur aspect extérieur, elles ne se distinguent des maisons villageoises que par leur clocher à bulbe et leur façade principale, à l'ouest. 

 

 

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Église Saint-Nicolas-de-Véroce à saint Gervais (Haute-Savoie)

 

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Église Notre-Dame de l'Assomption à Cordon (Haute-Savoie)

 

 

Cette façade principale porte une valeur symbolique nouvelle. Comme nous l'avons vu avec l'église des jésuites de Chambéry, elle marque le seuil, le passage du profane au sacré. Elle est recouverte d'un enduit lisse blanchi à la chaux. Les façades des églises de la Sainte Trinité aux Contamines-Montjoie et Saint-Nicolas-de-Véroce à Saint Gervais présentent une architecture identique : deux colonnes, un fronton brisé, une niche centrale abritant leur saint, au-dessus une serlienne (fenêtre à trois baies ou "triplet"), un oculus. La façade de l'église de Cordon ne comporte pas de colonnes, elle est rythmée par trois niches abritant des saints surmontées d'une baie et d'un oculus. La charpente intérieure du toit de ces trois églises est décorée.Ces églises baroques rurales n'ont qu'une seule nef sans transept, le chœur comporte un chevet plat pour accueillir le retable de l'autel majeur.

Leur décor intérieur contraste avec leur simplicité extérieure.

Comme nous l'avons vu dans l'église des jésuites de Chambéry, un nouveau mobilier, conforme à l'orientation du concile de Trente, est mis en place: confessionnal, chaire, et surtout le retable au-dessus de l'autel majeur, écrin du tabernacle, point d'aboutissement de la perspective de la nef comme de la progression des fidèles vers le mystère de la Rédemption.

 

 

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Église de Hauteville-Gondon (Savoie) . Le retable du Rosaire, l'une des œuvres les plus baroques par le mouvement incessant des personnages. (Photographie Savoie Baroque)

 

Récemment restauré, le décor intérieur de Saint-Nicolas-de-Véroce, à Saint-Gervais, l'une des plus belles églises baroques du pays du Mont-Blanc, enchante par son éclat et sa beauté. Si le retable majeur avec ses trois niveaux, ses statues de saint Roch et saint Etienne, l'autel et son tableau dédié à saint François de Sales, ses autels latéraux ornés de colonnes torsadées relèvent du plus beau baroque, sa voûte de style néoclassique, exécutée par les frères Avondo, où domine le fameux "bleu de Saint-Nicolas", date du XIXe siècle.

 

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Voûte et chœur de l'église Saint-Nicolas -de- Véroce à Saint-Gervais (Haute-Savoie)

 

Selon Dominique Peyre, l'une des originalités de la Savoie est de conserver, à l'entrée du chœur de ses églises, au niveau de l'arc triomphal, une poutre de gloire figurant le calvaire : le Christ entre la Vierge et saint Jean, des anges recueillant le sang du rédempteur.

 

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Église de Villard-sur-Doron (Savoie) Détail de la poutre de gloire: des anges recueillent le sang du Christ dans des calices. (Photographie Savoie Baroque)

 

Par sa profusion, sa sensualité, le décor baroque des églises rurales savoyardes nous émerveille, comme le dit Bernard Lacroix dans son poème. Dans la fraicheur et le sourire d'innombrables saints et bienheureux, les fesses dodues des anges joufflus, les lèvres et les joues cramoisies des vierges, c'est une religion de la joie qui s'exprime.

 

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Église Saint-Nicolas de Combloux (Haute-Savoie). Ange.

 

Comme l'écrit l'historien Bernard Grosperrin, " l'art baroque savoyard est né et a prospéré dans ce contexte de Réforme catholique qui l'a profondément marqué. Il traduit l'intensité de la foi renouvelée de ceux qui le financèrent et des paysans qui participaient volontairement aux travaux, heureux de créer au milieu de leur village aux maisons humbles et souvent sordides ce bijou somptueux à la gloire de leur Dieu". (3)

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

Notes:

(1) Bruno Berthier, Les États de Savoie au temps d'Emmanuel-Philibert : des États baroques? et Le chantier paroissial à l'âge d'or des communautés villageoises in Savoie Baroque, op. cit., pp. 77-112.

(2) Ibid.,p.112.

(3)Ibid., p.76.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

vendredi, 07 mars 2014

Mise au point

 

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Sculpture de Bernard Lacroix, photographie galerie Fert.

 

 

 

 

 

Suite à l'assemblée constitutive de l'association Muséâm' qui a eu lieu à Fessy le 28 février dernier, à laquelle j'ai assisté, une mise au point s'impose. Je suis venue à cette assemblée parce que le groupe de travail, promoteur de cette association, nous avait laissé croire qu'elle aurait pour objectif le rayonnement de l'œuvre de Bernard Lacroix. Dans les faits, tels qu'ils sont apparus à cette assemblée, nous avons été trompés. Dès lors, en désaccord avec les objectifs de l'association Muséâm' et avec la manière dont s'est déroulée l'assemblée constitutive, la famille et les amis de Bernard Lacroix se sont définitivement désolidarisés de cette association. (1)

 

L'objectif: le rayonnement de l'œuvre de Bernard Lacroix.

 

Cette expression figure dans l'article 3 des statuts de l'association Muséâm' qui semble ignorer le sens du mot "rayonner" : répandre, diffuser comme une clarté. Notre objectif, comme nous l'avons expliqué ici, est de diffuser une œuvre unique en son genre, qui forme un tout. Faut-il redire que la collection ethnographique de Bernard Lacroix est indissociable de son œuvre artistique et littéraire du fait qu'elles puisent aux mêmes sources d'inspiration, l'ancien monde rural et ce qu'il en reste, la beauté de la nature, une vision du monde profondément chrétienne? Faut-il rappeler une fois encore, comme je l'ai fait ici, que Bernard a lui-même déclaré qu'il n'avait œuvré, pour réaliser sa collection ethnographique, "ni en esthète, ni en philanthrope, ni en historien, ni en collectionneur mais en artiste"? Faire rayonner cette œuvre c'est dévoiler ce qu'elle dit et qui n'a pas encore été perçu, y compris ce que dit sa collection ethnographique, c'est mettre en lumière sa cohérence, son harmonie, les liens subtils entre l'ancien monde représenté par la collection du musée et les poèmes, les chroniques, les peintures, les croquis, les sculptures. Dans cette perspective, la gestion du musée est essentielle mais ne doit pas évincer le reste de l'œuvre.

Ce n'est pas du tout la perspective de l'association Muséâm' telle qu'elle nous a été présentée le 28 février.

L'objectif déclaré de cette association est de faire du musée de Fessy un "centre culturel" qui aura pour vocation d'exposer les artistes locaux, de susciter la créativité des habitants de Fessy. La collection ethnographique devient dans le meilleur des cas un support, dans le pire des cas un prétexte à tout autre chose que son propre rayonnement.

De même, le nom de l'association, Muséâm', est révélateur. On nous a expliqué que ce nom, qui sonne comme une marque publicitaire, renvoyait au musée conçu comme "l'âme de Fessy". C'est là une conception étroite, réductrice, qui oublie que la collection, l'une des plus importantes collections ethnographiques de l'arc alpin, rassemble des objets venus de tout le Chablais et même du département. Concevoir le musée comme "l'âme de Fessy" revient à utiliser, détourner l'esprit dans lequel Bernard a œuvré. La collection ethnographique n'appartient pas au village mais au département, il nous paraît illégitime de l'utiliser pour valoriser l'image du village.

Nous avons demandé que le nom de l'association intègre le patronyme de Bernard, en vain. Ce refus est révélateur des visées de l'association Muséâm'. A plus ou moins long terme, l'œuvre, le nom de l'auteur seront oubliés. Certes il s'agit là d'un détail mais qui en dit long. Nous souhaitons que le nom de son fondateur ne soit pas oublié quand le musée sera remis en fonction : Musée paysan Bernard Lacroix, Musée ethnographique Bernard Lacroix ou Musée Bernard Lacroix, les propositions ne manquent pas...

 

Le déroulement de l'assemblée constitutive.

 

Nous contestons vivement la manière dont l'assemblée constitutive a été menée.

Les statuts de l'association élaborés par le groupe de travail ont été lus. Quelques personnes (dont moi-même) ont demandé la modification de l'article 6. Toute discussion, toute négociation ont été refusées sous l'unique prétexte qu' une discussion allait ruiner l' "énorme travail"(!) des bénévoles. On a ensuite distribué des fiches d'inscription à l'association. Il n'y a pas eu de vote de l'assemblée, ni pour l'adoption des statuts ni pour l'élection du Conseil d'Administration collégial. 

L'article que nous souhaitions discuter est le suivant:

Article 6 : Admission et radiation.

" Pour faire partie de l'association, il faut en faire la demande auprès d'un membre du bureau. La qualité de membre se perd par la démission, par le décès ou la non implication dans la réalisation des objectifs de l'association."

Plusieurs personnes ont demandé d'expliciter l'expression "non implication dans la réalisation des objectifs de l'association". La seule réponse que nous avons reçue, c'est que l'association veut un groupe de bénévoles actifs à disposition, donc habitant forcément Fessy. J'ai fait valoir qu'une association comporte toujours plusieurs cercles, un cercle rapproché de bénévoles actifs et un cercle plus large qui peut inclure des personnes éloignées, voire très éloignées de Fessy, lesquelles peuvent relayer les informations, parler autour d'elles du musée, mais aussi de l'œuvre artistique et poétique. Notre blog est lu par des personnes qui ont visité et aimé le musée de Fessy, les œuvres de Bernard exposées à la galerie Fert ou aux Granges de Servette, il est lu aussi par des personnes qui découvrent l'œuvre de Bernard. Tous ces lecteurs auraient pu soutenir l'association. L'adhésion de membres soutiens n'est pas incompatible avec un noyau central de membres actifs. En fait, exclure, d'emblée, des adhérents potentiels ne résidant pas dans le village ou ses environs, va de pair avec les objectifs réels de l'association : le village doit s'approprier le musée, tremplin de son image publicitaire.

 

Notre orientation, notre action.

 

Désormais, la famille et les amis de Bernard Lacroix œuvreront en toute indépendance de l'association Muséâm'.

Conformément au vœu de Bernard Lacroix, nous ferons tout pour que la collection ethnographique, propriété du département de la Haute-Savoie, reste dans son bâtiment d'origine, propriété de la commune de Fessy. Nous souhaitons que ce bâtiment soit rétrocédé au département de sorte que l'ensemble soit géré par le conseil général.

Si l'ancienne association Les Amis du musée de Fessy n'est plus active depuis de nombreuses années, elle n'a jamais été dissoute. Nous envisageons de la réactiver, selon les procédures légales. Rappelons qu'en 2011-2012, Jean-Michel Lacroix, neveu et filleul de Bernard, a demandé plusieurs fois à Mr Patrick Bellamy, maire de Fessy, de convoquer une assemblée pour réactiver cette association et que celui-ci ne lui a jamais répondu.

Enfin, nous continuerons de publier sur ce blog, fidèles à notre ligne éditoriale. Il reste beaucoup à faire pour que l'œuvre de Bernard rencontre son public au delà des frontières locales et régionales,afin qu'elle soit reconnue à sa juste valeur.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

(1) Précisons que les trois amis de Bernard Lacroix qui avaient participé à l'élaboration des statuts avec le groupe de travail ont démissionné.

 

 

mardi, 04 mars 2014

Conférence sur l'architecture des Visitandines

Laurent Lecomte, architecture des visitandines, ordre de la visitation, couvent de la visitation de thonon-les-bains

L'ancien couvent des Visitandines de Thonon-les-Bains

 

 

 

 

La Bibliothèque des Sciences Religieuses d'Annecy nous invite à la conférence:

Religieuses dans la cité, architecture des Visitandines, par Laurent Lecomte

le vendredi 28 mars 2014-17h30

Maison du Diocèse-La Puya , Annecy

 

Laurent Lecomte est Docteur en histoire de l'art de l'université Paris IV-Sorbonne. Il est spécialiste de l'architecture religieuse de la période moderne (XVe-XVIIIe siècle). Enseignant-chercheur depuis 2001, il est l'auteur de nombreux articles scientifiques ou de vulgarisation sur la question et coéditeur de La Place du chœur. Architecture et liturgie du Moyen-Âge aux Temps modernes ( Picard/Campisano editore, 2012).

Il est l'auteur du livre Religieuses dans la cité, architecture des visitandines, publié en 2013 aux éditions du Patrimoine, collection Patrimoines en perspective.

Une architecture par les femmes et pour les femmes.

Un sujet neuf qui vient combler une lacune historique majeure.

L'occasion de réévaluer un patrimoine architectural national encore bien présent dans le paysage de nos villes.

 

Plus de renseignements ICI et LÀ.

 

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Bernard Lacroix a été longtemps l'organiste du couvent de la Visitation de Thonon-les-Bains, auquel il reste très attaché. L'ordre de la Visitation, ou ordre des Visitandines a été fondé par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal au début du XVIIe siècle, en pleine Contre-Réforme. Le couvent de Thonon, troisième  monastère de cet ordre, était situé rue des Granges à Thonon. En 1968, les religieuses quittèrent l'ancien bâtiment, devenu Bibliothèque-médiathèque, pour s'installer à Marclaz dans l'actuel monastère, œuvre de l'architecte Maurice Novarina.

 

EBM.

jeudi, 30 janvier 2014

Le Baroque Savoyard,3

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Église des jésuites de Chambéry, le transept et le chœur.

La richesse du décor contraste avec la rigueur architecturale. (Photographie Savoie Baroque)

 

 

 

L'invention du Baroque en Savoie: l'église des Jésuites de Chambéry

 

 

Issu du portugais barroco qui signifie "perle irrégulière", le mot baroque a d'abord désigné ce qui est confus, bizarre. Si l'usage du mot apparaît en France en 1531, c'est bien plus tard qu'il désigne l'art qui s'est développé aux XVIIe et XVIIIe siècles, après des décennies de débats entre historiens, tant cet art riche et complexe semble échapper à toute définition. "Le Baroque au sens propre naît au XVIIe siècle à Rome, dans le milieu de la Contre-Réforme marqué par un fort ascendant hispanique. Issu de la Renaissance, il s'en écarte notablement. Le champ d'application de ce mot peut s'étendre de l'architecture aux autres arts: peinture, littérature, musique... On ne peut l'envisager qu'à travers un ensemble de caractéristiques : recherche de l'effet, déséquilibre, tension, mouvement, dynamisme, propension au colossal, inachèvement, contrastes, images d'extase ou de martyre, d'envol, de triomphe, pathétique, gesticulation... qui traduisent un état de la société, une vision du monde" écrit Dominique Peyre. (1)Cette vision du monde est celle d'une époque de changements profonds et d'angoisse où l'homme tente d'exprimer son nouveau rapport à l'univers et à Dieu.

Le Baroque est un art de synthèse qui dépasse les données conflictuelles de l'époque. Alors que l'art de la Renaissance, obéissant à des canons rigoureux dont l'unité de mesure était le corps humain, offre une vision de stabilité, le courant maniériste des années 1520-1590 rejette ces canons pour exprimer l'inquiétude, voire l'angoisse, dans un contexte de crise religieuse et de nouvelles interrogations suscitées notamment par la révolution copernicienne.Le Baroque assume et dépasse ces deux courants en prenant en compte les tensions qui traduisent la rupture avec l'ordre ancien ainsi que la nouvelle perception de l'homme . 

 

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L'église des Jésuites de Chambéry est la première église baroque édifiée en Savoie. Si elle appartient au Baroque des origines, à un Baroque urbain différent du Baroque rural apparu au milieu du XVIIe siècle, elle constitue cependant le modèle du Baroque Savoyard, magnifiquement étudié par Robert Soldo. (2)

Il aura fallu pas moins de 47 ans pour l'achever, de la première pierre posée en 1599 à sa consécration en 1646. L'ordre des Jésuites ou Compagnie de Jésus, fondée en 1540 par Ignace de Loyola, avait demandé au duc de Savoie Philibert-Emmanuel, en 1561, un collège à Chambéry. Le duc, qui voyait en ce projet un moyen de s'opposer au rayonnement des centres calvinistes de Genève, Lyon et du Dauphiné, donna bien évidemment son accord. Le collège est créé en 1564. L'église, bâtie sur les plans d'Etienne Martellange, frère jésuite et architecte, venait compléter le collège. Son plan est inspiré de l'église Santa Maria dei Monti, elle-même inspirée de l'église du Gesù à Rome, dont l'élégance discrète et la gravité majestueuse sont caractéristiques de la première période baroque ; à partir de 1630, la seconde période, illustrée par les œuvres de grands noms, tels Le Bernin, Borromini, Pierre de Cortone, insistera davantage sur le mouvement et l'émotion.

L'église a la forme d'une croix latine, disposition qui, depuis le premier âge du christianisme, a une portée symbolique : elle inscrit la Croix, emblème du christianisme, dans le sol même de l'édifice. La façade offre deux étages à ordres, couronnée par un fronton triangulaire. Elle est rythmée par des piliers toscans. Au second étage, deux fenêtres rectangulaires entourent une grande baie cintrée. Cette tripartition évoque l'architecture de l'arc de triomphe romain, pour magnifier la gloire de Dieu.Architecture triomphale, théâtrale, emblématique du premier Baroque, où le portail indique le passage du profane au sacré et "manifeste tout le symbolisme du Christ "porte" ( Jean,X,7) qui, par sa vie et son message, donne accès au Royaume de Dieu". (3)

 

 

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Façade principale. (Photographie Savoie Baroque)

 

Qu'une telle façade soit typique de l'architecture triomphante propre aux jésuites n'implique en rien, selon Robert Soldo, l'existence d'un "style jésuite" comme le prétendait Taine dans son Voyage en Italie. Les églises jésuites relèvent de tous les styles, la politique des Jésuites a toujours été de laisser à chaque province, à chaque pays où ils s'implantaient, la possibilité d'exprimer leur génie et leur art propres. En revanche, il y a un modo nostro ou modo proprio ( un "faire à sa façon") jésuite qui consiste à intervenir dans la fonctionnalité de l'édifice par rapport aux objectifs de l'enseignement, du culte et de l'apostolat.Ce modo proprio veillait, dans l'esprit du concile de Trente, à favoriser l'acoustique et la visibilité en tous points de vue de l'espace intérieur, et à mettre en évidence l'autel dans le chœur.

 

L'église des Jésuites de Chambéry synthétise plusieurs courants artistiques. Le Baroque des origines prédomine mais on y retrouve aussi des traces de la Renaissance et du maniérisme.

La coupole qui surplombe le chœur, par exemple, est une forme héritée de la Renaissance depuis que Brunelleschi  conçut, entre 1420 et 1434, la prodigieuse coupole de Santa Maria dei Fiori à Florence, elle-même inspirée par l'antiquité romaine et l'Orient chrétien. Depuis les origines de l'art, l'hémisphère de la coupole a toujours symbolisé le ciel. Ici, elle imprime un mouvement ascensionnel à l'ensemble de l'architecture et les six baies de son lanternon hexagonal apportent un flot de lumière, métaphore de la présence divine. Dans l'ornementation, la colombe, au sommet, symbolise l'Esprit Saint.

 

 

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La coupole. Au chœur de l'édifice, la plénitude d'une forme qui aspire vers le haut.

(Photographie Savoie Baroque)

 

 

Toutefois, le Baroque des origines est visible, comme l'écrit Robert Soldo, dans " une emphase persuasive qui se traduit par la théâtralité de la façade et par l'organisation de l'espace intérieur, et en particulier du chœur. Nous avons là un "art total" où architecture et décor concourent à l'annonce du message chrétien".(4) La théâtralité du chœur repose sur une structure éminemment baroque, la mise en abyme, "l'architecture dans l'architecture" : l'architecture du retable, avec ses six colonnes deux à deux et son fronton arqué, reproduit l'architecture triomphale de la façade. La richesse des marbres et des dorures fait du retable et du maître-autel, symbole du Christ, le pôle d'attraction du chœur et de tout l'édifice.Les balustrades en marbre noir qui délimitent le chœur et la scène liturgique, les quatre degrés — deux marches  pour accéder au chœur puis deux autres au niveau de l'autel —, la disposition du retable à la façon d'un décor scénique peint, représentant, entre autres, l'Annonciation et la Visitation, font du chœur le théâtre où se joue le drame sacré de la Rédemption entre Dieu et les hommes, lors de chaque liturgie eucharistique, comme le voulait la spiritualité tridentine.

 

 

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Le chœur avec son riche retable en marbre, cœur du dispositif tridentin.

(Photographie Savoie Baroque)

 

Enfin, plusieurs éléments du décor pictural portent la marque du premier Baroque, en particulier les anges qui virevoltent dans la coupole comme dans les cieux ouverts. La peinture réaliste du Christ-Roi, de Marie, de l'Adoration des Bergers, incarne, littéralement "donne chair", au monde spirituel invisible.

L'église des Jésuites de Chambéry, comme je l'ai dit, est la première église baroque en Savoie. C'est un baroque de l'origine, à l'état naissant. Le Baroque rural, les retables de nos vallées avec leurs colonnes torses, leurs angelots joufflus, leurs saints hauts en couleur si chers à Bernard Lacroix, gagneront en mouvement, en spontanéité, en sensualité.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

Notes:

(1) Dominique Peyre, L'invention du Baroque in Savoie Baroque, op. cit., pp. 49-50.

(2) Robert Soldo, L'église des Jésuites de Chambéry: la force du modèle in Savoie Baroque pp.155-177.

(3) Ibid., p.158.

(4) Ibid., p. 175.

 

( Á suivre...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

mercredi, 22 janvier 2014

Le Baroque Savoyard, 2

 

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Première de couverture, Savoie Baroque ( Éd. La Fontaine de Siloé, 1998)

 

 

 

 

Provocateur, impertinent et plein d'humour, le poème de Bernard Lacroix, Le Baroque Savoyard n'en saisit pas moins l'essentiel de ce grand courant artistique. Le génie de l'art baroque réside dans l'équilibre des contraires, l'harmonisation des contradictions. Né de la Contre-Réforme, elle-même issue du concile de Trente, dans la seconde moitié du XVIe siècle, cet art essentiellement religieux, même si on le retrouve du XVIe au XVIIIe siècle dans le monde profane, oppose à la nudité des temples protestants la profusion sensuelle évoquée dans le poème:

 

" Des saints ripolinés

Des saintes alanguies

 

Des vierges aux joues roses

Et aux lèvres cramoisies [...]

 

Des angelots si dodus

Qu'on a envie de leur mordre les fesses"

 

L'art baroque religieux ouvre une voie spirituelle qui passe, paradoxalement, par la jouissance des sens grâce à la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique. Au lieu de refouler la sensualité comme tend à le faire le puritanisme protestant ( d'où le puritanisme toujours vivace aux États-Unis), il la sublime, l'élève vers ce que Cristina Campo nomme les sens surnaturels (1). Au lieu de condamner la chair, il la glorifie notamment par l'anthropomorphisme : les démons et les anges prennent forme humaine de sorte que s'équilibre la balance entre les instincts, les pulsions pour le dire dans la langue "psy" contemporaine, et le grand désir de l'âme. 

 

" Le retable baroque

C'est le combustible de la foi

C'est le feu où l'âme se réchauffe en Dieu

C'est l'âtre du cœur!"

 

Cette métaphore finale traduit la profonde sensibilité du poète à la spiritualité du Baroque Savoyard, spiritualité qu'il ne retrouve pas dans "les églises nues et froides comme des garages à voitures" d'aujourd'hui.

 

*

 

Si l'art baroque s'est développé dans une grande partie de l'Europe du XVIe au XVIIIe siècle, il est relativement rare en France où prédomine, à la même époque, l'art dit "classique". Pourquoi s'est-il développé en Savoie et Haute-Savoie? Quelles sont les caractéristiques du Baroque Savoyard, quelle spiritualité exprime-t-il? Un magnifique ouvrage, sur lequel nous reviendrons, répond à ces questions : Savoie Baroque, sous la direction de Dominique Peyre. (cf. l'illustration ci-dessus)

 

On peut esquisser une première réponse, avec l'historien Roger Devos:

" Dans le grand conflit religieux du XVIe siècle, la Savoie occupait une position stratégique. Entre Genève, Lyon et les vallées vaudoises, elle semblait devoir être gagnée rapidement à la Réforme. Il n'en fut rien, et elle devint au contraire une des citadelles de la Contre-Réforme barrant la route de l'Italie à la foi nouvelle, un de ces points où, à la fin du XVIe siècle, se marque l'arrêt et commence le reflux du protestantisme jusque là triomphant."(2)

Le Baroque Savoyard est donc issu d'une renaissance du catholicisme alors que dans la même période historique, le gallicanisme de Louis XIV et le culte rendu au Roi-Soleil ont engendré l'art classique français.

C'est dire aussi que le Baroque Savoyard, nous le devons en grande partie à notre cher François de Sales.

 

Élisabeth Bart-Mermin

 

Notes:

(1) Cf. Cristina Campo, Sens surnaturels in Les Impardonnables ( Gallimard, coll. L'Arpenteur, 2002)

(2)Roger Devos, Un nouveau catholicisme in Histoire de la Savoie ( Privat, 1973) p. 260.

 

 

 

 

 

 

samedi, 18 janvier 2014

Les vœux de Bernard

 

 

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jeudi, 16 janvier 2014

Le tapolet

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Récemment, j'ai vu à la télévision un court reportage filmé dans un petit musée de Haute-Savoie où on apercevait brièvement des cartables d'école en bois, sur lesquels étaient cloués deux morceaux de courroie en guise de bretelles. On les appelait tapolets car le couvercle battait la cadence lorsqu'on courait pour arriver à l'heure après avoir perdu du temps aux mûres ou à la rivière. En hiver, ils servaient volontiers de luge.

 

Bernard me racontait que ceux du hameau des Ruppes ( du latin rupes, le rocher) , n'ayant pas le temps de rentrer à midi, y mettaient leur manger et leur mérande ( goûter de 4 heures). Le manger était posé sur le fourneau de la salle de classe. On pouvait voir, dans la gamelle de fer blanc, un merle victime du lance-pierres, tournant gentiment dans un bouillon improbable, épaissi d'un morceau de pain rond. Le pain rond (la miche) pour le différencier du pain long et de la couronne.

 

Jean-Michel Lacroix

lundi, 13 janvier 2014

Souvenirs d'enfance

jean-michel lacroix,souvenirs d'enfance

Photographie de JN Bart

 

 

 

 

 

Il y a un demi siècle de ça, Louisa me disait : " Il n'y a rien de plus propre que l'eau!" Elle répondait ainsi à ma question: " Pourquoi tu ne mets pas du savon, pour faire la vaisselle?"

Si Louisa savait combien l'eau propre se raréfie, de nos jours!... Ce qui ne nous empêche pas de l'utiliser en abondance pour "tirer la chasse".

Maintenant, on rit de la cabane au fond du jardin, et aussi de ceux d'entre nous qui réinventent les toilettes sèches.

 

Quand j'étais petit, je passais des heures dans la petite pièce qu'on avait coutume de nommer "le débarras". Là, je pouvais à loisir ouvrir des boîtes à chaussures qui contenaient des trésors. Une boîte remplie de boutons de toutes sortes, une boîte pour les ficelles, une pour les papiers d'emballage de Noël et les papiers de soie. Une étagère pour les journaux qui serviraient à allumer le feu, une pour les vieux habits qui aideraient à en ravauder de plus récents après une après-midi passée à la luge ou aux bois.

 

Chaque jour que Dieu faisait, et selon la saison, des légumes encore tout vivants arrivaient à notre table, transformés en bonne soupe le soir même. On gardait précieusement un rond d'orties pour faire la soupe meilleure.

 

Les poules étaient vénérées tant elles faisaient partie de la famille...Des poubelles? Je n'en ai jamais vu! On avait un compost au fond du jardin qui acceptait tout ce qui n'était pas passé par leur gamelle (les poules), ou celle des chats.

 

On achetait le pain au boulanger qui arrêtait sa 2CV fourgonnette chaque matin devant la maison . Un ou deux moutons, parmi ceux qui tondaient l'herbe au verger, sous les pommiers, poiriers, pruniers, cognassiers, mirabelliers, étaient sacrifiés pour servir notre table ou être échangés pour du bœuf. Le Chablais était, à l'époque, le plus beau pays du cassis et surtout de la framboise, qu'on portait à la pesée pour en tirer quelque revenu. Les pommiers, qui servaient d'ombrage aux vaches, fournissaient le jus de pomme pour les enfants et le cidre pour les hommes. Les pommes et poires "de garde" devenaient les réserves de minéraux, sucres et douceurs une fois transformées en tartes ou rissoles, cuisinées à base de poires Lou ou, à défaut, de poires curé.

   

En ce temps pas si lointain, les cloches sonnaient jour et nuit, accompagnant nos vies et réglant notre quotidien, sans toutefois nous réveiller.

Pour ceux d'entre nous qui n'avaient pas de vaches, la fruitière (fromagerie) du village était tout à la fois un lieu de rendez-vous quotidien ainsi que le lieu où on s'approvisionnait en fromage, lait, beurre. Ce beurre, aussitôt moulé dans la marque à beurre, à la fois pour le décorer et le mesurer à 250 grammes, était mis à refroidir dans la source de la fromagerie.

L'hiver arrivant, l'alambic était prétexte à un rassemblement mâle.

 

Quand j'étais petit, on donnait un foin différent chaque jour à nos vaches, afin d'éviter les carences, et ce qu'on appelait les prins ( en savoisien, petit), c'est-à-dire les graines du foin tombées dans la grange, étaient servis aux bêtes, mélangés à de la betterave râpée et du son, pour les rafraîchir et aider à la digestion ainsi qu'à la production de lait, et avant ça, à la gestation des mères (vaches, bien entendu).

 

Mon Dieu, il y aurait tant à dire!...

Le croirez-vous? Il m'est arrivé tant de fois d'aller prendre à la rivière, alors que j'avais huit-dix ans et plus, des truites farios nées dans ce cours d'eau! Tout ceci à la main, et en total respect de cette population. Ma rivière est maintenant devenue un égout dans lequel je ne voudrais pas plonger les mains de peur d'en tirer un rat...

 

Jean-Michel Lacroix

vendredi, 03 janvier 2014

Le Baroque Savoyard,1

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Vierge à l'enfant, église de Queige (Beaufortin)

 

 

 

En introduction à une série de notes à venir sur le Baroque Savoyard, ce poème de Bernard Lacroix.

 

 

 

 

Allez vous faire foutre

Avec votre Dieu "point gamma"

Vos curés qui militent à la CGT

Vos églises nues et froides comme des garages à voitures

Je veux pour mon éternité:

 

Des saints ripolinés

Des saintes alanguies

 

Des vierges aux joues roses

Et aux lèvres cramoisies

 

Des bienheureux "top model"

Des apôtres bien alignés

Qui mangent proprement à la Sainte Table

 

Des démons trop méchants pour être vrais

Des angelots si dodus

Qu'on a envie de leur mordre les fesses...

 

Je veux un ciel de la Contre-Réforme !

 

Le retable baroque

C'est le combustible de la Foi

C'est le feu où l'âme se réchauffe en Dieu

C'est l'âtre du cœur !

 

Bernard Lacroix (1998)